Incident des emails du Climatic Research Unit - Définition

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Traitement par les médias

L'affaire prend rapidement une ampleur importante sur Internet. Ainsi, la recherche du néologisme « Climategate » sur Google atteint pendant la dernière semaine de novembre 2009 une popularité correspondant à 40 % de celle de « global warming » (« réchauffement climatique »).

Dès le 20 novembre, un blog du Telegraph (dans lequel James Delingpole introduit le néologisme « Climategate ») puis la BBC publient un premier article. La presse anglo-saxonne publie des articles d'opinions diverses, certains très critiques contre les climatologues concernés à qui ils reprochent de graves manquements déontologiques, y compris sous la plume de journalistes qui avaient jusque là activement relayé les positions de ces scientifiques. Les débats enflamment essentiellement les media anglo-saxons, alors qu'en France, la plupart des grands médias restent réservés sur l'importance à accorder aux courriels incriminés. Le 4 décembre, l'AFP publie sa première dépêche sur le sujet, soulignant la proximité de la divulgation des courriels avec le sommet de Copenhague. La faible importance accordée au sujet en France a suscité l'étonnement de certains journaux. Néanmoins, les débats restent passionnés lorsque le sujet est abordé.

En juillet 2010, à l'issue de la publication du rapport d'une commission d'enquête indépendante, plusieurs média soulignent le caractère infondé des accusations portées.

Prises de position

Nature

Le journal Nature estime dans son éditorial du 3 décembre 2009 qu’« une lecture attentive des courriels ne révèle rien qui corrobore les théories conspirationnistes des climato-sceptiques ». La revue déclare également :

« Cette interprétation paranoïaque serait risible si ce n'était son utilisation probable l'année prochaine par les politiciens obstructionnistes du Sénat américain comme excuse pour renforcer leur opposition à la loi vraiment nécessaire sur le climat. »

Cet éditorial répond également aux accusations concernant l'un des courriels mis en cause, dans lequel il est question d'une « astuce » :

« Un email parlait de présenter les données en utilisant une « astuce » — argot pour une technique habile (et légitime), mais un mot que les sceptiques ont utilisé pour accuser les chercheurs de fabriquer leurs résultats. La politique de Nature est d'investiguer ce type de pratiques lorsqu'il y a des raisons sérieuses de douter, mais rien de ce que nous avons vu pour l'instant dans les courriels ne permet d'instaurer un tel doute. »

Scientifiques

Mario J. Molina

Le 4 décembre 2009, 29 chercheurs américains, dont le Prix Nobel de chimie Mario J. Molina, ont publié une lettre ouverte au Congrès américain indiquant que « le contenu des courriels volés n'a aucun impact sur la compréhension globale du fait que l'activité humaine nous entraîne vers des niveaux dangereux de réchauffement global », et affirmant que « les opposants à une action contre le changement climatique ont déformé à la fois le contenu et l'importance des courriels volés afin d'obscurcir la compréhension par le public de la science du climat et des processus scientifiques ».

Mike Hulme

De son côté, Mike Hulme, ancien directeur-fondateur du Centre de Recherche Tyndall du Royaume Uni, et au moment des faits professeur de changement climatique à l'Université d'East Anglia, estime que l'incident révèle une fracture entre le monde scientifique et le grand public :

« Cet événement pourrait être le signal d'une fracture qui permet d'amorcer une restructuration de la connaissance scientifique sur le changement climatique. Il est possible que certains domaines de la climatologie se soient sclérosés. Il est possible que la climatologie soit devenue trop partisane, trop centralisée. L'aspect tribal de quelques uns des courriels résultant de la fuite, montre quelque chose qui est plus habituellement associé avec une organisation sociale au sein de cultures primitives. Il n'est pas plaisant de découvrir que ces pratiques ont cours au sein même de la science »

.

Mike Hulme évoque également une possible fin du Giec, porteur d'une politisation de la climatologie et favorisant les dérives autoritaires au sein de la science.

« Il est aussi possible que l'innovation institutionnelle qu'a été le Giec a fait son temps. Oui il y aura un AR5 mais dans quel but ? Le Giec lui-même, à travers sa tendance structurelle à politiser la science du changement climatique, a peut-être aidé à faire naitre une forme plus autoritaire et intolérante de production de la connaissance – au moment même où la mondialisation et la culture cosmopolite télécommunicante demande à la science quelques chose de plus ouvert et inclusif »

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