Convulsionnaires - Définition

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Les communautés convulsionnaires en province

Le mouvement convulsionnaire est au départ essentiellement parisien. En province, les miracles sont connus avec retard, et les événements qui se passent à Paris sont d'abord vus dans une conception plus traditionnelle du miracle. Alors que les groupes parisiens s'enferment dans la plus sévère clandestinité, à partir des années 1770 des groupes se forment en province, et notamment à Lyon et dans sa région.

L'exemple lyonnais

Le mouvement lyonnais, particulièrement étudié par Jean-Pierre Chantin, est né directement en relation avec le mouvement parisien. Les Lyonnais sont en contact étroit et de subordination au père Michel Pinel et à la sœur Angélique Babet.

On considère souvent le diocèse de Lyon dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle comme un refuge pour les jansénistes au même titre que ceux d'Auxerre ou de Troyes. En effet ces diocèses sont dirigés par des évêques sinon jansénisants, au moins peu hostiles à la cause des appelants. Ainsi monseigneur Malvin de Montazet, archevêque de Lyon de 1758 à 1788, est-il d'une extrême indulgence envers les ecclésiastiques jansénisants.

L'étude des groupes convulsionnaires lyonnais montre une certaine différence avec Paris, dans le recrutement et l'organisation. Le recrutement se fait également dans la petite et moyenne bourgeoisie, mais on trouve davantage de membres de la noblesse. Ces membres du second ordre sont généralement de noblesse récente, ou d'origine extérieure à Lyon. On ne trouve pas chez les convulsionnaires la haute société lyonnaise. La grande majorité des convulsionnaires lyonnais provient du peuple et est recrutée dans l'entourage des familles plus aisées.

Les réunions se font chez des particuliers aisés. Les membres sont recrutés d'abord individuellement, puis ils font entrer dans l'Œuvre leur famille et leur maisonnée, contrairement aux Parisiens qui ont un engagement plus individuel. Les laïcs se fédèrent autour d'un « Père de l'Œuvre », religieux qui assure la liaison avec Paris, notamment pour le courrier. Les sept Pères de Lyon se rendent régulièrement à Paris pour apporter aux prophétesses, notamment la sœur Angélique Babet, le courrier des provinciaux. Les affinités entre prêtres et laïcs convulsionnaires se font souvent sur la base d'une éducation dans les collèges jansénisants de la région (chez les Oratoriens de la Trinité notamment), mais également au collège oratorien de Juilly ou, par exemple, les frères Desfours de la Genetière (principaux chefs lyonnais du mouvement) ont fait connaissance pendant leurs études d'Antoine de Bournissac, futur tête du mouvement convulsionnaire provençal.

Fareins et les Bonjouristes

Dans les années 1770, le mouvement convulsionnaire se répand également dans le monde rural. Toute une génération de prêtres formés dans les séminaires lyonnais adhère à l'Œuvre, sans doute influencés par des hommes comme l'abbé Darles, curé de Saint-Georges-en-Couzan, au nord-est de Saint-Étienne, qui est identifié comme convulsionnaire dès la fin des années 1760.

C'est le cas notamment du groupe des frères Claude et François Bonjour. Ces deux prêtres ont été formés dans les séminaires jansénisants de Lyon, avant de recevoir des charges dans des paroisses rurales autour de Lyon. Claude Bonjour est d'abord professeur de théologie au collège Saint-Charles de Lyon (de 1768 à 1771), puis il est curé de Saint-Just-les-Velay. Il se fait chasser de cette paroisse en 1774. Il arrive alors au nord de Lyon, à Fareins-en-Dombes, où il est rejoint par son frère François, puis par un vicaire, l'abbé Jean Baptiste Farlay, qui est également membre de l'Œuvre. Dans ce village, le curé Bonjour distingue une dizaine de fidèles pour leur connaissance avancée des « mystères de l'Œuvre ». Ils se réunissent fréquemment, disent des offices, et se livrent aux convulsions et aux prophéties. Des réunions sans secours permettent de faire circuler les informations concernant les autres groupes convulsionnaires sur le territoire français. En effet, le groupe des fareinistes est clairement situé dans le mouvement pinéliste. Jean-Pierre Chantin note l'originalité de ces réunions de formation et d'information, apparemment absentes des habitudes parisiennes originelles.

Le groupe de Fareins est surtout connu par les scandales imputés à François Bonjour. Il est accusé par des paroissiens récalcitrants devant les convulsions de s'enfermer seul avec des jeunes filles, causant « gémissements, coups sourds et marmottages ». La majorité des membres de ce groupe ne reçoivent pas de grands secours. Les séances sont principalement des « conversations avec les anges », des visions et des percements de pieds à l'aide de petits couteaux. Les grands secours semblent réservés à la sœur Angélique Babet, bras droit parisien de Michel Pinel, mais elle meurt en 1786. Dès l'année suivante, en 1787, François Bonjour crucifie Étiennette Thomasson, une des prophétesses du village dans l'église paroissiale, devant plusieurs témoins. Il fait une large publicité de cette action, ce qui lui vaut une lettre de cachet l'envoyant en détention dans le monastère bourguignon de Tanlay. Son frère et le vicaire Farlay sont sommés de quitter le village. François Bonjour profitera de la Révolution française pour revenir à Fareins.

Le jansénisme dans le Forez

François Jacquemont, curé janséniste de Saint-Médard-en-Forez

Le mouvement convulsionnaire janséniste s'implante massivement dans le Forez, également à partir des années 1770. Les prêtres qui font entrer leurs paroissiens dans le mouvement sont, comme ailleurs, issus des séminaires et collèges lyonnais marqués par le jansénisme. La figure la plus marquante du mouvement est l'abbé François Jacquemont, mais il y a également d'autres groupes, comme celui de Saint-Jean-Bonnefonds, davantage proche des Bonjouristes de Fareins.

François Jacquemont est un des prêtres les plus en vue du mouvement. Il est modérément convulsionnaire, mais clairement figuriste. Dans sa paroisse de Saint-Médard-en-Forez, il pratique un augustinisme strict et correspond avec les jansénistes lyonnais, mais sans aller jusqu'aux séances convulsionnaires avec grands secours. Autour de sa paroisse, il crée des réunions d'« Amis de la Vérité », où se rencontrent les fidèles qui vénèrent le diacre Pâris. Il semble que la présence de visionnaires dans ces séances ne soit pas rare.

À Saint-Étienne, ce sont davantage des laïcs (comme à Lyon) qui adhèrent à l'Œuvre. Ils reçoivent régulièrement des visites de prêtres convulsionnaires, et sont assez proches du groupe lyonnais.

Enfin, à Saint-Jean-Bonnefonds, paroisse proche de Saint-Just-les-Velay où officiait Claude Bonjour, un groupe convulsionnaire se met en place. Il évolue en étroit lien avec le groupe de Fareins et ne s'en éloigne qu'après la Révolution.

À la veille de la Révolution, on estime à 4 000 personnes l'importance du groupe janséniste forézien, massivement regroupé dans les environs de Saint-Étienne.

La géographie convulsionnaire

Si Lyon est le groupe le mieux étudié jusqu'à présent, d'autres groupes convulsionnaires ont cependant existé dans les provinces.

On trouve ces groupes principalement dans le sud-est, entre Lyon et la Méditerranée, mais aussi dans les Alpes (à Notre-Dame-de-Vaulx). Un important groupe s'est monté à Toulouse, d'où il correspond activement avec Paris, et ce jusqu'au milieu du XIXe siècle. Réuni autour de la famille de Fourquevaux, il a également eu des liens importants avec les réfugiés carlistes espagnols durant le XIXe siècle.

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