Hypothèse Ruddiman - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Épidémies et climat

En observant plus finement l’évolution du CO depuis 2500 ans, Ruddiman constate que la tendance globale à l’augmentation est interrompue par des périodes de baisse. Deux se dégagent en particulier : une entre 200 et 600 après J.C., et une seconde plus marquée entre 1500 et 1750. Cette dernière est contemporaine avec le petit âge glaciaire, dont l’origine a été attribuée au volcanisme, à une baisse de l’activité solaire et/ou à une altération du Gulf Stream.

Selon Ruddiman, ces baisses de CO atmosphérique (et les périodes de refroidissement qui en ont résulté) sont liées aux pandémies majeures de l’histoire de l’humanité, telles que la peste noire du XIVe siècle ou les épidémies provoquées par l’arrivée des Européens aux Amériques à partir du XVIe siècle. Les pertes de population massives provoquées par ces pandémies auraient entraîné un recul généralisé et prolongé de l’agriculture, et donc une reforestation des terres abandonnées. La baisse de la consommation de bois due à la dépopulation aurait également joué un rôle. C’est cette reforestation qui aurait entraîné une augmentation de la capture du CO atmosphérique par l’effet de puits de carbone, et donc le refroidissement associé.

Une étude par D.K. Bird et J. Nevle de l’université Stanford, présentée en 2008affirme que la reforestation consécutive à l’effondrement des populations amérindiennes à l’arrivée des européens pourrait avoir provoqué le petit âge glaciaire de 1500 à 1750. Selon les estimations citées par l’étude, ces épidémies (variole, rougeole, coqueluche) auraient tué en moins d’un siècle au moins 90% des 60 millions d’habitants des Amériques. En étudiant les dépôts de charbon de bois (traces des défrichements agricoles), les auteurs constatent une augmentation jusqu’à 1500, puis une brutale chute, ne pouvant être attribuée qu’à une baisse massive de population. La reforestation ayant suivi cet abandon des terres agricoles expliquerait 13 à 50% de la baisse de la concentration du CO observée entre 1500 et 1700 dans les carottes glaciaires antarctiques, et serait donc un facteur prépondérant dans le déclenchement du petit âge glaciaire.

La glaciation évitée

Selon Ruddiman, l’accumulation de gaz à effet de serre dès les débuts de l’agriculture aurait évité à la terre le retour d’un climat froid il y a plusieurs milliers d’années. En effet, sans ce réchauffement ancien, le climat aurait poursuivi sa tendance naturelle au refroidissement due aux cycles de Milankovic, la baisse du rayonnement solaire après le pic en -11000 provoquant un retour de la glaciation comme lors des précédents interglaciaires. Cet aspect de la théorie de Ruddiman est appelé en anglais overdue glaciation.

D’après les modélisations effectuées en 2009 par Ruddiman avec John Kutzbach et Steve Vavrus, sans le réchauffement induit par l’ensemble des activités humaines (industrielles et préindustrielles), la terre aurait connu un refroidissement global de l’ordre 2.7 °C dont environ 40% imputable aux activités agricoles préindustrielles . Il serait encore plus marqué dans les régions polaires (4 à 8 °C) avec un doublement de la glace de mer dans l’hémisphère sud et un remplacement de la forêt par la toundra aux hautes latitudes. Une telle évolution aurait évidemment bouleversé les conditions de vie sur terre, avec des profondes conséquences sur l’histoire de l’humanité.

Page générée en 0.084 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise