La connaissance d'une période pour le développement décimal de 1/n permet d'en découvrir par multiplication pour tout quotient m/n. Le développement de 1/n possède plusieurs périodes (il suffit pour en créer une nouvelle de mettre bout à bout deux périodes identiques), l'intérêt est de travailler sur la plus courte que l'on appellera la période et d'en déterminer certaines propriétés.
Les exemples précédents ont mis en évidence le rôle de la répartition des restes dans la division a par b , c'est-à-dire dans le cas présent , les restes dans la division de 1 par n. Ces restes correspondent aux restes de 10k dans la division euclidienne par n. Cette question se traite bien si l'on fait intervenir l'arithmétique modulaire et les notions de congruence sur les entiers et plus précisément l'ordre de 10 dans
On peut démontrer les résultats suivants :
Longueur de la période de 1/n — Si 10 et n sont premiers entre eux, la longueur de la période est l'ordre de 10 dans
Lorsque n est un nombre premier différent de 2 et 5, la période de 1/n peut être de n - 1. C'est la période maximale pour une division par n. Ce cas se produit par exemple pour 1/7 et 1/17
mais elle peut aussi être plus courte comme dans le cas de 1/11 ou 1/13
Mais elle reste toujours un diviseur de n - 1.
Les périodes de longueur maximal sont donc celle des fractions 1/n où n est un nombre premier pour lequel l'ordre de 10 est n - 1. On dit alors que 10 est une racine primitive modulo n. Emil Artin s'est intéressé à ce type de nombre premier. Il a émis l'hypothèse qu'il existe une infinité de nombres premiers de cette sorte et que leur densité parmi les nombres premiers est une constante valant environ 0,374.
Lorsque n n'est pas premier, φ(n) < n - 1. La longueur de la période doit diviser φ(n) et elle n'est jamais maximale. Ainsi la période de 1/21 doit diviser φ(21) = 2 × 6 = 12. En effet la période de 1/21 est de longueur 6
(...)
Si n et 10 sont premiers entre eux, la division posée pour 1/n permet de trouver aussi les développement décimaux de rk/n pour tout les restes intervenant dans la division. En effet, rk a pour quotient ak + 1 et pour reste rk+1 dans la division par n. On retrouve alors pour le développement périodique de rk/n, celui de 1/n ayant seulement subi une permutation circulaire et commençant à ak+1. Ainsi on a
et l'écriture fractionnaire donne
En observant les numérateurs, on peut voir que multiplier la période de 1/n par rk équivaut à effectuer une permutation circulaire sur les chiffres de ce nombre
Lorsque la période de 1/n est de longueur maximale, les restes parcourent tous les entiers de 1 à n - 1. Dans ce cas, on peut multiplier la période de 1/n par tout entier m < n, on conservera toujours les mêmes chiffres à une permutation près. La nouvelle période obtenue sera celle de m/n.
Cette propriété rend remarquables les périodes des nombres 1/n pour lesquels 10 est d'ordre n - 1. C'est le cas par exemple de 142857 période de 1/7 ou 052631578947368421 période de 1/19 qui sont des nombres cycliques. On a ainsi :
Lorsque la période de 1/n n'est pas de longueur maximale, seuls ℓ entiers sont concernés, chacun associé à une permutation circulaire de la période de 1/n. Si l'entier m, premier avec n ne fait pas partie de ce premier groupe, la période de m/n est alors m *a1...a ℓ = b1...b ℓ différente de la précédente. A chaque permutation de cette nouvelle période est associée un autre quotient de la forme m'/n .On répartit ainsi tous les entiers premiers avec n dans des ensembles disjoints contenant ℓ éléments et associés à φ(n)/ℓ périodes différentes.
Pour n=27 par exemple, on a φ(27)=2 × 9 = 18 et 1/27 a pour période 037. Cette période engendre 5 autres périodes qui sont les seules périodes possibles à une permutation circulaire près de tout quotient m/27 où m et 27 sont premiers entre eux.
Périodes de m/n — Si l'ordre de 10 est ℓ, il existe φ(n)/ ℓ périodes possibles - à une permutation circulaire près - pour un quotient de la forme m/n où m et n sont premiers entre eux. Ces périodes sont obtenues en multipliant la période de 1/n par m
Si n est premier avec 10, on peut construire la période de 1/n en posant la division mais on peut aussi la reconstituer uniquement par multiplication à partir de son dernier terme.
L'égalité
permet de dire que
ou, plus simplement, que ce produit doit se terminer par 9.
Comme n est premier avec 10, un tel nombre aℓ existe, il n'en existe d'autre part qu'un seul compris entre 1 et 9. On peut le trouver en résolvant l'équation diophantienne nx - 10y = 9. Le nombre aℓ étant trouvé, on en déduit la valeur de rℓ-1.
D'autre part, si on note
la période recherchée, on sait, par permutation circulaire que
Ce produit permet de déterminer aℓ -1 qui, réinjecté dans la même égalité permet de trouver aℓ -2 et de proche en proche permet de découvrir tous les chiffres de la période.
Par exemple, pour déterminer la période de 1/7, on cherche d'abord le chiffre qui multiplié par 7 donne un nombre se terminant par 9. Puisque 7 × 7 = 49, on peut poser
puis, comme
on sait que
Les chiffres successifs de la période se trouvent en remplissant progressivement la multiplication à trous
|
|
|
|
|
|
C'est ce principe qui est utilisé dans la construction de la période de 1/19 dont le dernier terme est 1 et dont l'avant dernier reste est 2.
On se place ici dans le cas où n est premier, supérieur ou égal à 7 et on suppose que la période la plus courte de 1/n est de longueur ℓ =st où s>1. La période est alors constituée de s blocs de t chiffres. Si on note A1, ... As ces blocs, ils peuvent être vus comme l'écriture décimale de s nombres. La somme de ces s nombres est alors toujours un multiple de 10t - 1 = 99...9. De plus, on peut démontrer que, si le nombre de blocs n'est que de 2 ou 3, la somme est exactement égale à 10t - 1.
Par exemple, la période de 1/7 est de 142857, partageable en 6, 3, ou 2 blocs
Cette propriété porte le nom de théorème de Midy.
O. Mathieu a démontré que si n est premier supérieur ou égal à 13, la décimale de rang