Bacillus anthracis - Définition

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Le charbon chez l'homme

Écologie et pathogénie

Chez l'homme, la porte d'entrée la plus fréquente est constituée par de petites blessures cutanées : après 1 à 3 jours d'incubation apparaît une petite vésicule ("pustule maligne") qui s'entoure d'une zone œdématisée où peuvent apparaître des vésicules secondaires. Il n'y a guère de suppuration, mais les vésicules se transforment en escarres recouvertes d'une croute noirâtre. À ce stade, la maladie est parfaitement curable (mortalité inférieure à 1 % des cas traités) mais si elle n'est pas reconnue, la généralisation par voie lymphatique survient après quelques jours et la septicémie devient rapidement mortelle. La porte d'entrée digestive (consommation de viande d'un animal charbonneux) n'existe que dans les pays à hygiène déficiente. Il en va de même pour la pneumonie par inhalation (« woolsorter's disease »), heureusement rare.

Épidémiologie

Au point de vue épidémiologique, deux groupes professionnels sont exposés :

1. Les personnes en contact avec les animaux atteints : éleveurs et fermiers, vétérinaires, personnel d'abattoirs. La fréquence de ces cas diminue en fonction du succès de la lutte contre le charbon animal dans les pays à forte organisation sanitaire. Le charbon animal est devenu rare chez nous : quelques cas accidentels dus à l'incorporation de produits importés (viande séchée, poudre d'os) et mal stérilisés dans les aliments pour bétail.

2. Les personnes manipulant des produits d'origine animale souvent importés de pays où le charbon animal est encore répandu : peaux (tanneurs), laine et poils de chèvres et chameaux (tissages, fabriques de brosses), os concassés (fabriques de colle et de gélatine) et les dockers qui déchargent ces produits à l'importation. Après traitement industriel, les produits finis ne présentent plus de danger.

Propriétés bactériologiques

A. Morphologie.

  • Bacilles assez volumineux : 3 à 6 microns sur 1,0 à 1,5 microns.
  • Immobiles.
  • Entourés d'une capsule bien nette dans les produits pathologiques. Cette capsule n'est guère développée en culture sauf si celle-ci est faite sur milieux enrichis de liquides organiques et en atmosphère contenant 10 à 20 % de CO2. Cette capsule est de nature polypeptidique (polymère d'acide glutamique).
  • La spore est centrale et non déformante : on ne la trouve pas dans les produits pathologiques car la sporulation ne se fait pas in vivo : elle exige la présence d'oxygène libre et une température comprise entre 16 et 40 °C.

B. Culture.

  • Croissance aisée sur les milieux usuels.
  • Gélose : colonies grisâtres, de 4 à 5 mm, rugueuses (ce sont ici les souches avirulentes, sans capsules, qui donnent des colonies lisses), à bords festonnés ("tête de méduse").
  • Bouillon : reste clair, grumeaux qui sédimentent au fond du tube.
  • Gélatine : à partir de la piqûre centrale, filaments latéraux de plus en plus petits vers le fond du tube : "sapin renversé". Liquéfaction lente (3 - 4 jours).

C. Enzymes et toxines.

  • Le bacille du charbon ne secrète pas d'hémolysine.
  • On décrit 3 substances isolées de l'œdème d'animaux infectés, ne se retrouvant en culture que si le milieu est très riche :

Facteur I = EF : "Edema Factor".

Facteur II = PA : "Protective Antigen".

Facteur III = LF : "Lethal Factor".

Chacun de ces facteurs est immunogène mais leur action pathogène est complexe : chacun d'eux injecté pur n'est guère toxique alors que le mélange est létal.

D. Antigènes (Ag).

La capsule polypeptidique a les propriétés d'un haptène. Elle joue un rôle dans la pathogénie puisque les souches sans capsule sont avirulentes. Toutefois, la possession d'Ac anticapsulaires (induits par ex. en injectant des bacilles tués) ne confère pas de résistance à l'infection.

Méthodes de diagnostic

  • Examen microscopique de la sérosité de la pustule.
  • Culture de cette sérosité.
  • Hémoculture si menace de septicémie.

Immunité

La vaccination des animaux à l'aide de bacilles vivants atténués se pratique dans les régions où le charbon est encore abondant et cause d'importantes pertes économiques.

Prophylaxie

Les animaux morts doivent être manipulés avec précautions. Ils sont normalement enlevés par les camions du clos d'équarrissage où les carcasses sont stérilisées ou incinérées. À défaut, on prescrit l'enfouissement profond (2 m) entre deux couches de chaux vive.

Les ouvriers qui manipulent les produits dangereux doivent être munis de vêtements protecteurs (à stériliser après emploi) et avertis des précautions à prendre (lavage et désinfection des mains, etc...)

Les prescriptions légales au niveau des abattoirs nous préservent efficacement de toute mise en commerce de viande dangereuse.

Traitement

Le bacille du charbon est sensible à divers antibiotiques (pénicillines, macrolides, tétracyclines...). Sauf contre-indication, la pénicilline sera toujours le premier choix.

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