On a vu que l’érosion avait gommé toute trace du cratère et que les seuls témoins de l’événement étaient les roches perturbées par l’impact. Ces roches ont servi de matériau de construction pour les thermes de Chassenon ainsi que pour les habitations et monuments de la région.
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La carte postale de la carrière Lavergnat montrée en début d’article montre l’une des exploitations de matériau de construction à Chassenon. De nombreuses autres carrières étaient exploitées, dans lesquelles ont été prélevés la plupart des échantillons qui ont permis de démontrer l’origine de ces roches. Ces carrières sont maintenant toutes fermées. On peut citer les carrières de Chassenon, Champonger, Champagnac, Fontceverane, Babaudus…
La pierre est réputée pour la variété de ses couleurs et de sa texture, elle prend bien la lumière et possède des qualités de résistance à la température et au gel. Légère et riche en verre et en porosités, elle constitue aussi un très bon matériau calorifuge et se taille avec facilité. Au moyen âge, des cercueils et sarcophages étaient taillés avec cette roche, de préférence au granite, car sa légèreté facilitait leur transport sur de grandes distances. On a aussi remarqué lors des fouilles réalisées dans les anciens cimetières de Limoges que les corps placés dans les sarcophages en brèche avaient été bien conservés alors que ceux contenus dans les sarcophages en granite étaient réduits en poussière.
Les plus importants monuments réalisés avec des brèches d’impact sont à Rochechouart le château et l’église Saint Sauveur, l’église de Pressignac, et des tombeaux dans l’Abbaye Saint-Martial de Limoges
Selon P. Lambert en 1982, l’astroblème de Rochechouart-Chassenon a une forme atypique. Il remarque que :
On peut ajouter que :
Ces indices militent en faveur de l’impact de plusieurs blocs de natures et tailles diverses tombant les uns à côté des autres, les cratères des uns recouvrant ceux des autres. Les études de Gault et Schutz en 1983-1985 montrent qu’un impact simultané d’objets dispersés provoque un cratère bien plus aplani que l’impact de la même masse en un seul bloc.
De plus, l’observation et l’analyse récente des astéroïdes qui se trouvent dans la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter montre qu’effectivement la plupart des astéroïdes de plus de 400 à 500 mètres de diamètre sont constitués d’une agglomération de blocs de tailles et de natures variées, fruits des chocs entre eux depuis plus de 4,55 milliards d’années, âge du système solaire. Selon les travaux de Bottke et Durda en 2005, un astéroïde de la taille de celui de Rochechouart-Chassenon aurait subi une collision avec un astéroïde de 500 mètres ou plus tous les 200 millions d’années, soit au minimum une vingtaine de collisions depuis la formation du système solaire, ce qui renforce encore plus l’hypothèse d’une météorite hétérogène.
Après avoir daté l’impact de Rochechouart-Chassenon à 214 millions d’années, Spray, Kelley et Rowley ont remarqué que d’autres impacts avaient eu lieu à la même époque (aux intervalles d’erreur près) :
En reportant ces impacts sur une carte représentant le globe terrestre à cette époque, ils ont constaté qu’ils se trouvaient alignés sur la même paléolatitude de 22°8' dans l’hémisphère nord.
Ils pourraient avoir été formés en même temps par la chute d’un ensemble d’astéroïdes, dont les blocs seraient tombés les uns derrière les autres en formant une chaîne, ou une catena, un peu comme les fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter en juillet 1994.
En 2006, Carporzen et Gilder effectuent une comparaison de la localisation du pôle Nord géomagnétique au moment des impacts de Manicouagan et de Rochechouart. Aux intervalles d’erreur près, les deux pôles sont superposés, ce qui renforce l’hypothèse de la simultanéité de ces deux impacts.
D’autres cratères seraient peut être liés à cette catena :
Toutefois, l’incertitude sur la datation des trois derniers listés permet de douter de leur participation dans la catena.