Pierre Rabhi (Kenadsa, Algérie 1938) est un agriculteur, homme politique, écrivain et penseur français d'origine algérienne , inventeur du concept "Oasis en tous lieux".
Il défend un mode de société plus respectueux des hommes et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et préservant les ressources naturelles, notamment dans les pays arides.
Il est né en 1938 à Kenadsa près de Béchar, une oasis dans le sud de l'Algérie dans une famille musulmane. Sa mère meurt alors qu'il est âgé de 4 ans.
Son père qui était forgeron, musicien et poète, fait la connaissance d'un couple de français, un ingénieur et une institutrice, venus travailler à la Compagnie des Houillères de son village natal colonisé. Comme ce couple ne peut avoir d'enfant et que le père du jeune Pierre se préoccupe de son avenir, il accepte que ce couple élève son fils à condition qu'il reste un bon musulman. Plus tard, ce père biologique sera contraint de fermer son atelier et de travailler à la mine, ce qui marqua la réflexion et la pensée de son fils.
Ainsi, Pierre Rabhi a partagé son enfance entre la France et l'Algérie, le monde catholique et le monde musulman, jusqu'à l'âge de 14 ans. À l'âge de 16 ans, il choisit de se convertir au Christianisme. Il réalise deux années d'études secondaires puis doit arrêter car sa famille ne peut plus l'assumer financièrement.
Lorsque la guerre d'Algérie éclate en 1958, il se trouve dans une situation de double exclusion, rejeté par son père pour s'être converti et par son père d'adoption qui l'avait mis à la porte suite à un conflit, juste au début de la guerre.
Il décide alors de partir s'installer en France à Paris.
Non diplômé, il trouve un poste d'ouvrier spécialisé. Dans l'entreprise où il travaille, il rencontre Michèle avec qui plus tard il se mariera.
Tout deux nourrissent le rêve de s'extraire de cette vie urbaine et pensent à l'agriculture. Il rencontre le docteur Pierre Richard, un médecin, écologiste et visionnaire qui s'occupait à l'époque de la création du Parc national des Cévennes, et qui les encourage dans leur démarche.
Ils décident alors de débarquer en Ardèche pour y rester définitivement en 1960. Décision très originale pour l'époque puisqu'elle précède largement le mouvement "néorural" de la fin des années 60.
En arrivant, ils se marient à Thines. Pierre Rabhi devient père et, n'ayant aucune connaissance agricole, s'inscrit dans une Maison familiale rurale et obtient un diplôme.
Il devient alors ouvrier agricole et réalise les besognes les plus difficiles. C'est à cette période qu'il comprend que l'agriculture industrielle intensive, suivant les mêmes modèles que ceux qu'il a fuis à Paris, ne respecte pas la terre ni ses idéaux.
Après trois ans comme ouvrier agricole, en 1963, il devient lui même paysan dans les Cévennes ardéchoises et se lance dans l'élevage caprin avec l'intention de ne pas reproduire les mêmes modèles de productivisme.
Ces débuts sont difficiles, mais les méthodes qu'il met au point feront école par la suite sous le nom d'agroécologie. Il crée ainsi une activité de formation dans sa ferme où il accueille et forme une quarantaine de stagiaires.
En 1978, il est chargé de formation à l'agro-écologie par le CEFRA (Centre d'études et de formation rurales appliquées).
À partir de 1981, il se rend au Burkina Faso en tant que " paysan sans frontière " à la demande du gouvernement de ce pays et avec le soutien du CRIAD (Centre de relations internationales entre agriculteurs pour le développement).
En 1985, il créé un centre de formation à l'agroécologie à Gorom-Gorom, avec l'appui de l'association Le Point-Mulhouse.
En 1988, il fonde le CIEPAD (Carrefour international d'échanges de pratiques appliquées au développement) avec l'appui du Conseil général de l'Hérault. Il met en place un " module optimisé d'installation agricole ", de programmes de sensibilisation et de formation, et le lancement de nombreuses actions de développement à l'étranger (Maroc, Palestine, Algérie, Tunisie, Sénégal, Togo, Bénin, Mauritanie, Pologne, Ukraine...)
En 1992, il lance le programme de réhabilitation de l'oasis de Chenini-Gabès en Tunisie.
Depuis 1994, il anime le mouvement " Oasis en tous lieux ", visant à promouvoir le retour à une terre nourricière et la reconstitution du lien social.
En 1997 et 1998, il intervient à la demande de l'ONU dans le cadre de l'élaboration de la Convention de lutte contre la désertification (CCD) et est appelé à formuler des propositions concrètes pour son application.
De 1999 à 2001, il lance de nouvelles actions de développement au Niger (région d'Agadez) et au Mali (région de Gao).
Lors de l'élection présidentielle francaise de 2002, des amis le persuadent de rentrer dans la campagne politique, son mouvement Terre et Humanisme imprime alors un "4 pages" qui est distribué aux maires de France pour obtenir les 500 voix nécessaires pour être candidat...ce qu'il n'a pas réussi à obtenir.
Il tourne régulièrement pour animer des conférences ou des ateliers sur les thèmes de la sobriété heureuse, la décroissance soutenable. Considéré comme artisan de l'altermondialisme, il fut invité lors du Forum social européen, et a intitulé un de ses exposés "donner une âme à la mondialisation". En mai 2006, il annonce sur son site les raisons pour lesquelles il ne sera pas candidat à la présidentielle en 2007. Dans le même élan, il crée un mouvement plus vaste : le mouvement international pour la terre et l'humanisme.