La dynamique des faisceaux de particules chargées est une discipline de la physique qui traite du transport et de l'optimisation des caractéristiques des faisceaux dans les accélérateurs de particules.
Le transport d'une particule chargée est décrit dans les champs électromagnétiques produits par l'accélérateur. On peut en déduire les propriétés propres à l'accélérateur (en relation avec un type de particule) qui vont permettre de définir :
Le faisceau de particules est caractérisé par des grandeurs statistiques (par exemple : dimension quadratique moyenne) dont on peut décrire analytiquement l'évolution au cours de l'accélération dans des conditions simplifiées de transport. Une simplification pertinente des paramètres permet une description rapide et très utile du comportement du faisceau pour la définition et le réglage des principaux éléments de l'accélérateur tels que les aimants ou les cavités accélératrices.
Fréquemment, le transport du faisceau à travers l'accélérateur est réalisé à l'aide de logiciels dédiés appelés codes de transport. On peut transporter alors, soit des propriétés statistiques du faisceau, soit un échantillonnage de macro-particules représentant le faisceau, soit la fonction de distribution du faisceau. Ces codes permettent d'accéder au calcul des interactions des particules avec leurs congénères (charge d'espace), le gaz résiduel (diffusion coulombienne, neutralisation, recombinaison) ou avec l'accélérateur (champs induits dans la structure). Ils permettent aussi de vérifier l'influence des imperfections de l'accélérateur sur les propriétés du faisceau.
La dynamique des particules peut être décrite soit dans un référentiel galiléen (Bonne approximation du référentiel du laboratoire), soit dans un référentiel mobile lié à l'accélérateur.
Une particule de masse m et de charge q est décrite, à un instant t, par un point dans un espace des phases à 6 dimensions représentant :
Plus généralement, 6 coordonnées (3 de position, 3 de déplacement) suffisent à décrire la dynamique de la particule en fonction d'une variable indépendante donnée (ici le temps).
Un accélérateur de particule est conçu de manière à accélérer une particule de référence (dite particule synchrone) qui se propage sur une trajectoire de référence avec une chronométrie bien précise. Cette trajectoire de référence peut être linéaire (linac), circulaire (synchrotron) ou spirale (cyclotron).
La particule pourra finalement être réprésentée par un vecteur à 6 composantes dont on exprimera l'évolution en fonction de la variable indépendante τ :
Les équations du transport de la particule dans un champ électromagnétique sont données par la relation fondamentale de la dynamique relativiste :
où :
Dans le référentiel galiléen, en utilisant le temps t pour variable indépendante, ces équations s'appliquent directement.
Dans le référentiel mobile, en utilisant l'abscisse s pour variable indépendante, quelques transformations doivent être apportées. Elles sont dues au fait que les vecteurs de la base mobile ne sont pas obligatoirement invariants lors du transport.
Soit ρ(s), le rayon de courbure de la trajectoire de référence au point s dans le plan (par définition de ). En considérant que ρ>0 si le vecteur pointe vers l'extérieur du virage , nous avons :
De plus, s étant la projection de la particule sur la trajectoire de référence, nous avons :
A partir de ces dernières équations et des équations du transport dans le référentiel galiléen, il est possible de déterminer les équations qui donnent les dérivées par rapport à s de chacune des coordonnées des particules dans l'espace des phases choisi.
Finalement, quel que soit le référentiel, si τ est la variable indépendante (t ou s), l'équation vectorielle du transport peut s'écrire :
Dans ce paragraphe, nous introduisons un formalisme propre aux accélérateurs, et nous choisissons délibérément l'abscisse s pour variable indépendante. La justification est donnée par la suite.
Le traitement le plus simple du transport d'une particule consiste à :
On obtient alors les équations d'évolution des composantes :
On peut alors utiliser le formalisme matriciel pour transporter la particule d'un point s à un point s+ds :
Soit :
Ce formalisme matriciel peut être utilisé pour aller d'un point s0 à un point s1:
est la matrice de transfert entre le point s0 et le point s1.
Formellement, elle peut s'obtenir à partir de la multiplication des matrices sur des petits pas ds de s0 à s1 (ce qui revient à intégrer pas à pas les équations du transport) :
Concrètement, l'accélérateur est découpé en une succession d'éléments Ei dont on connaît les matrices de transfert Ti.
Le transport de l'entrée de l'élément i à la sortie de l'élément j (ou à l'entrée de l'élément j+1, avec j>i) est alors donné par la matrice de transfert :
On peut, par cette méthode, transporter les particules élément après élément tout le long de l'accélérateur.
C'est justement parce que les éléments sont positionnés tout le long de l'accélérateur que nous avons choisi l'abscisse s comme variable indépendante. L'utilisation du temps comme variable indépendante pose des difficultés car, à un instant t donné, toutes les particules ne sont pas forcément dans le même élément de l'accélérateur. Il faudrait une matrice par particule !!