Convulsionnaires - Définition

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Les convulsionnaires et la Révolution française

Dans les années qui précèdent la Révolution française, les discours prophétisant des troubles se font de plus en plus présents. Le pouvoir royal et la hiérarchie catholique anti-janséniste sont voués aux plus terribles sorts. Le Parlement n'est pas épargné, lui qui s'est détourné depuis plusieurs décennies des convulsionnaires :

« Vers 1783. Écoutez vous tous, Gentilité, vous premièrement prêtres, qui devez conduire le peuple dans le chemin de la Vérité et l'en détournez. Aussi Dieu vous rejette et va vous charger de malédictions ; et va répandre votre sang en vous écrasant ; il va vous frapper de mort au pied même des autels que vous avez profanés et profanez tous les jours par vos sacrilèges et les sacrilèges que vous faites faire. […] Écoutez vous Rois, Princes et Grands […] Malheur à vous, Dieu va vous chatier, il va vous rejetter. Et vous Magistrats, qui supportez l'injustice, et qui tuez les innocents ; […] Aussi vos Palais que vous remplissez du sang de la Veuve et de l'Orphelin seront remplis du vôtre, vous serez méprisés, vous allez être rejettés de Dieu. […] Grand Dieu vous êtes méprisé, mais le temps de votre colère est venu. »

Face aux débuts de la Révolution, les groupes convulsionnaires ont des attitudes variées. Certains ne perçoivent pas immédiatement l'ampleur des bouleversements et appellent encore de leurs vœux, à la fin de l'année 1789, les jours de colère divine : « Le grand fléau n'est pas encore arrivé mais il s'achemine peu à peu et bientôt nous le verrons dans son étendue ». D'autres, dès le tout début des événements, considèrent que les prophéties sont accomplies : « Quand il n'y aurait pas autre chose, il y en aurait assez pour vérifier les annonces de l'Œuvre », déclare ainsi un dominicain au groupe lyonnais dans une lettre du 25 juillet 1789.

Les réactions face aux changements politiques et religieux sont diverses selon les groupes. Certains, comme les Fareinistes suivant les curés Bonjour dans leur paroisse des Dombes, adhèrent pleinement à la Révolution. Ils prêchent le patriotisme, certains prêtres participent à des assemblées populaires et des clubs révolutionnaires. À Saint-Jean-Bonnefonds, le curé convulsionnaire Drevet est décrit comme parlant librement de la Révolution et félicitant les enfants qui chantent la Carmagnole.

Un événement conforte ces convulsionnaires républicains dans l'idée que les temps attendus sont proches : le 18 août 1792, à Paris, naît le « prophète Élie ». François Bonjour, prêtre convulsionnaire et crucificateur, en est le père charnel. La proximité de cette naissance avec la journée du 10 août 1792 est relevée et vue comme l'annonce de temps nouveaux. L'enfant ayant, selon les adeptes, crié du 26 août au 2 septembre, il a annoncé les massacres de Septembre par lesquels Dieu châtie les prêtres antijansénistes. Pour les convulsionnaires révolutionnaires, le jeune Élie qui vient de naître est donc l'élément précurseur de la conversion des juifs et du retour du Christ. Pour les rapports de police, d'ailleurs, « le but de cette secte est de rétablir le judaïsme avec des modifications et d'en faire une Religion de tous les peuples ».

Jean-Pierre Chantin note que dans les intérieurs des familles convulsionnaires de conviction révolutionnaire, on trouve encore, au milieu du XIXe siècle, des portraits de Robespierre, Marat ou Danton.

D'autres groupes, notamment à Lyon, sont farouchement opposés aux événements révolutionnaires. Ils y voient le châtiment divin, eux aussi, mais sans adhérer aux évolutions du temps. Rejetant la constitution civile du clergé, ils y voient « le plus noir attentat qu'on ait jamais commis contre l'Église et la religion ». Alors que leurs principales visionnaires disparaissent juste avant la Révolution, ils reprennent les anciennes prophéties et les relisent à la lumière des nouveaux événements. La Révolution est ainsi vue comme un temps de déchaînement de la colère divine, nécessaire pour l'accomplissement des desseins de Dieu. La France doit être éprouvée de plus en plus, jusqu'à la consommation du « Mystère d'Iniquité ». Alors, les temps de conversion des juifs et le renouvellement de l'Église pourront se faire. Les fidèles de la « Vérité » justifient leur sort : « Dieu (les) éprouve et (les) afflige pour les purifier et les rendre dignes de Lui ».

Les visions des nouvelles prophétesses sont apocalyptiques :

« Paris, malheureuse ville, je te rendrai déserte ; tes habitans vont te quitter, tes prêtres te maudire […] Les Nègres, les Sauvages vont entrer en France : ils détruiront tout et tout sera renversé jusqu'au culte extérieur. La sœur parle de nouvelles écoles pour l'erreur, d'un nouveau catéchisme, d'une nouvelle doctrine, de mauvais traitemens à ceux qui s'opposeront à ces maîtres du mensonge. Il y aura à Rome un concile par dépit, et qui ne produira que des désastres. »

Un troisième groupe adhère dans un premier temps à la Révolution, notamment dans le Forez. Tous les curés convulsionnaires de cette région signent dans un premier temps la constitution civile du clergé. Ils souhaitent participer à ce qu'ils appellent la « régénération de l'Église ». Mais, au vu des événements, certains se rétractent, notamment en 1794. Environ un tiers des curés convulsionnaires d'une grande région lyonnaise, menés par François Jacquemont, curé de Saint-Médard-en-Forez, oscillent ainsi entre une acceptation des modalités ecclésiales de la constitution civile du clergé et le refus de la vague déchristianisatrice.

Les groupes parisiens ou d'autres régions sont très mal connus pour la période révolutionnaire. On sait cependant qu'en lien avec les fareinistes, un groupe parisien, fort d'une centaine de personnes et regroupé autour de François Bonjour et de son fils Élie, s'engage dans la Révolution. L'abbé Fialin, un prêtre convulsionnaire, est ainsi secrétaire de la section hébertiste de Paris.

Ces divisions face à la Révolution ne s'apaisent pas avec la fin de celle-ci, et les dissensions sont également marquées au sujet du Concordat de 1801.

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