Abbaye de l'Épau | |
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Ordre | Cistercien |
Fondation | 1229 |
Diocèse | Le Mans |
Fondateur | Reine Bérangère |
Emplacement | Yvré-l'Évêque dans le département de la Sarthe |
Coordonnées | |
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L'Abbaye de l'Epau est une ancienne abbaye cistercienne fondée par la reine Bérangère en 1229. Elle est située aux portes de la ville du Mans, sur la rive gauche de l'Huisne, jouxtant la commune d'Yvré-l'Évêque. L'abbaye a failli disparaitre à de nombreuses reprises, tant par les guerres et les générations qu'elle a traversées, que par les problèmes financiers survenus à l'époque moderne. Elle est définitivement sauvée par le conseil général de la Sarthe en 1958.
Abbaye de l'Epau:
Horaires d'ouvertures: A partir de mars, de 9h à 12h et de 14h à 18h. Période d'hiver : De 10h à 12h et de 14h à 17h. Fermeture annuelle en Janvier-Février
On peut considérer l'abbaye de Perseigne élevée aux confins du Maine-Normand par le puissant Guillaume III de Bellême, comme la plus ancienne abbaye cistercienne du Maine. Elle fut bâtie en 1145, elle est aujourd'hui située sur la commune de Neufchâtel-en-Saosnois. Il n'en reste aujourd'hui qu'un pan de mur. Mais durant le deuxième millénaire, la ville du Mans voit s'élever plusieurs abbayes. C'est l'essor de la foi dans la ville: les abbayes Saint-Pierre et Saint-Paul, mais aussi l'abbaye Saint-Vincent et celle bien connue de La Couture. Le plus souvent, les abbayes étaient tout de même installées de manière privilégiées aux confins de la forêt. Bérengère de Navarre se retrouve en 1199. Son mari, Richard Coeur de Lion, né au Mans, est décédé de ses blessures d'un tir d'arbalète reçu au siège de Châlus en Haute-Vienne. La reine est écartée du pouvoir, usufruitière du comté du Maine elle vient s'installer dans la capitale plantagenêt en 1204. Selon la légende, elle se serait installée dans la fameuse maison de la reine Bérengère. Mais il n'en est rien car elle passera la totalité de son temps au palais des comtes du Maine. Il est communément rappelé que la reine trouva asile dans la ville, mais non le bonheur. Une partie des pouvoirs locaux, de mèche avec Aliénor d'Aquitaine ou Jean sans Terre, ne cessèrent de batailler contre elle afin de prendre possession de son douaire, légué par Philippe Auguste. Ce n'est qu'après 26 années d'exil dans la ville que la reine, à l'âge de 59 ans, décide de fonder une abbaye.
L'obligation régulière de Saint-Benoit veut que l'abbaye, si elle n'est pas installée au cœur d'une ville active, doive respecter l'ascétisme érémitique. La reine passe outre puisqu'elle choisit d'installer l'édifice entre forêt et ville, aux portes du Mans. La reine fit construire l'édifice pour son propre salut. L'histoire et la légende se sont rencontrées en laissant entendre que cette abbaye aurait été construite pour racheter l'existence dissolue de certains rois plantagenêts. Le 25 mars 1229, la reine ordonne la construction de Notre-Dame-de-l'Epau aux moines de Citeaux. Elle est par ailleurs une bienfaitrice avérée de cet ordre régulier. Le choix des moines y résidant n'a donc pas été fait au hasard. La reine est d'ailleurs une grande amie d'Adam de Perseigne, abbé du monastère du même nom et ancien confesseur de Richard Cœur de Lion. Le père de la reine, Sanche VI avait lui-même fondé en 1140 l'abbaye de la Oliva.
Le lieu est d'abord choisi car très tranquille au bord d'une Huisne poissonneuse. Louis IX cède le terrain de l'Espal à la reine mais ce sont les petits frères hospitaliers de Coëffort qui mèneront la vie dure à Bérengère. Ces derniers demanderont compensation financière à la reine, prétendant que le terrain leur a été cédé par Arthur de Bretagne, neveu de Bérengère.
Le plan de l'abbaye est classique, la construction respecte l'unité de toutes les fondations cisterciennes. la période de construction s'étend de 1230 à 1365. Le début de la construction fut assez rapide. Quatre ans après le début des travaux, l'évêque du Mans Geoffroy de Laval effectue la dédicace du bâtiment monastique en le mettant sous le patronage à la fois de Notre-Dame et de saint Jean-Baptiste. Les bâtiments principaux ne furent achevés qu'en 1280.
En mars 1365, en pleine guerre de Cent Ans, les Manceaux brûlent d'eux-mêmes l'édifice. Les moines ayant quitté l'abbaye, les habitants ont peur que les troupes ennemies ne prennent le bâtiment pour en faire un siège de garnison afin d'assaillir la ville. Ce sont les notables eux-mêmes qui révoltent le peuple afin qu'il agisse. L'église est la partie de l'abbaye ayant le plus souffert. Pourtant, dès l'année suivante, les bourgeois du Mans décident de reconstruire entièrement les parties endommagées. Ce ne sont pourtant pas ceux-là qui financent la rénovation. L'argent est rare dans la région et les donations concernent bien plus les ordres mendiants.
Tous les bâtiments abîmés sont rénovés entre 1400 et 1444. Le financement provient d'une nouvelle taille imposée aux Manceaux par Charles VI. L'un des principaux artisans de la renaissance de l'abbaye est Guillaume de Bonneville.
Au début de la révolution, l'édifice est transformé en gigantesque hangar agricole. Pourtant, l'abbaye est déjà classée "monument historique". Sa valeur patrimoniale fut déjà reconnue sous l'ancien régime, notamment grâce à son église abbatiale, sa sacristie et surtout son escalier du XVIIIème siècle.
Le 18 décembre 1925, un grand chambardement de restauration est lancé sur l'église par l'École des Beaux-Arts. La Seconde Guerre mondiale stoppe les travaux en 1938. Après la guerre, l'ensemble des élus Sarthois et Mayennais votent à l'unanimité le rachat et la restauration d'une abbaye ayant vécu pendant cinq siècles au rythme de la vie monastique. L'édifice est acquis en 1958 par le Conseil général de la Sarthe pour onze millions de francs anciens. Elle a fait l'objet d'une longue restauration dans un strict respect du style architectural du XIIIe siècle. On a notamment vu la participation et le contrôle des instituts des Beaux Arts du Mans et de Paris. En 1961, le bâtiment est classé aux monuments historiques. C'est alors que l'abbaye devient également un lieu d'accueil et de visites. Entre 1965 et 1990, l'abbaye devient un lieu propre aux manifestations culturelles, surtout pour les concerts de musique classique, les conférences ou les expositions. Le lieu est également l'endroit où siège l'assemblée départementale, tout particulièrement dans l'aile XVIIIe. La rénovation de cette dernière fut achevée en 1990. En 1991, on comptait au total une dépense de soixante millions de francs nouveaux pour l'ensemble des rénovations.