La division par zéro consiste à chercher le résultat qu'on obtiendrait en prenant zéro comme diviseur. Ainsi, une division par zéro s'écrirait
C'est une opération qui n'a pas de sens en mathématiques, et qui est utilisé comme expression pour dire qu'une chose est impossible.
On entend souvent que la division par zéro donne l'infini. Cette convention a d'ailleurs été défendue par Louis Couturat dans son livre De l'infini mathématique.
Cette convention est assez cohérente avec les règles de la droite réelle achevée, dans laquelle n'importe quel nombre, divisé par l'infini, donne 0.
La convention de Louis Couturat est cependant assez difficile à appréhender. Elle donne l'infini non signé comme résultat de la division de tout nombre par 0. Or, l'infini non signé est un concept encore plus difficile à saisir que "plus l'infini" et "moins l'infini". De plus, Couturat est assez flou sur le statut qu'il faut alors donner à des expressions comme 0*∞.
Abbas Edalat et Peter John Potts proposèrent pour leur part d'introduire en même temps que l'infini comme inverse de zéro un second élément, qui lui représente les formes indéterminées, y compris celles qui apparaissent à cause de l'introduction de l'infini. En fait, ces propositions sont postérieures aux conventions informatiques.
En informatique, pour le calcul en nombres flottants, c'est un tel système qui est utilisé, en utilisant dans le calcul les éléments +∞, -∞ et NaN, ce dernier étant utilisé pour les formes indéterminées (voir ).
Si l'on emploie une telle convention, il faut se souvenir que certaines propriétés des nombres réels ne sont plus vraies dans l'ensemble formé par les nombres réels et les nouveaux éléments introduits. En effet, comme on a pour deux nombres différents n et m les égalités n/0=∞ et m/0=∞, la division n'est plus réversible par multiplication (0*∞ ne peut valoir simultanément n et m), et n'est donc plus définie comme son opération réciproque.
Il faut bien rappeler que par définition des nombres réels, l'infini, signé ou non, et les formes indéterminées n'en sont pas. L'ajout de ces éléments constitue donc une extension de l'ensemble des réels, comme l'est la construction des nombres complexes.
Mais en analyse, on peut essayer de donner un sens à la limite de la fonction inverse en 0, c'est-à-dire du quotient
et on dit que la valeur absolue de ce quotient admet pour limite « plus l'infini » lorsque x tend vers zéro.
Si l'on veut se passer de la valeur absolue, il faut distinguer deux cas, selon que x tend vers zéro par valeurs négatives (dans ce cas, le quotient tend vers
On écrit :
et :
En termes vulgarisés, quand x est très petit, 1/x est très grand, ce qui peut pousser à convenir que 1/0 vaudrait l'infini. Le problème est que quand x est très petit mais inférieur à 0, 1/x devient très important en-dessous de zéro. On ne peut donc définir si 1/0 vaudrait plus l'infini ou moins l'infini.
Même dans la droite réelle achevée, qui comprend -∞ et +∞ comme éléments, on ne peut donc pas définir la division par zéro (alors que l'on a, par exemple, 1/∞=0).
Sans autoriser la division par zéro, les nombres hyperréels admettent des nombres « infiniment petits ». Dans ce domaine des mathématiques, un nombre infinitésimal (plus petit que tout réel positif, sauf 0) a pour inverse un « infiniment grand » (plus grand que tout réel).
En algèbre, l'impossibilité de diviser par zéro se démontre dans le cadre plus général de la théorie des anneaux.
En effet, on démontre en règle générale que l'élément neutre de la première loi de l'anneau (l'addition pour les nombres réels) est un élément absorbant pour la seconde loi (la multiplication).
Donc pour tout nombre a, a*0=0. Or, la division s'entend comme l'opération réciproque de la multiplication. Diviser x par y, c'est chercher l'élément z tel que z*y=x. Or, comme on vient de le voir, si y vaut 0 et x est un nombre autre que zéro, aucun nombre z ne peut satisfaire une telle propriété. Si y est 0 et x aussi, z peut être n'importe quoi.
C'est pourquoi la division par zéro n'a non seulement pas de sens dans les ensembles de nombres usuels (entiers, réels ou complexes), mais plus généralement dans tout ensemble de nombres vérifiant les propriétés algébriques usuelles vis-à-vis de l'addition et de la multiplication (ce qu'on appelle un anneau). Il n'y a donc pas d'espoir de construire un nouvel ensemble de nombres qui donnerait un sens à l'inverse de zéro (comme celui des nombres complexes donne un sens à la racine carrée de − 1), sauf si l'on accepte de perdre des propriétés essentielles du calcul algébrique usuel (notamment la distributivité de la multiplication sur l'addition).
Le seul anneau où la notion de division par zéro aurait un sens serait réduit à un seul élément, ce qu'on exclut en général de la définition d'un anneau (qui requiert ainsi que 0 et 1 soient distincts).
Le problème général de la division impossible a amené en algèbre linéaire à inventer un objet conservant certaines propriétés de l'inverse : le pseudo-inverse.
Dans le cas matriciel, la définition est la suivante :
Étant donné une matrice A avec n lignes et p colonnes, son pseudo-inverse A + vérifie (entre autres, on ne met que les plus simples) les conditions suivantes :
Donc, en considérant les nombres comme matrices à une seule ligne et une seule colonne, le pseudo-inverse de 0 est 0.
Bien entendu, la notion de pseudo-inverse est beaucoup plus importante pour les matrices de taille supérieure. La définition d'un nouvel objet ne se justifierait pas pour donner seulement une réponse à la division par zéro pour les nombres réels.
En analyse, dans certains cas, il est possible de calculer la limite d'un quotient dont le dénominateur est une suite ou une fonction de limite nulle.
Par exemple, un cas évident est celui de la fonction
Bien entendu, la problème n'apparaît pas forcément en approchant la valeur 0 pour l'argument de la fonction. Par exemple, pour la fonction
Suivant les expressions que l'on trouve au numérateur et au dénominateur, une expression comprenant une division par zéro peut avoir pour limite 0, un autre nombre, +∞ (plus l'infini), -∞, ou rester indéterminée. Quelques exemples :
Dans les pseudo-démonstration d'égalité entre nombres, la méthode la plus courante consiste à démontrer que x=y, alors que c'est trivialement faux (exemple : x=1, y=2) en démontrant en fait que 0*x = 0*y (ce qui, on l'a dit plus haut, est vrai pour tous les nombres), puis en divisant par zéro des deux côtés pour simplifier (il est vrai que z*x=z*y démontre que x=y pour tout nombre z autre que 0).
L'astuce consiste à compliquer les expression de telles manières qu'on effectue la "simplification par zéro" en divisant par une expression si compliquée que le lecteur ne s'aperçoit pas qu'elle vaut 0.
Étape 1:
Étape 2:
L'erreur est commise au moment ou l'on effectue la division par (a − b), car comme a = b alors a − b = 0 donc on divise par 0 ce qui est interdit.
Le docteur en mathématiques Jesper Carlström a fait l'inventaire des méthodes proposées pour étendre les ensembles mathématiques en autorisant la division par zéro. En généralisant les constructions précédemment proposées, il obtient une structure appelée wheel, c'est-à-dire « roue », allusion au fait que cette structure s'obtient en complétant un anneau.
Comme déjà dit, l'ensemble autorisant la division par zéro n'est même plus un anneau. Et dans cet ensemble, si l'égalité
Le professeur d'informatique James Anderson proposa pour sa part d'ajouter les deux infinis et un nouveau nombre appelé nullity (qu'on obtient, par exemple, en faisant 0/0) pour autoriser la division par zéro dans tous les cas. Les critiques remarquèrent que cela revenait à peu près au même que la convention déjà utilisée en informatique (voir plus bas), à cela près que la réponse des ordinateurs pour une forme indéterminée, NaN (ce qui signifie : « pas un nombre ») est appelée un nombre, et qu'une de ses propriétés conventionnelles change.