La cité idéale est critiquée dès l'antiquité par Aristophane. Dans Les Oiseaux, il imagine la construction d'une ville idéale dans les airs, Néphéloccocygia. Différents charlatans se présentent, notamment un géomètre, Meton, venu toiser l'air et le partager en rues : J'applique une règle droite, de manière à ce que tu aies un cercle tétragone ; au centre est l'Agora, les rues qui y conduisent sont droites et convergentes au centre, ainsi que d'un astre, qui est rond de sa nature, partent des rayons droits qui brillent dans tous les sens. Jonathan Swift fera de même dans son roman, Les voyages de Gulliver (Laputa), qui montre les architectes commencer la construction des maisons par le toit. Dans Martin Chuzzlewit, Charles Dickens montre comment l'exploitation du rêve utopiste par des charlatans peut conduire à la perte des rêveurs naïfs. La cité soi-disant idéale d' Eden, implantée dans une zone marécageuse, infestée de malaria, se révèle vite un véritable enfer, et c'est au contact de cet enfer que le héros va développer d'admirables qualités d'entraide et de dévouement qu'une cité véritablement idéale n'aurait peut-être pas engendrées.
Dans Les Cinq Cents Millions de la Bégum (1879), Jules Verne oppose deux projets de ville idéale, France-Ville et Stahlstadt. Cette dernière est le prototype de la ville industrielle construite autour d'un gisement minier, répondant à une logique de profit qui fait peu de cas de la vie des hommes. Il s'agit en fait d'une dystopie, analogue à la Coketown décrite par Dickens en 1849 dans son roman industriel Hard Times, roman dans lequel il s'attaque de façon virulente à l'utilitarisme de Jeremy Bentham.
Les types de cité idéale contemporaine varient : d'un côté des projets pharaoniques de nouveaux-riches, stigmatisés par leurs opposants, de l'autre des utopies aux revendications d'égalité et de justice sociale. Un exemple des premiers pourrait être le développement de Dubaï, qui réinjecte la manne pétrolière dans un urbanisme qui est à la fois un défi aux conditions climatiques difficiles du désert et à l'architecture de l'ère industrielle. Dubaï, encensée par Rem Koolhaas, est présentée par Mike Davis comme le « fruit de la rencontre improbable d'Albert Speer et de Walt Disney sur les rives d'Arabie. » Les nouvelles utopies, d'une grande hardiesse technologique, sont souvent inspirées par le désir d'anticiper les changements climatiques tout en pratiquant une architecture vertueuse, soucieuse des hommes et de l'environnement, rationnelle et esthétique à la fois. L'urbanisme aquatique ("aquaURBanism" en anglais), comme ces Nymphéas présentées par Vincent Callebaut, projet d'une « écopole flottante multiculturelle dont le métabolisme serait en symbiose parfaite avec les cycles de la nature », anticipe le réchauffement climatique et la montée des eaux. Atlantis et Utopia n'en ont pas fini de se réinventer.
À l'heure actuelle, le débat fait rage à l'intérieur même du camp de l'urbanisme durable entre partisans (comme Jacques Ferrier et ses tours Hypergreen) et opposants de l'urbanisation verticale. Le documentaire Last Call for Planet Earth - architects for a better world (2007-2008), du réalisateur Jacques Allard, tente de résumer les enjeux de la ville idéale du futur.