Refoulons - Définition

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Le Refoulons est une ligne de chemin de fer disparue à voie normale, située dans le Val-d'Oise. Elle reliait la gare d'Enghien-les-Bains à Montmorency.

Histoire

La gare de Montmorency au début des années 1900.
La gare de Montmorency au début des années 1900.
La gare de Montmorency vers 1910.
La gare (Une gare est d'ordinaire un lieu d'arrêt des trains. Une gare comprend diverses installations qui...) de Montmorency vers 1910.

Une ligne de chemin de fer (Le chemin de fer est un système de transport guidé servant au transport de personnes et...) à voie normale sur un parcours escarpé est créée en 1866 pour relier Enghien-les-Bains à Montmorency (Val-d'Oise). La ligne à voie unique d'environ 3km était la plus pentue de France sans crémaillère (rampe maximale de 46,3mm/m) et comportait trois gares et une halte :

  • la gare d'Enghien-les-Bains (embranchement sur la ligne Paris-Nord-Pontoise),
  • la gare terminale (cul de sac) de Montmorency
  • la gare de Soisy (1871)
  • la halte de "la Pointe-Raquet" (1895), quartier est de Soisy limitrophe d'Enghien.

Le train (Un train est un véhicule guidé circulant sur des rails. Un train est composé de...) composé de wagons poussés à la montée par une locomotive à vapeur (Les premières locomotives (au XIXe siècle) étaient propulsées par une machine à vapeur,...) est surnommé "le Refoulons (Le Refoulons est une ligne de chemin de fer disparue à voie normale, située dans le...) " et cessera le service le 30 juin 1954.

Pourquoi "Refoulons" ? Le jour (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la...) de l'inauguration, de nombreuses personnes s'étonnent de la composition du convoi ( Un convoi est un ensemble de véhicules terrestres ou maritimes, généralement non attelés,...), une locomotive (Une locomotive est un engin moteur, c'est-à-dire se déplaçant par ses propres moyens, utilisé...) placée à l'arrière du train et non à l'avant comme de coutume. Les mécaniciens expliquent : vu la pente à gravir, la machine est située à l'arrière par sécurité. Si les freins ou l'arrimage (L’arrimage, dans le domaine de l’astronautique, est la fixation d’une charge...) des voitures (Une automobile, ou voiture, est un véhicule terrestre se propulsant lui-même à l'aide d'un...) venaient à lâcher, la locomotive les refoulerait systématiquement. Dans le jargon, on dit que le train va "à refoulons". À refoulons ? Le nom du petit train était trouvé.

L'exploitation

La gare de Montmorency dans les années 1930.
La gare de Montmorency dans les années 1930.

La ligne avait une fréquence (En physique, la fréquence désigne en général la mesure du nombre de fois qu'un...) importante, puisqu'elle assurait 36 navettes en 1914 (de 5h30 à 1h du matin), nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) abaissé à 20 pendant la Première Guerre mondiale, puis porté à 30 (de 1936 à la Seconde ( Seconde est le féminin de l'adjectif second, qui vient immédiatement après le premier ou qui...) Guerre mondiale).

Le trajet était assuré en 8 à 9 minutes ( Forme première d'un document : Droit : une minute est l'original d'un acte. ...).

Avant 1914, quelques trains directs assuraient le service de la Gare du Nord (Le nord est un point cardinal, opposé au sud.) à Montmorency, sans arrêt à Enghien-les-Bains.

La traction des trains fut toujours assurée par des locomotives à vapeur () de la Compagnie du Nord.

Horaires de Mai 1914

Trafic de la ligne

La gare de Soisy en 1915.
La gare de Soisy en 1915.

Le trafic voyageurs constitue l'essentiel de l'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) de la ligne, destinée avant tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) à desservir Montmorency et développer son activité principale de l'époque : la villégiature.

  • La gare de Montmorency représente l'essentiel du nombre de voyageurs : 230 000 en 1866, 228 519 en 1867, 285 181 en 1888 et 333 279 en 1919.
  • La station de Soisy comptabilise 18 890 voyageurs en 1878 (7,31% du trafic) et 38 677 en 1919 (9,53% au maximum de fréquentation de la ligne).
  • La halte de la Pointe-Raquet ne représente qu'une part assez marginale du trafic voyageurs : de 3 680 en 1896 (1,32% du total) à 33.580 en 1919 (8,28%).

Le record absolu de fréquentation s'établira à la fin de la première guerre mondiale en 1919 : 405 536 voyageurs (dernier chiffre (Un chiffre est un symbole utilisé pour représenter les nombres.) fiable connu).

Le trafic marchandise (Une marchandise est un produit de l'activité humaine, direct ou indirect, essentiellement...) ne représente qu'une activité d'appoint et qui ne fera globalement que diminuer durant les 88 années d'existence de la ligne.

L'élément le plus visible est le seul embranchement particulier (Un embranchement particulier (ou Installation Terminale Embranchée, ITE) est une installation...) existant sur la ligne, desservant la carrière des Basserons (ou du " Trou-au-Loup ") à la limite de Montmorency et Soisy. Le tonnage transporté varie autour (Autour est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...) d'environ 20 000 tonnes/an. La plâtrière cessa ses activités dans les années 1930.

Déclin et disparition du Refoulons

La ligne était exploitée par une société privée, la compagnie EM (Enghien-Montmorency). Elle ne fut jamais, malgré les demandes, financée par des fonds publics. L'indépendance de la ligne, dont la compagnie était si fière deviendra le handicap (On nomme handicap la limitation des possibilités d'interaction d'un individu avec son...) majeur et finalement la principale cause de la disparition de la ligne.

Si la compagnie était excédentaire jusqu'en 1936, la situation (En géographie, la situation est un concept spatial permettant la localisation relative d'un...) évolue alors et l'entreprise accuse un sérieux déficit. L'entretien de la voie et du matériel devient de plus en plus restreint, les incidents en ligne de plus en plus nombreux. Accumulant les déficits, la compagnie fut mise sous séquestre en 1940, reconduit en 1945.

En 1947, l'évocation du déclassement pur et simple de la ligne soulève une vague (Une vague est un mouvement oscillatoire de la surface d'un océan, d'une mer ou d'un lac. Les...) de protestation de la part des usagers et communes traversées.

Néanmoins la fréquentation de la ligne ne cesse de diminuer (augmentation importante des tarifs, développement des transports individuels, incidents à répétition...), aucune solution n'est trouvée afin de compenser les importants déficits de la compagnie (refus catégorique de la SNCF (La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) est l'une des principales entreprises...), de l'État ou des collectivités locales), et, comme pour de nombreuses lignes secondaires à cette époque de généralisation (La généralisation est un procédé qui consiste à abstraire un ensemble de...) de la mobilité individuelle, la décision est finalement prise à tous les échelons de supprimer la ligne. Le trafic ferroviaire sera suspendu le 30 juin 1954 et remplacé par un service d'autobus (Un autobus (ou bus), comme un autocar (ou car), est un véhicule automobile pour le transport en...).

Salué au départ comme un exploit, le profil de la ligne deviendra un lourd handicap, demandant des machines lourdes et gourmandes en charbon et limitant les capacités (nombre de voitures remorquées). La mansuétude de la compagnie sur les abonnements et a contrario, les tarifs élevés des billets, les incidents incessants dûs au manque d'entretien, contribueront à une désaffection du petit train. Ironie de l'histoire, 50 ans plus tard, avec l'évolution des modes de transport (Le transport, du latin trans, au-delà, et portare, porter, est le fait de porter quelque chose, ou...) et les problèmes environnementaux causés par l'automobile (Une automobile, ou voiture, est un véhicule terrestre se propulsant lui-même à l'aide d'un...), le " Tortillard de Montmorency " reste dans les esprits et regretté par bon nombre d'anciens habitants. Il ne fait nul doute qu'avec un peu d'imagination et application de solutions trouvées ailleurs, le Refoulons vivrait encore.

Chronologie

  • 14.06.1846 : Inauguration de la ligne Paris (Paris est une ville française, capitale de la France et le chef-lieu de la région...) ("embarcadère du nord")-Frontière belge et de la station d'Enghien-les-Bains.
  • 09.04.1864 : Arrêté préfectoral autorisant l'enquête d'utilité publique du 13.04 au 2.05.1864 sur le projet (Un projet est un engagement irréversible de résultat incertain, non reproductible a...) Rey de Foresta.
  • 10.09.1864 : Signature du cahier des charges (Un cahier des charges est un document visant à définir exhaustivement les spécifications de base...) et décret impérial accordant la concession.
  • 30.06.1866 : Inauguration de la ligne Enghien-Montmorency.
  • 26.05.1867 : Le conseil municipal de Soisy émet le vœu d'une station sur son territoire (La notion de territoire a pris une importance croissante en géographie et notamment en...).
  • Août 1871 : Début des travaux de la station de Soisy.
  • 01.07.1882 : Ouverture du service de colis postaux.
  • 1883-1886 : reconstruction du bâtiment voyageurs de la station de Soisy.
  • été 1891 : mise en service de trois trains directs aller-retour Paris-Nord-Montmorency.
  • 1892 : Ouverture du point (Graphie) d'arrêt de la Pointe-Raquet.
  • 1895 : La Pointe-Raquet devient une halte : construction du bâtiment voyageurs.
  • 07.09.1913 : Installation d'une hotte fumivore en gare d'Enghien-les-Bains.
  • été 1921 : Suppression définitive des trains directs Paris-Montmorency.
  • 30.04.1954 : Décision ministérielle de suspension ( Le fait de suspendre des particules En chimie, la suspension désigne une dispersion de...) du service à compter du 1er juillet 1954.
  • 30.06.1954 : Le Refoulons effectue son dernier service (Montmorency-Enghien).
  • mars à mai 1956 : dépose de la voie ferrée (Une voie ferrée est un chemin de roulement pour les convois ferroviaires, constitué d'une ou...).
  • 04.07.1956 : Décret de déclassement.

Bibliographie

  • Michel Rival, Le Refoulons, Éditions du Valhermeil, 1989, 285 p.
  • Revue Notre Métier, hebdomadaire de la vie du rail (Un rail (ou lisse en québécois) est une barre d’acier profilée. Deux files...), N°274, 20 novembre 1950
  • Revue Connaissance du rail N°39 & 40, 1983
  • Henri Domengie & José Banaudo, Les petits trains de jadis Tome 4 : nord de la France, éditions du Cabri, 1995
  • Claude Wagner, Les petits trains et les tramways du Val-d'Oise, du XIXe siècle aux années 2000 - Éditions du Valhermeil - 1994
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