L’église Saint-Nabor de Colombey est un petit édifice religieux en ruine de la commune de Coincy située en lisière de forêt sur l’ancienne route allant de Colombey à Coincy. Elle desservait Aubigny, Coincy et Colombey, la cure se trouvant à Coincy.
L’origine de l’église ainsi que son nom ne sont pas connus. La construction de son clocher remonte au XIIe siècle. Elle est probablement dédié au culte de saint Nabor. La commune de Saint-Avold située à une quarantaine de kilomètres possède une abbatiale Saint-Nabor et Saint-Nabor est d’ailleurs le nom historique de la commune. Il existe également un village de Saint-Nabor dans le Bas-Rhin.
La question de l’appartenance de l’église à l’ordre de Malte reste en suspens. La Notice historique sur l’église et le château de Colombey de Charles Abel, contenue dans les Mémoires de l’Académie de Metz (1875-76), nous décrit tous les propriétaires de la seigneurie de Colombey et à aucun moment il n’est question des chevaliers de Malte.
Au Moyen Âge, c’était le siège d’une paroisse importante de l’archiprêtré de Noisseville. L’abbé de Senones, au diocèse de Toul, était collateur de la cure. Ce patronage était ancien. L’appartenance à l’abbaye de Senones est en effet attestée dès 1111 dans une charte de l’empereur Henri V. Le 2 avril 1123, une bulle du pape Calixte II confirmant à l’abbé Antoine de Pavie les biens et privilèges de Senones, cité l’« ecclesia de Columbarie » au nombre de ses possessions.
Le 24 juillet 1712, la victoire de Denain sauva la France pendant la guerre de la succession d’Espagne contre les Impériaux. Nous savons par l’état des indemnités qu’elles furent payées par le Roi de France. Voici le mémoire présenté par le curé Chouine de ce qu’il a perdu dans l’église de Collombé : « Les ennemis ont forcé le tabernacle, ont pris le calice, le voile du St Ciboire, une boëte d’argent qui servait pour porter le viatique aux malades. Ils ont brisé 4 fenêtres et les baraux et pris deux aubes toutes neuves, 2 surplis neufs, 2 nappes d’autel, 4 serviettes. Ils ont cassé le dey, brisé nos vases et nos cierges et la porte de l’église et toutes lesquelles pertes nous estimons à peu près à la valeur de 200 livres et plus. Fait à l’église de Collombé, le 26 juin 1712, en présence des échevins de ladite paroisse. Mémoire de ce que j’ai perdu dans la maison curiale de Coincy : environ 5 hottes de vin tant bu que lâché, 1 drap de toile de chanvre, 3 chemises, 2 cravates et des mouchoirs de poche, 3 rasoirs et le plat, cassé ma pierre à rasoir, ma fenêtre rompue, toutes lesquelles choses j’estime à la valeur de 30 livres. »
L’église Saint-Nabor a desservi Coincy et Aubigny jusqu’au Concordat de 1801. La maison curiale qui appartenait à M. d’Ancerville se trouvait à Coincy.
Après la terreur, les églises étaient en piteux état et elles ne purent toutes être restaurées. L’empereur Napoléon fixa un nombre limitatif de succursales. D’un trait de plume, il déclara annexes plusieurs localités. Cela se fit pendant la campagne de Russie et il est curieux de trouver des documents signés de Moscou pour rattacher certaines localités, notamment Colombey à Coincy.
En 1808, il y avait dans le canton 17 desservants à cause d’un manque de presbytère. Un rapport à Mgr Gaspard-André Jauffret signale au début de cette année là que Coincy et Colombey sont desservis par Silly-sur-Nied qui est trop éloigné.
En 1812, la commune de Colombey est rattachée à Coincy, depuis, Colombey fera partie de la paroisse de Borny alors qu’Aubigny et Coincy de celle de Saint-Agnan.
Un acte du 30 septembre 1827 propose au maire de Coincy de vendre la cloche et les matériaux de l’église pour aider sa commune à fournir son contingent dans l’acquisition du presbytère. La cloche est vendue, descendue et transférée à l’église de Saint-Agnan. À son profit, Coincy vendit au baron de Tricornot la vieille église abandonnée depuis 1793 et commençant à tomber en ruine. Mgr Gaspard-André Jauffret vint sur place pour étudier le bien-fondé de la transaction.
En 1876, Charles Abel décrit l’église dans les mémoires de l’Académie de Metz en 1875-76 : « L’église de Colombey, entourée de son modeste cimetière, sert encore aujourd’hui de paroisse. Isolée au milieu d’une forêt de sapins dominant un vallon dans lequel se joue le ruisseau d’Aubigny, ce pieux édifice fait admirablement dans le paysage. Cet isolement qui a son charme n’est pas sans danger. Des malfaiteurs, en 1875, se sont introduits dans le clocher et ont fait tranquillement sortir la cloche. On en s’est aperçu du vol que le dimanche suivant, quand il s’agit d’appeler les fidèles à l’Office divin ». Comme quoi les pilleurs d’églises ne datent pas d’aujourd’hui ! Il continue : « Mais, en elle-même, l’église de Colombey, ne présente à l’œil du passant que son clocher roman. Ses fenêtres à plein cintre, ses colonnettes à tailloirs, leurs chapiteaux à crosses, accusent le faire du XIIIe siècle. L’église présentait un portail en plein cintre, des fenêtres étroites, un chœur voûté en cul-de-four ».
En décembre 2003, M. Philippe Bernard-Michel propose un projet de réhabilitation de la chapelle au conseil municipal de Coincy.