Un pont en bois est un pont dont le matériau de construction est principalement le bois. Les ponts en bois jouent un rôle important dans l'architecture du Moyen Âge, leur établissement étant facile et peu dispendieux. Mais malgré l’apparition de nombreuses techniques de construction durables ultérieurement, l’utilisation du bois dans certains ouvrages a perduré jusqu’à nos jours et retrouve actuellement un certain renouveau.
Les ponts Gaulois, décrits par César, se composaient de troncs d'arbres posés à angle droit par rangées, entre lesquelles on bloquait des quartiers de roches. Ce procédé, qui n'est qu'un empilage, et ne peut être considéré comme une œuvre de charpenterie, doit remonter à la plus haute antiquité et s’est malgré tout perpétué bien au-delà du Moyen Âge puisqu’à la fin du XVIIIe siècle on construisait encore en Savoie des ponts de ce type.
Villard de Honnecourt donne le croquis d'un pont fait avec des bois de vingt pieds. Le moyen indiqué est très-simple, et rappelle les ouvrages de charpenterie exprimés dans les bas-reliefs de la colonne Trajane et de l'arc de Septime Sévère. Villard élève deux culées en maçonnerie auxquelles il scelle d'abord les chapeaux B des deux potences A. Les contrefiches de ces potences assemblées dans les poteaux D sont raidies par les moises E. Sur les chapeaux de ces potences, il élève les poteaux G, H, maintenus dans tous les sens par des croix de Saint-André. Des seconds chapeaux K réunissent la tête de ces poteaux et sont soulagés par des contre-fiches L moisées comme celles du dessous; puis, sur ces derniers chapeaux, il pose des pièces horizontales qui réunissent les deux encorbellements et les empêchent de donner du nez. Il suffisait de clouer des madriers sur les longrines. En ne prenant, pour exécuter cet ouvrage, comme le dit Villard, que des bois de 20 pieds, on peut avoir facilement un tablier de 50 pieds de long, parfaitement rigide.
Les ponts en bois n'ayant jamais qu'une durée assez limitée, il ne nous reste aucun ouvrage de ce genre qui soit antérieur au XVIe siècle, et nous ne pouvons en prendre une idée que par des vignettes de manuscrits ou des gravures des XVIe et XVIIe siècles.
Pour construire des ponts en bois, il convenait
Ce dernier parti semble avoir été adopté fréquemment pendant le moyen âge. La figure ci-contre en est un exemple. Des piles de trois rangs de pieux sont espacés de 12m,00 d'axe en axe; la tête de ces pieux, ne s'élevant pas à plus de 2m,00 au-dessus du niveau de l'eau. Des longrines étaient posées sur ces têtes de pieux, soulagées en A par les fermes B. Ces fermes, légèrement inclinées l'une vers l'autre, étaient rendues solidaires au moyen des traverses supérieures C et des croix de Saint-André D. Sur ces longrines E on posait de fortes solives F, puis les madriers formant le tablier. Ces ouvrages présentaient une grande rigidité, mais ne pouvaient subsister fort longtemps sans se détériorer, et n'étaient guère jetés que sur des cours d'eau dont les crues n'étaient pas considérables.
Pour diminuer la dépense considérable que nécessite un pont construit avec des arches de pierre, on prenait quelquefois le parti de n'élever que des piles en maçonnerie sur lesquelles on posait un tablier de bois.
Tel avait été construit le pont traversant la Loire à Nantes. Sur les avant-becs de ce pont s'élevaient de petites maisons louées à des marchands. Entre quelques-unes des piles avaient été établis des moulins. Tous les ponts bâtis très-proches des cités populeuses, ou compris dans leur enceinte, étaient en effet garnis de maisons, de boutiques et de moulins.
La place était rare dans les villes du moyen âge, presque toutes encloses de murs et de tours, et les ponts étant naturellement des passages très-fréquentés, c'était à qui cherchait à se placer sur ces parcours. Les ponts de Paris étaient garnis de maisons, et formaient de véritables rues traversant le fleuve. Ce fut même l'établissement de ces maisons dont la voirie, ne se préoccupait pas assez, qui contribua à la ruine de ces ponts. S'il fallait se maintenir sur l'alignement des deux côtés de la voie, sur la rivière, on posait des bâtisses en encorbellement, on creusait des caves et des réduits dans les piles, et les parois de ces ponts devaient bientôt se déverser. Lorsque la démolition des maisons qui garnissaient les ponts Notre-Dame et Saint-Michel à Paris fut effectuée, il fallut réparer les parements extérieurs et les tympans des arches jusqu'au droit des piles, chaque habitant ayant peu à peu creusé ces tympans ou altéré ces parements.
Du Breul, parlant du pont Saint-Michel à Paris, dit qu'il était de bois et avait été construit en 1384 par Hugues Aubriot, alors prévost de Paris. Ce pont était garni de plusieurs maisons. Le pont Notre-Dame, bâti en 1414, suivant le même auteur, d'après le rapport de Robert Gaguin «n'étoit que de bois, ayant en longueur 70 pas 4 pieds, et en largeur 18 pas: de deux costez et sur lequel estoient basties 60 maisons esgales en structure et haulteur, lequel après avoir subsisté 92 ans seulement, tumba en la rivière l'an 1499, le vendredi 25 octobre...»