Château de Blanquefort | |||
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Période ou style | Médiéval | ||
Type | château fort | ||
Début construction | XIe siècle | ||
Fin construction | XVe siècle | ||
Destination initiale | Forteresse | ||
Propriétaire actuel | Personne privée | ||
Protection | Classé MH 1862 | ||
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Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région historique | Guyenne | ||
Région | Aquitaine | ||
Département | Gironde | ||
Commune française | Blanquefort | ||
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La forteresse médiévale de Blanquefort est située sur la commune de Blanquefort en (Gironde).
— Léo Drouyn
Les fouilles menées sur le site de la forteresse de Blanquefort ou à proximité depuis la création d'un chantier archéologique en 1962 ont révélé la présence humaine dès l'âge du bronze (vers XIIe siècle av. J.-C.. Des tessons de céramiques protohistoriques ont été mis au jour sur le site même de l'actuel château, mais aussi à proximité de la Jalle de Blanquefort, la rivière qui coule à proximité et se jette quelques kilomètres plus loin dans la Garonne, en aval de Bordeaux.
La présence romaine est elle aussi assurée par les fouilles qui ont révélé de nombreuses tegulae (tuiles romaines plates) dans les fondations de la forteresse ainsi que deux monnaies d'époque romaine. Il est probable que les Gallo-Romains aient bâti à cet emplacement une modeste construction, péage ou tour de garde, afin de contrôler la voie romaine reliant Bordeaux à Noviomagus, dans le Médoc. Comme les terres alentour étaient marécageuses, les Romains ont dû surélever la route et le site castral. Ceux-ci étaient alors le seul émergeant de ces marais, grâce à la présence d'un affleurement rocheux naturel formé de mollasse (grès en formation).
Au XIe siècle, un donjon de pierre de plan rectangulaire est construit, c'est la partie la plus ancienne du château de Blanquefort. Un seigneur nommé Akelmus Willelm Affurt, second seigneur de Blanquefort, est signalé dans une charte de 1028-1032. Le château en lui-même est noté dans le cartulaire de l'abbaye de La Sauve-Majeure en 1078-1080. Ces textes assurent l'existence du château dès le début du XIe siècle, ce qui en fait le premier château fort en pierre de Gironde. En effet, le nom même de la famille seigneuriale et du village proviennent du château. Les premiers textes évoquent « Blanqua fortis », c'est-à-dire le « fort blanc » car la blancheur des pierres au milieu des marécages a marqué les esprits des contemporains à une époque où même les églises étaient encore en bois.
Le château-fort seigneurial contrôlait la route du Médoc, au nord de Bordeaux. C'était l'antique voie romaine qui demeurait un axe de circulation majeur dans la région. Les taxes de tonlieu importantes perçues par les seigneurs expliquent d'ailleurs l'édification très tôt d'un bâtiment en pierre. Au XIIIe siècle, la famille de Blanquefort était l'une des plus puissantes de Guyenne et l'immense seigneurie s'étendait de la Garonne à l'océan Atlantique et au bassin d'Arcachon.
La famille s'éteint vers 1250, faute de descendance. Henri III puis Édouard Ier, rois d'Angleterre et ducs d'Aquitaine, font l'acquisition du château et des terres par deux achats en 1254 et 1270. La capitale régionale est entourée de châteaux ; Blanquefort devient le fleuron de ce dispositif défensif, verrouillant le nord de la cité et contrôlant l'accès fluvial.
Pour faire face à ses créances, Édouard II cède la seigneurie de Blanquefort à Bertrand de Got, neveu du pape Clément V, en 1308. Par héritage, elle revient à Aymeri de Durfort, seigneur de Duras, en 1325. Le château finit la guerre de Cent Ans entre les mains de la plus puissante famille d'Aquitaine. Le Prince noir, Édouard de Woodstock, fils du roi Anglais et chargé de commander l'Aquitaine au début de la guerre de Cent Ans, y séjourna.
Le château est rendu en 1476 à la famille de Durfort après que celle-ci eut prêté serment de fidélité à la couronne de France. La famille conserve le château jusqu'à la Révolution française, mais elle l'abandonne comme lieu de résidence au XVIIe siècle. La forteresse connaît ses derniers combats durant les guerres de religion, les Durfort ayant embrassé la foi protestante. Après la Fronde, à laquelle les seigneurs ont été mêlés, le crénelage est rasé sur ordre du Cardinal Mazarin, premier ministre du jeune Louis XIV. L'assèchement des marais à cette époque supprime la principale défense naturelle du château qui, à l'époque des citadelles de Vauban, semble obsolète. Le château est abandonné et il subit un incendie dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.
À la Révolution, la forteresse est confisquée comme bien national avant d'être vendue à un entrepreneur qui l'exploite comme carrière de pierres. D'où son actuel état de ruines. Prosper Mérimée estime cependant en 1862 que l'édifice, par son passé et la splendeur de son architecture, mérite le classement comme Monument historique. Il faut cependant attendre 1962 pour qu'un chantier archéologique soit ouvert par Alain Frugès.