Hôpital et Chapelle Saint-Julien de Laval. Cette chapelle se situe à Laval. L'hôpital a disparu et s'est nommé aussi Saint-Joseph au XIXe siècle. Quoique l'hôpital Saint-Julien soit établi hors du territoire de la Trinité, il appartient aussi à cette paroisse puisque c'est pour les besoins de ses habitants qu'il fut fondé.
La ville de Laval avait dès le IXe siècle, son église de Julien du Mans. C'était, non une église paroissiale, mais la chapelle de la Maison-Dieu, bâtie à l'extrémité du pont, du côté opposé à la ville. Cette maison hospitalière était en même temps un bénéfice assez considérable, ordinairement conféré à un personnage de distinction. Le service de l'hôpital, pour le spirituel et pour le temporel, était sous la direction d'un chapelain résidant.
Cette église, qui fut sans doute reconstruite plusieurs fois, ou du moins agrandie et modifiée, subsistait encore au XIXe siècle ; ainsi fut-elle, pendant dix siècles, le centre principal du culte de saint Julien pour toutes les populations voisines. La fête du saint patron s'y célébrait avec solennité et surtout avec un grand concours de peuple.
En 1830, l'antique église de Saint-Julien et les bâtiments presque ruinés de l'ancien hôpital ont été vendus à une société de spéculateurs qui a fait construire sur cet emplacement le bazar ou passage Saint-Julien.
On ne sait rien sur l'époque de sa fondation. Certains historiens indiquent la date au Xe siècle; mais dès le XVe siècle on avait déjà perdu tous les titres qui auraient pu faire connaître la vérité sur ce point. Tout fait croire que cette fondation fut un bienfait des seigneurs de Laval. Dans les commencements il paraît que c'était simplement une aumônerie , dans laquelle on recevait des pauvres, des vieillards, des infirmes, c'est seulement plus tard que cet établissement devint aussi une maladrerie. On l'appelait la Maison-Dieu ou l' Aumônerie de Monsieur Saint Julien.
Dans l'origine elle consistait uniquement en une salle basse au niveau de la Mayenne au bas de la Vallée de Saint-Julien. Plus tard on établit une grande salle contre la chaussée ou turcie du pont et au même niveau. Cette salle servait en même temps de logement aux pauvres et de chapelle pour le service divin. Plus tard encore, elle ne conserva que cette dernière destination et on fit construire pour les malades, en 1528, le long du mur de l'église, une sorte de galerie soutenue par des colonnes en pierres dont la base était dans la rivière.
Dans les premiers temps, cette maison était administrée par des personnes composant une sorte de confrérie, et prenant la qualité de frères et de sœurs de l'aumônerie. On ne sait rien sur leur organisation. Cette corporation fut remplacée vers la fin du XIIIe siècle par des ecclésiastiques qui formaient une sorte de chapitre, et qui eurent un cimetière particulier, qu'on appela le Cimetière-Dieu Dans le XVe siècle, ce chapitre se trouva dissous En 1431, il n'y avait plus à la tête de la Maison-Dieu qu'un ecclésiastique nommé Guillaume Porterie, qui prenait les qualités de licencié en droit, trésorier, prêtre et conseiller de Mesdames de Laval , maître et administrateur de la Maison-Dieu. Il prétendait tenir cette maison à titre de bénéfice ecclésiastique. Il ne résidait point, et déléguait à sa place un chapelain-receveur, chargé des détails de l'administration et qui lui rendait un compte en forme, comme à une autorité d'un ordre supérieur. Plusieurs maîtres administrateurs se succédèrent ainsi, et un d'eux alla jusqu'à vendre des celliers placés sous l'église; mais un de ses successeurs fit annuler cette vente.
Ce fut sous cette administration que, pendant une maladie contagieuse qui régna vers 1483 et 1484, on établit une infirmerie à la Valette Saint-Martin, où, dans le XVIIe siècle, on commença l'établissement d'une maison d'incurables.
L'administration de la Maison-Dieu fut changée au XVIe siècle. Le comte de Laval, Guy XVII de Laval, ou plutôt son tuteur car il était encore mineur, retira , le 8 février 1556 , à Geoffroy Tartroux, maître de l'aumônerie, toute autorité sur cette maison, en lui laissant sur ses revenus une pension de 100 livres. En même temps la direction de l'établissement fut confiée à deux notables bourgeois. Guillaume Tartroux s'opposa à l'exécution de cette mesure; il en résulta un procès qui ne fut terminé que par un arrêt du parlement de Paris du 27 mai 1549 L'administration fut remise à trois bourgeois nommés pour trois ans par les officiers de justice du comté , qui pour faire ce choix devaient s'adjoindre six notables habitants.
A cette époque, la Maison-Dieu donnait ses secours à domicile, et recevait des malades , mais elle n'avait encore ni médecin, ni chirurgien chargé de les soigner. Ce fut seulement en 1577 qu'un chirurgien-barbier fut attaché d'une manière fixe à ce service.
En 1584, pendant une cruelle épidémie, les administrateurs placèrent des malades qu'ils firent soigner comme dans leur établissement, à la Phelipotière, maison située dans la paroisse d'Avesnières, mais tout près de la ville
Quoique pour augmenter la Maison-Dieu on est fait construire en 1619 un bâtiment dans la Vallée de Saint-Julien et qu'on nomme la maison du Grand-Port, cependant on reconnut que le local était insuffisant, et on se détermina à former un établissement sur un plan plus vaste Nous ignorons la date de l'acquisition et des lettres patentes , mais les constructions nouvelles commencèrent en 1646, sous la direction de Sébastien Frin, l'un des administrateurs. Elles purent recevoir les malades en 1650, mais elles n'étaient pas encore achevées et ne le furent même que vers 1699; cependant dès l'année 1670, on avait pu recevoir un bien plus grand nombre de malades que dans l'ancienne Maison-Dieu, et en conséquence on avait supprimé les secours à domicile qui avaient été si long-temps en usage.
Mais l'amélioration la plus importante que reçut le nouvel établissement , c'est que le soin des malades y fut confié aux sœurs hospitalières de Saint-Joseph venues de la maison de l'Hôtel-Dieu de La Flèche. Elles n'étaient d'abord que six ; mais leur nombre ne tarda pas à s'augmenter. Un concordat avait été passé avec elles, devant Pierre Briand, notaire à Laval, le 20 juin 1648 D'après ces conventions, les sœurs ne devaient point traiter les personnes atteintes de certaines maladies et notamment de scrofules; cependant cette infirmité était très-répandue à Laval. Le bureau de l'hôpital se détermina à former pour elles un établissement séparé qui fut placé à la Valette. On lui donna le nom d'hôpital Saint-Liboire. On l'appelait aussi l'hôpital des Incurables, quoiqu'il fût destiné spécialement aux scrofuleux.
Charles Maucourt de Bourjolly dit que La Valette avait été achetée par des personnes pieuses pour former cet établissement. Nous ne connaissons pas l'époque précise à laquelle il commença , mais il existait dans les premiers mois de 1711. ; une note de M. l'abbé Duchemin Du Tertre porte que le nommé Rabbé , premier malade admis à cet hôpital , mourut le 31 mai 1711 , et fut enterré dans le cimetière de la Trinité. Il ajoute que les malades étaient soignés par la sœur Georget , jacobine, et par une Demoiselle du nom de Lilavois. Cet hôpital étant sous la direction des mêmes administrateurs et des mêmes médecins que celui de Saint-Joseph , on reconnut bientôt qu'il y avait de graves inconvénients à ce qu'ils fussent si éloignés l'un de. l'autre.
Dès le 22 décembre 1711, il fut donc résolu que les incurables seraient transférés dans un bâtiment qu'on ferait construire auprès de Saint-Julien et dans an terrain qui en dépendait. On commença bientôt les travaux, et les malades furent installés en 1714 dans ce nouvel établissement qu'on appela l'hôpital Saint-Charles.
Les religieuses répugnaient beaucoup à se charger de la direction des incurables. Elles consentirent seulement à le faire provisoirement, en attendant qu'on pût prendre d'autres mesures, elles demandaient même de temps en temps à en être déchargées. Cependant les choses demeurèrent en état jusqu'à la Révolution française.
La communauté de Saint-Joseph eut moins à souffrir que les autres établissements religieux pendant cette époque. En vertu des lois du temps, les religieuses consacrées au service des malades ne devaient point être expulsées de leurs maisons. Plusieurs des hospitalières furent incarcérées ; mais en résultat le gros de la communauté continua toujours d'occuper la maison. L'hôpital avait été déclaré hospice militaire ; il était dirigé par des employés du gouvernement, et les bonnes sœurs n'eurent plus à donner leurs soins qu'à quelques malades de la ville , qu'il leur fut permis de recevoir dans le bâtiment des Incurables. Mais après la fin de la Terreur, on leur rendit la direction de tout l'établissement.
Les religieuses rentrèrent en possession de leur église dans laquelle on avait longtemps placé des malades ; L'hôpital des Incurables ne fut point rétabli ; on se borna à recevoir pour leur vie un certain nombre de personnes des deux sexes atteintes d'infirmités permanentes , qui furent placées dans les salles communes. On permit à la communauté de placer dans le bâtiment de Saint-Charles un pensionnat de jeunes personnes dont les bénéfices se trouvaient lui être très-nécessaires.