La synagogue communautaire de Leipzig, située à l'ouest de la vieille ville, dans la Gottschedstrasse a été érigée en 1855 et détruite par les nazis lors de la nuit de Cristal du 9 au 10 novembre 1938.
Leipzig est une ville d'Allemagne au nord-ouest du Land de Saxe qui compte actuellement plus de 500 000 habitants. Après la Seconde Guerre mondiale, Leipzig fait partie de la zone d'occupation soviétique puis de la RDA jusqu'à la réunification allemande en 1989-1990.
La première preuve écrite de l'existence d'une communauté juive à Leipzig avec une synagogue, date des années 1230. Le marquis de Meissen en 1265, dans une résolution concernant les Juifs, demande que ceux-ci ne soient pas défavorisés vis-à-vis des Chrétiens devant la juridiction souveraine.
Bien que lors de la grande épidémie de peste noire de 1348-1350, les Juifs soient soupçonnés d'avoir empoisonné les puits, on ne possède aucun document prouvant que les Juifs de Leipzig aient été persécutés, contrairement à ce qui se passe dans d'autres villes de Saxe. En 1359, il existe une Judengasse (ruelle aux Juifs) située dans le faubourg de Ranstädt et un rabbin en 1364. En 1368, un nouveau décret réitère l'égalité juridique des Juifs. En 1425, l'Électeur de Saxe, Frédéric Ier (1370-1428) instaure un sauf-conduit pour tous les Juifs de Leipzig. La synagogue est vendue en 1441, et vers 1446, disparaît la première communauté juive de Leipzig.
Cependant, la vie juive n'est pas totalement absente pendant les siècles suivants, surtout à la période des trois foires annuelles où de nombreux commerçants juifs se rendent à Leipzig. Après la démolition de la Judengasse en raison de son délabrement, les commerçants s'installent principalement dans le Brühl, une des plus anciennes rues de la ville, située à l'intérieur des anciens remparts de la ville, et qui deviendra plus tard le centre de quartier juif. En 1673, la maison 728 (actuellement au 68 du Brühl) est connue sous le nom de "Judenherberge" (Auberge des Juifs).
Néanmoins, depuis la Réforme, seules les personnes de confession évangélique luthérienne peuvent devenir citoyens de la ville et y habiter de façon permanente.
Les marchands juifs entretiennent des lieux de prière en fonction de leur ville d'origine: les commerçants juifs de Berlin ont leur propre synagogue, de même ceux d'Hambourg. Les commerçants de Brody, à l'époque important carrefour et centre de commerce juif, qui se rendent à Leipzig, possèdent une synagogue, la Brodyer Synagoge, dès 1728, et en 1753 celle-ci s'installe dans la maison "Zum blauen Harnisch" (à l'Armure bleue), à l'emplacement actuel du 71 du Brühl.
En 1710, Gerd Levi (1659-1739), venant d'Hambourg, est le premier Juif autorisé à s'établir à Leipzig avec sa famille et ses serviteurs. Il est sous la protection directe du Prince-Électeur. En 1766, six familles juives et environ dix personnes seules, connues sous le nom de Juifs protégés (Schutzjuden), vivent de façon permanente à Leipzig.
En 1767, Elkan Herz (1751-1816) est le premier Juif autorisé à entrer à l'Université de Leipzig. En 1832, environ 140 Juifs ont l'autorisation de séjourner à Leipzig et en 1836, Veith Salomon est le premier Juif à obtenir le statut de citoyen de Leipzig.
Le 23 avril 1846, est constituée la nouvelle communauté juive de Leipzig avec l'approbation de ses statuts par le ministère de l'Éducation et de la Culture de Saxe à Leipzig. La communauté dès ses débuts fait partie de l'aile libérale du judaïsme réformé, tandis que la majorité des commerçants juifs originaires de l'Europe de l'Est est strictement orthodoxe.
En 1855, la grande synagogue communautaire est inaugurée à l'angle de la Gottschedstrasse et de la Zentralstrasse, et en 1904 la synagogue de Brody est reconstruite dans un bâtiment de la Keilstrasse. Le rabbin Ephraim Carlebach (1879-1936) fonde en 1912 la Höhere Israelitische Schule (École israélite supérieure). Le nombre de fidèles est en forte augmentation et en 1925 on compte 12 594 membres de la communauté, ce qui la place au sixième rang en Allemagne par le nombre de ses membres. Leipzig compte à cette époque treize synagogues et quatre oratoires. Lors des années suivantes, le nombre de membres diminue, mais la population juive est encore de 11 500 en été 1933.
De 1837 à 1922, parait à Leipzig le Allgemeine Zeitung du Judenthums, l'organe des Juifs allemands. Avec l'émigration de nombreux Juifs d'Europe de l'est, après la Première Guerre mondiale parait en 1924 un journal en yiddish. Depuis la fin du XIXe siècle, et plus particulièrement pendant la République de Weimar, les Juifs prennent une part de plus en plus importante dans la vie de la ville, aussi bien du point de vue économique et commercial, que dans l'enseignement et les arts.
La défaite allemande lors de la Première Guerre mondiale, l'inflation et le chômage sont des terrains fertiles pour l'antisémitisme en Allemagne. Déjà en 1925, la police de Leipzig déjoue un projet d'attentat à l'explosif contre la grande synagogue de la communauté. Des membres d'un mouvement d'extrême droite et antisémite proche d'Hitler sont arrêtés par la police et condamnés à des peines de prison. Un journal de Leipzig parle alors de "turpitude et de non-haine".
Le 9 octobre 1936, le monument en l'honneur de Felix Mendelssohn Bartholdy est détruit. Le 28 octobre 1938, 1 500 Juifs étrangers sont expulsés vers la frontière polonaise.
Lors de la nuit de Cristal, du 9 au 10 novembre 1938, la synagogue communautaire est incendiée ainsi que plus de 200 magasins et appartements appartenant aux Juifs. La population empêche les pompiers d'éteindre les incendies. Les ruines de la synagogue sont démolies aux frais de la communauté juive. Les Juifs sont obligés de se faire répertorier et d'habiter dans des maisons spécialement destinées aux Juifs. Le 1er janvier 1942 commence la solution finale pour les Juifs de Leipzig. 561 sont déportés au camp de concentration de Riga. Le dernier convoi du 14 février 1945, emporte les derniers 169 Juifs raflés par les nazis.
Quand les troupes américaines entrent dans Leipzig, en avril 1945, il ne reste plus que 24 Juifs dans la ville.
L'ancienne synagogue de Brody avec son Talmud Thora dans la Keilstrasse est la seule synagogue de la ville à ne pas avoir été détruite par les nazis, car trop imbriquée dans des immeubles d'habitation. Elle peut donc être de nouveau inaugurée dès octobre 1945. Une nouvelle communauté juive se recrée, mais dès janvier 1953, en raison d'une virulente campagne antisémite et antisioniste du gouvernement de la République démocratique allemande (R.D.A) , de nombreux membres de cette communauté s'enfuient vers l'Allemagne de l'Ouest ou émigrent en Israël ou aux États-Unis.
Après la chute de la R.D.A, la population juive recommence à augmenter avec l'arrivée de Juifs d'Europe de l'Est et le retour de certains émigrés. En 2002, la population juive de Leipzig est évaluée à 800 personnes.