Château de Druyes | ||
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Période ou style | Moyen Âge (Architecture philippienne) | |
Type | Château fort | |
Début construction | fin du XIIe siècle | |
Propriétaire initial | comte de Nevers | |
Destination initiale | Ouvrage militaire, siège d'une seigneurie. | |
Destination actuelle | propriété privée, ouverte à la visite | |
Protection | Monument historique | |
Site Internet | chateau-de-druyes.com | |
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Latitude Longitude | ||
Pays | France | |
Région | Bourgogne | |
Département | Yonne | |
Commune française | Druyes-les-Belles-Fontaines | |
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Le château de Druyes est un château-fort médiéval situé à Druyes-les-Belles-Fontaines dans l'Yonne, en Bourgogne.
Construit au XIIe siècle par les comtes de Nevers, il demeure leur propriété jusqu'au XVIIIe siècle. Palais princier autant que forteresse, il est au XIIIe siècle l'une des résidences habituelles de Pierre II de Courtenay, empereur de Constantinople, puis de sa fille Mathilde, comtesse de Nevers, Auxerre et Tonnerre.
Il est ensuite délaissé par les comtes de Nevers, et n'abrite plus qu'un capitaine et une garnison. À partir du XVIIe siècle, ayant perdu tout intérêt militaire, il n'est plus occupé et tombe lentement en ruine. Il échappe à la démolition sous la Révolution mais il faut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que les habitants de Druyes et les pouvoirs publics se préoccupent de son sort et le sauvent de la ruine.
Druyes fait partie de la première génération des châteaux philippiens ou châteaux-cours, construits à l'époque du roi Philippe-Auguste avec un plan simple, des tours circulaires qui permettaient d'offrir une meilleure défense à moindre coût.
Il est construit sur un plan carré de 52 mètres de côté. Les angles sont défendus par quatre tours rondes. Trois des quatre courtines possèdent une tour carrée. La tour nord, la plus haute, est une porte d'entrée fortifiée. Un grand logis, aujourd'hui disparu, s'appuyait sur la courtine sud, percée d'ouvertures romanes en plein cintre.
S'il n'existe pas de vestige de l'époque romaine, on sait qu'une voie romaine menant de Clamecy à Thury passait par là.
Vers 543, un monastère est créé, un village se développe et Druyes est citée comme une paroisse d'Auxerre en 596, sous le nom de « Drogia ».
Cette implantation se situait probablement près des sources, une zone difficile à défendre et qui est abandonnée lors des invasions normandes du IXe siècle. C'est à cette époque que la population aurait pu trouver refuge sur le plateau rocheux qui domine la rivière. Le nouveau village n'est sans doute alors protégé que par une modeste palissade, dont il ne reste pas de trace.
Le comté d'Auxerre, auquel est rattaché Druyes, entre au début du Xe siècle dans les possessions de Richard le Justicier, comte d'Autun puis duc de Bourgogne. A sa mort, le vaste territoire qu'il avait réuni se disloque et sa partie nord - auxerrois et sénonais - passe en 954 entre les mains de Hugues le Grand, duc des Francs, puis de ses fils Otton et Henri, ducs de Bourgogne.
Le duc Henri meurt en 1002 et les prétendants, son beau-fils Otte-Guillaume et son neveu le roi de France Robert le Pieux, se déchirent dans une guerre de succession pour le contrôle de la Bourgogne. Le roi Robert l'emporte mais Landry, comte de Nevers, profite de la période de trouble pour asseoir son autorité sur une partie de l'auxerrois, en particulier Saint-Sauveur et Druyes.
À partir de 1032, le comté de Nevers et celui d'Auxerre sont réunis entre les mains de Renaud, fils de Landry. Au sein de cet ensemble qui va perdurer pendant les siècles suivants, Druyes occupe une place singulière puisqu'il appartient en bien propre au comte de Nevers et ne dépend pas de l'évêque d'Auxerre, dont le pouvoir féodal s'étend sur le reste de l'auxerrois.
Ce n'est qu'à la fin du XIIe siècle que le château de Druyes apparaît dans les textes. Il est alors l'une des résidences habituelle de Pierre II de Courtenay, cousin du roi Philippe II Auguste et comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre par son mariage en 1184 avec Agnès de Nevers.
En 1199, le comte doit faire face à la révolte d'un vassal, Hervé seigneur de Donzy. Il est battu et fait prisonnier. Pour recouvrer la liberté, il doit donner sa fille Mathilde en mariage à Hervé de Donzy et lui céder le comté de Nevers. Ses comtés d'Auxerre et de Tonnerre, qu'il ne conserve qu'à titre viager, doivent revenir à sa mort à Hervé. Certains fiefs auxerrois, dont Druyes, sont alors rattachés aux possessions nivernaises du seigneur de Donzy.
En 1216, c'est à Druyes, chez son gendre, que le comte Pierre reçoit une délégation de barons venus lui proposer la couronne de l'empire latin de Constantinople. Couronné à Rome le 9 avril 1217, il part à la tête de cinq mille homme afin de défendre son empire. Il tombe cependant dans une embuscade tendue par des Grecs dans les montagnes d'Albanie et n'atteindra jamais Constantinople : il meurt en prison au cours de l'hiver 1218-1219.
En application de l'accord passé, Mathilde de Courtenay, comtesse de Nevers, hérite des comtés d'Auxerre et de Tonnerre. Très populaire en raison de ses libéralités, la comtesse vient régulièrement séjourner au château de Druyes. C'est là qu'elle remet le 15 août 1223 une charte d'affranchissement aux députés envoyés par Auxerre. Cette charte, qui accorde des libertés et franchises aux habitants d'Auxerre et marque la naissance de leur commune, confirme celle octroyée par le comte Pierre de Courtenay en 1188.
En 1255, elle reçoit à Druyes l'hommage de l'évêque d'Autun, et en 1257, elle confirme les biens de l'abbaye de Reigny. A sa mort en 1257, c'est son arrière petite-fille Mathilde de Bourbon qui lui succède comme comtesse de Nevers, Auxerre et Tonnerre.
Elle meurt cinq ans plus tard, en 1262, et son mari Eudes de Bourgogne partage les trois comtés entre ses filles Yolande, Marguerite et Alix. Parti en croisade, il est tué lors du siège d'Acre en 1266. Mais sa succession s'avère difficile à trancher entre ses filles. En effet, s'opposant au choix de son père, Yolande se prévaut du droit d'ainesse et réclame les trois comtés. Mais un arrêt du parlement confirme le partage. Yolande hérite donc seulement du comté de Nevers, auquel sont rattachés certains fiefs auxerrois, dont Druyes, comme cela avait déjà été le cas en 1199.
Après la mort de Yolande, le comté de Nevers passe à ses descendants et héritiers, les comtes de Flandre. Mais dès lors, Druyes perd son statut de résidence princière. Son château n'abrite plus qu'un capitaine et une garnison chargés de la défense, et l'entretien en pâtit fortement. Mais son rôle militaire reste important et il est probable qu'il est affecté par les ravages de la guerre de Cent Ans, telles les villes voisines d'Auxerre, de Pontigny, de Cravant, de Vermenton et de Donzy.
En 1369, Marguerite de Flandre, fille et héritière du comte de Flandre Louis de Male, épouse Philippe le Hardi, fils du roi de France et duc de Bourgogne. A la mort de son père en 1384, elle devient - entre autres titres - comtesse de Nevers. Après plusieurs siècles de séparation, le duché de Bourgogne et le comté de Nevers sont réunis dans l'État bourguignon.
La nouvelle comtesse de Nevers fait établir un état de ses châteaux nivernais. Les conclusions sont désastreuses, en particulier pour Druyes, et des travaux importants sont engagés. Entre 1378 et 1384, le château fait l'objet de réparations et ses défenses sont renforcées. La bannière du duc de Bourgogne flotte désormais sur la tour du Sault.
Mais un siècle plus tard, en 1477, la mort du duc Charles le Téméraire marque l'éclatement et la fin de l'État bourguignon. Le comté de Nevers est alors entre les mains de Jean de Bourgogne, cousin du duc Philippe le Bon. À sa mort en 1491, son petit fils Engilbert de Clèves lui succède.
Au long du XVIe siècle, les Clèves-Nevers, branche cadette de la maison de La Marck, se succèdent à la tête des comtés de Nevers et de Rethel. En 1564, Henriette de Clèves devient comtesse de Nevers et de Rethel, après les décès de ses frères. L'année suivante, elle épouse Louis de Gonzague, duc de Mantoue en Italie.
À la mort de la comtesse en 1601, le comté de Nevers passe à son fils Charles de Gonzague. En 1616, celui-ci rejoint la rébellion contre la régente Catherine de Médicis, puis il en prend la tête après l'arrestation du prince de Condé, conduit à la Bastille. En représailles, la régente envoie ses troupes en Puisaye et s'empare de plusieurs villes.
En 1631, son petit-fils Charles II de Mantoue lui succède. Prince plus italien que français, toujours confronté à des problèmes financiers, il vend successivement ses domaines français au cardinal Mazarin : le duché de Mayenne en 1654, les comtés de Rethel et de Nevers en 1659.
Mazarin fait ériger le comté de Nevers en duché-pairie et l'offre à son neveu Philippe Mancini, qui porte désormais le titre de duc de Nivernais.
Le troisième et dernier duc de Nivernais, son petit-fils Louis-Jules Mancini-Mazarini, vend la châtellenie de Druyes à Louis de Damas, marquis d'Anlezy, en 1738.
Les Damas ne sont pas alors des nouveaux-venus dans la région puisqu'en 1559, Paul de Damas, vassal du comte de Nevers, fut nommé par son suzerain châtelain-juge et reçut le titre de vicomte de Druyes. Tandis que le vieux château de Druyes restait la propriété des comtes, les Damas faisaient construire à proximité un château moderne, à la fin du XVIe siècle ou au XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle, les Damas sont officiers dans les armées royales. Au siècle suivant, ils reçoivent le titre de marquis d'Anlezy. Le dernier marquis, François de Damas, dépense sans compter pour aménager le château moderne, le parc et les jardins. Il meurt couvert de dettes.
Les neveux et héritiers sont considérés comme émigrés en 1792, et tous les biens sont mis en vente pour payer les dettes. En 1795, n'ayant pas trouvé d'acquéreur, les châteaux sont vendus en lots pour la démolition. Le château des comtes de Nevers est ainsi décrit :
« Ancien château entouré de murs et tours, se composant d'une vieille chapelle servant ci-devant de pressoir, grandes écuries à chevaux, une prison, plusieurs remises,grande cave, grenier dessus et cour devant, ensemble et enclos remplis de roches, compris les matériaux de tous les bâtiments, les arbres complantés dans l'étendue de l'enclos, la tour où est l'horloge, y compris le-dit horloge. »
Le château moderne est alors entièrement démoli, tandis que son voisin échappe à ce triste sort, peut-être en raison de la hauteur des murailles et de la difficulté à les démolir ou en raison de la faible rentabilité de la démolition.
Il devient la propriété de la famille Tissier d'Entrains, puis est vendu à M. Girard-Claudion en 1965, et à M. Chastrusse en 1972.
Si le château de Druyes a échappé à la destruction, il a néanmoins souffert de trois siècles d'abandon et de vandalisme. À partir de 1958, la population du village se mobilise pour attirer l'attention et sauver le château de la ruine. Des bénévoles commencent à débroussailler et à déblayer les gravats accumulés. Entre 1960 et 1971, le Foyer Rural de Druyes organise des reconstitutions historiques qui font revivre les grandes heures du château des comtes de Nevers devant de nombreux spectateurs.
À partir de 1967, les propriétaires entreprennent des travaux de sauvetage et de restauration, en coopération avec l'architecte en chef des monuments historiques. Grâce à l'association des Amis du château de Druyes, le château est ouvert à la visite depuis 1981 et accueille des manifestations culturelles.
Le 20 août 2008, le château de Druyes est la destination d'une des épreuves du jeu télévisé La Carte au trésor, pour des candidats à la recherche du fief de Pierre de Courtenay.