Géographie de l'Allemagne - Définition

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Géographie humaine

L’Allemagne, un territoire à géométrie variable

On ne peut pas comprendre l’Allemagne sans examiner rapidement son histoire. L'État allemand dans ses frontières actuelles est récent : les frontières actuelles datent de 1990, après la réunification de la RFA et de la RDA. Ces frontières ne sont pas naturelles, mais choisies par les Européens pour régler les conflits. Quelle est l’évolution du territoire allemand ? Quelles sont les conséquences de cette évolution sur le peuplement ?

Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, le mot « Allemagne » n’existe pas. Pour les Romains, les peuples qui occupent le territoire actuel de l’Allemagne sont des Germains et des barbares. Parmi ces peuples, les Alamans (terme signifiant « tous les hommes ») semblent être à l’origine du nom « allemand ». Après avoir été sous l’influence de Rome, la région tombe sous la coupe des Francs. Charlemagne conquiert la Saxe et étend sa domination jusqu’à l’Elbe. En 843, ses petits-fils se partagent son empire à Verdun : la Francie orientale, dirigée par Louis le Germanique apparaît comme lointain ancêtre de l’Allemagne.

La période suivante est marquée par l’établissement d’un empire germanique (Xe siècle) qui se décompose rapidement en principautés quasiment autonomes. Au XIIIe siècle, les chevaliers teutoniques se lancent dans la colonisation de l'Europe de l'Est, en particulier de la Prusse-Orientale. Au XVIIIe siècle, des populations germaniques luthériennes s'installent sur la Volga à l'invitation de la tsarine Catherine II pour fuir les persécutions religieuses. Ils constituent la communauté des Allemands de la Volga.

Il faut attendre le XIXe siècle pour que les Allemands se sentent appartenir à une nation et 1871 pour que l’Empire allemand soit unifié par la Prusse. À la fin du XIXe siècle, le Reich de Guillaume Ier mesure 541 000 km², y compris l'Alsace-Lorraine. C’est aussi à cette époque que l’Allemagne connaît des bouleversements profonds : l’entrée dans la transition démographique provoque une forte croissance démographique. 5,5 millions d'Allemands émigrent aux États-Unis à partir de la famine de 1815 . Ensuite, l’Empire allemand connaît la révolution industrielle qui affecte surtout la région Rhin-Ruhr (charbon, lignite). Enfin, les grandes agglomérations se développent.

En 1918, l’empire allemand est vaincu par les Alliés au terme de la Première Guerre mondiale. Avec le traité de Versailles (1919), le territoire allemand est amputé dans sa partie orientale et coupé en deux par le couloir de Dantzig. Des milliers d’Allemands de Pologne et de Tchéquie s’installent dans les nouvelles frontières du pays. Adolf Hitler arrive au pouvoir en 1933 et rêve d’agrandir l’Allemagne suivant l’idéologie de l’espace vital. Il souhaite récupérer les régions perdues en 1918 et refonder un Reich puissant. Il dote l’Allemagne d’un réseau moderne d’autoroutes.

Le Troisième Reich capitule en 1945 et les traités de paix diminuent encore l’État allemand (avec notamment la perte totale de la Prusse-Orientale et le déplacement de la frontière polonaise). Comme après 1918, les migrations de populations sont considérables, car les frontières sont bouleversées : de 1945 à 1950, l'Allemagne accueille 11 millions de réfugiés de l'Est.

Sur le plan géopolitique, les armées soviétiques occupent l’Est et la rupture de la guerre froide (1947) finit par diviser le pays : à l’ouest du rideau de fer s’étend la RFA, dont la capitale est Bonn. Elle choisit le régime démocratique et l’économie de marché. Elle se trouve dans le camp américain. Le miracle économique allemand attire les immigrants turcs et yougoslaves.

À l’est, la RDA se transforme en dictature communiste centralisée, aux ordres de Moscou. Sa capitale se situe à Berlin-est. Les conséquences géographiques sont importantes : les voies de communication sont entravées entre les deux parties. Des familles se trouvent séparées. En 1961, les autorités de l’est construisent le mur de Berlin pour empêcher l’exode. Il faut attendre 1990 pour que l’Allemagne soit réunifiée. Mais cette réunification a un coût : l’ex-RDA doit reconvertir son économie sur le modèle capitaliste. Il faut raccorder les infrastructures de transport qui avaient été sectionnées par le rideau de fer. Le mur de Berlin est détruit et de grands travaux sont organisés pour accueillir les nouvelles administrations. Il s’agit également de rééquilibrer la répartition des richesses entre l’Est et l’Ouest.

La réunification, menée par le gouvernement de Helmut Kohl (1982-1998), a coûté près de 900 milliards d'euros entre 1990 et 2000, environ 5% du PIB ouest-allemand. Malgré tout : les régions de l'ex-RDA ont un taux de chômage nettement supérieur, le PIB par habitant est inférieur d'un tiers et, à l'exception de Berlin, les nouveaux « Länder » perdent des habitants. S'en suit ce que les Allemands nomment l’Ostalgie, regret de la sécurité douillette d'une économie dirigée.

Organisation politique et administration du territoire

L’Allemagne n’est pas une République centralisée, mais un État fédéral. Le territoire est découpé en 16 Länder ou « États régionaux », disposant de larges pouvoirs. Les Länder sont très différents en taille et en population et sont hérités de l'occupation alliée après 1945 : le plus étendu est la Bavière. Trois d’entre eux sont concentrés autour de villes : Berlin, Brême et Hambourg. Les compétences de chaque Land sont diverses : éducation, culture, police… L’État fédéral dispose d’un gouvernement dirigé par un chancelier et garde la charge des grands dossiers concernant tout le pays (économie, défense, affaires étrangères…).

Répartition de la population allemande

Une région très peuplée : la conurbation Ruhr

L’Allemagne est le pays le plus peuplé de l’Union européenne, avec 82,5 millions d’habitants. Sa densité (231 hab./km²) est deux fois plus grande que celle de la France. Mais cette population est très inégalement répartie : les plus fortes concentrations humaines se trouvent sur deux axes : celui de la Ruhr et du Rhin, à l’ouest du pays. Ici, les agglomérations de Dortmund, Essen, Duisbourg, Düsseldorf et Cologne se touchent pour former une grande conurbation. Le deuxième axe est d’orientation est-ouest et s’étend de Dresde à la frontière avec les Pays-Bas : il englobe les villes de Leipzig et de Hanovre. Il existe en outre trois foyers très denses mais plus isolés : les régions de Munich, Berlin et Hambourg.

Une région faiblement peuplée : tourbière près de Bad Sülze en Mecklembourg-Poméranie occidentale (Allemagne du nord-est)

À côté de ces régions fortement peuplées, s’en trouvent d’autres moins peuplées, comme les landes et les marais dans les plaines du Nord, la région de l’Eifel, des Alpes bavaroises, le petit Palatinat, la Marche de Brandebourg et le Mecklembourg-Poméranie occidentale (77 hab./km²). Cependant, les milieux vraiment naturels sont quasiment absents. Le pays a été mis en valeur de longue date et les campagnes sont relativement plus peuplées qu'en France du fait d'une périurbanisation et d'une rurbanisation précoce liées à l'excellence des réseaux de transport. Les densités sont très rarement inférieures à 50 hab./km².

Le taux de natalité de l'Allemagne est l’un des plus faibles d'Europe (8,25 pour mille. L'accroissement naturel est négatif depuis les années 1980 pour les 11 Länder de l'Ouest. Plusieurs explications peuvent être données à ce phénomène : le faible pourcentage de naissances hors mariage, l'absence totale d'une politique familiale incitative - peu de crèches ni d'école maternelle pour les enfants de moins de 5 ans -, la quasi-obligation pour une femme de s'arrêter de travailler quand elle a un jeune enfant. Jusqu' au début des années 1990, les cinq Länder de l'Est avaient un taux de fécondité bien plus élevé qu'à l'Ouest. En effet, pour favoriser le travail des femmes et soutenir la croissance démographique, la RDA avait mis sur pied une véritable politique familiale. Avec la réunification, tous ces avantages ont disparu. La natalité de l'Est de l'Allemagne est aujourd’hui aussi faible que celle de l'Ouest. Aujourd'hui la population allemande n'augmente que grâce à un solde migratoire positif. Mais on peut constater des disparités de situation. Le solde migratoire est négatif à l'Est. Le taux de chômage y est très élevé. Les Ossis migrent vers l'Ouest à la recherche de meilleures conditions de vie.

Population urbaine et agglomérations

Avec 87% de citadins, l’Allemagne est l’un des pays les plus urbanisés de la planète. Le réseau urbain n’est pas dominé par une seule ville. Berlin ne compte que 3,4 millions d'habitants et se place derrière Moscou, Paris, Londres ou Saint-Pétersbourg en termes d'agglomération. La densité y est 6 fois inférieure à celle de Paris. 13 villes ont plus de 500 000 habitants ; 85 villes ont plus de 100 000 habitants, ce qui représente environ 26 millions d’individus. Mais la majorité des Allemands réside dans les villages et les petites villes : plus de sept millions vivent dans des communes qui ne dépassent pas 2 000 habitants. 46 millions habitent dans des communes comprises entre 2 000 et 100 000 habitants.
Dortmund dans la Ruhr : paysage urbain, portuaire et industriel
Le phénomène urbain est ancien en Allemagne : Trèves (Rhénanie-Palatinat) est fondée au début de l’empire romain. Les villes industrielles de l'ouest ont particulièrement souffert des bombardements alliés de 1944-1945. Hambourg, Cologne, Coblence, Mayence ou Würzbourg sont des villes martyrs qu'il faut rebâtir après la Seconde Guerre mondiale. Le centre de Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg) a été reconstruit à l'identique. Mais beaucoup d'autres ont été modernisées et reconstruites rapidement : elles disposent d'un centre piétonnier, de jardins, d'un tramway et des grands magasins. En RDA communiste, l'habitat collectif a produit de grands ensembles d'immeubles. Les centres historiques d'Allemagne de l'Est ont été relativement épargnés et certains sont réhabilités (Dresde, Schwerin, Görlitz) ou même classés au patrimoine mondiale de l'UNESCO (Weimar, Stralsund,...A l'Ouest ont été réhabilités Lübeck et Bamberg (Bavière).
Les organismes de statistiques prennent en compte quatre niveaux urbains :
  • Les Ballungsgebiete, au nombre de 12, sont des agglomérations regroupant plus de 500 000 habitants sur moins de 50 km². Les densités sont supérieures à 1 000 hab./km²
  • Les 46 Verdichtungsräume sont des régions de plus de 100 km² regroupant au moins 150 000 habitants ; exemples : Sarre, Rhin-Ruhr, Augsbourg…
  • Les Kernstädte
  • Les Stadtregionen, ou "régions urbaines".
Vue de Munich, Bavière
Les principales aires urbaines sont (en 2005 et en millions d’habitants) :
  1. Conurbation de la Ruhr : 11,3
  2. Conurbation de la Rhin-Main : 5,0
  3. Berlin : 4,1
  4. Hambourg : 3,2
  5. Francfort : 2,7
  6. Stuttgart : 2,5
  7. Munich : 2,3
  8. Mannheim : 1,5
Population des principales villes, d’après les chiffres de l’encyclopédie, en millions d’habitants :
  1. Berlin : 3,3
  2. Hambourg : 1,7
  3. Munich : 1,2
  4. Cologne* : 0,9
  5. Francfort : 0,6
  6. Essen* : 0,6
  1. Stuttgart : 0,5
  2. Düsseldorf* : 0,5
  3. Duisburg* : 0,5
  4. Hanovre : 0,5
  5. Dortmund* : 0,5
Le quartier des affaires de Francfort
Typologie des villes allemandes :
  • Les villes industrielles : elles se sont développées au XIXe siècle avec la révolution industrielle. La ville de Leverkusen doit son essor à l’implantation des usines chimiques Bayer.
  • Les villes tertiaires : les villes de la Hanse formaient déjà un réseau de cités marchandes dynamiques au Moyen Âge. Aujourd’hui, le secteur tertiaire n’est jamais absent des villes allemandes, même dans les cités industrielles. Les activités tertiaires sont majoritaires à Berlin (capitale politique), Munich (sièges sociaux, tourisme), Hambourg (activités liées au port, logistique…), Francfort (siège de la Banque centrale européenne, quartier des affaires, premier aéroport du pays), Bonn (centres de conférences).
  • Les villes universitaires : la plus ancienne est Heidelberg, dont l’université a été fondée au XIVe siècle.
  • Les villes princières : à l’époque du Saint Empire, les principautés étaient parfois réduites à une ville et sa campagne.
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