Le Refoulons est une ligne de chemin de fer disparue à voie normale, située dans le Val-d'Oise. Elle reliait la gare d'Enghien-les-Bains à Montmorency.
Une ligne de chemin de fer à voie normale sur un parcours escarpé est créée en 1866 pour relier Enghien-les-Bains à Montmorency (Val-d'Oise). La ligne à voie unique d'environ 3km était la plus pentue de France sans crémaillère (rampe maximale de 46,3mm/m) et comportait trois gares et une halte :
Le train composé de wagons poussés à la montée par une locomotive à vapeur est surnommé "le Refoulons " et cessera le service le 30 juin 1954.
Pourquoi "Refoulons" ? Le jour de l'inauguration, de nombreuses personnes s'étonnent de la composition du convoi, une locomotive placée à l'arrière du train et non à l'avant comme de coutume. Les mécaniciens expliquent : vu la pente à gravir, la machine est située à l'arrière par sécurité. Si les freins ou l'arrimage des voitures venaient à lâcher, la locomotive les refoulerait systématiquement. Dans le jargon, on dit que le train va "à refoulons". À refoulons ? Le nom du petit train était trouvé.
La ligne avait une fréquence importante, puisqu'elle assurait 36 navettes en 1914 (de 5h30 à 1h du matin), nombre abaissé à 20 pendant la Première Guerre mondiale, puis porté à 30 (de 1936 à la Seconde Guerre mondiale).
Le trajet était assuré en 8 à 9 minutes.
Avant 1914, quelques trains directs assuraient le service de la Gare du Nord à Montmorency, sans arrêt à Enghien-les-Bains.
La traction des trains fut toujours assurée par des locomotives à vapeur de la Compagnie du Nord.
Le trafic voyageurs constitue l'essentiel de l'activité de la ligne, destinée avant tout à desservir Montmorency et développer son activité principale de l'époque : la villégiature.
Le record absolu de fréquentation s'établira à la fin de la première guerre mondiale en 1919 : 405 536 voyageurs (dernier chiffre fiable connu).
Le trafic marchandise ne représente qu'une activité d'appoint et qui ne fera globalement que diminuer durant les 88 années d'existence de la ligne.
L'élément le plus visible est le seul embranchement particulier existant sur la ligne, desservant la carrière des Basserons (ou du " Trou-au-Loup ") à la limite de Montmorency et Soisy. Le tonnage transporté varie autour d'environ 20 000 tonnes/an. La plâtrière cessa ses activités dans les années 1930.
La ligne était exploitée par une société privée, la compagnie EM (Enghien-Montmorency). Elle ne fut jamais, malgré les demandes, financée par des fonds publics. L'indépendance de la ligne, dont la compagnie était si fière deviendra le handicap majeur et finalement la principale cause de la disparition de la ligne.
Si la compagnie était excédentaire jusqu'en 1936, la situation évolue alors et l'entreprise accuse un sérieux déficit. L'entretien de la voie et du matériel devient de plus en plus restreint, les incidents en ligne de plus en plus nombreux. Accumulant les déficits, la compagnie fut mise sous séquestre en 1940, reconduit en 1945.
En 1947, l'évocation du déclassement pur et simple de la ligne soulève une vague de protestation de la part des usagers et communes traversées.
Néanmoins la fréquentation de la ligne ne cesse de diminuer (augmentation importante des tarifs, développement des transports individuels, incidents à répétition...), aucune solution n'est trouvée afin de compenser les importants déficits de la compagnie (refus catégorique de la SNCF, de l'État ou des collectivités locales), et, comme pour de nombreuses lignes secondaires à cette époque de généralisation de la mobilité individuelle, la décision est finalement prise à tous les échelons de supprimer la ligne. Le trafic ferroviaire sera suspendu le 30 juin 1954 et remplacé par un service d'autobus.
Salué au départ comme un exploit, le profil de la ligne deviendra un lourd handicap, demandant des machines lourdes et gourmandes en charbon et limitant les capacités (nombre de voitures remorquées). La mansuétude de la compagnie sur les abonnements et a contrario, les tarifs élevés des billets, les incidents incessants dûs au manque d'entretien, contribueront à une désaffection du petit train. Ironie de l'histoire, 50 ans plus tard, avec l'évolution des modes de transport et les problèmes environnementaux causés par l'automobile, le " Tortillard de Montmorency " reste dans les esprits et regretté par bon nombre d'anciens habitants. Il ne fait nul doute qu'avec un peu d'imagination et application de solutions trouvées ailleurs, le Refoulons vivrait encore.