Joseph Colomb - Définition

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Le Catéchisme progressif

Diagnostic

Joseph Colomb ne fut pas le créateur du mouvement catéchétique en France ni en Europe. Depuis le début du XXe siècle, des recherches nouvelles européennes puis françaises commencèrent à se développer. D'abord, un renouveau pédagogique influencé par les théories de l'école nouvelle, puis un renouveau biblique et enfin liturgique. Le génie de Joseph Colomb fut de faire la synthèse de ces mouvements divers.

Ses propositions reposaient sur un diagnostic. La société française n’est plus imprégnée par la culture chrétienne, ce qu'il nomme le catéchuménat social. Or, l'invention du catéchisme par Luther et les catholiques au XVIe siècle reposait sur cet à priori nécessaire. Le catéchisme se présentait comme l’intelligence d’une foi vécue par toute la société de l’époque. A partir du moment où cette foi n’imprégnait plus suffisamment la culture française, le catéchisme par question-réponse ne pouvait à lui seul remplir son office de transmettre la foi catholique. La tâche du catéchiste devenait complexe. Il ne s’agit plus seulement d’instruire sur la foi mais aussi de faire mûrir cette foi. Ainsi, dans le Catéchisme progressif, il sollicita les ressources bibliques, liturgiques et dogmatiques dans une pédagogie plus active. Jamais Joseph Colomb n’avait émis le souhait de supprimer tout enseignement ni de soumettre la doctrine catholique à des théories pédagogiques.

Nouveau catéchisme

Joseph Colomb est désormais considéré comme maître en pédagogie religieuse et son catéchisme a eu une grande influence sur l'Église de France. Le catéchisme progressif est basé sur les La Bible, initiant les jeunes catholiques à toute la foi chrétienne. Ouvert sur l'œcuménisme, il leur donne une connaissance de la Bible et de la liturgie par une approche pédagogique inspirée à la fois des principes de la pédagogie active et du renouveau catéchétique du début du XXe siècle. L'apport théologique de Colomb était de comprendre la doctrine sous trois formes différentes : toute la vérité de la foi est contenue dans la Bible, mais également dans la liturgie et dans la théologie dogmatique, à chaque selon une manière différente.

Joseph Colomb s'inscrit dans le mouvement bibliste de la catéchèse dont la voie avait été ouverte par des catéchètes comme Germaine Gahery qui avait déjà publié en 1919 La plus belle histoire, voie soutenue dès 1923 par Mgr Maurice Landrieux, évêque de Dijon, et poursuivie par l’abbé Eugène Charles, chargé du cours à l’Ecole Normale catholique de jeunes filles à Paris, et son ouvrage Le catéchisme par l’évangile. Mais aussi par les grands biblistes sulpiciens comme les Pères Albert Gelin et André Robert.

Joseph Colomb s'inscrit aussi dans le mouvement de renouveau liturgique à la suite de Romano Guardini, Odon Casel ou Louis Bouyer. Il travaillait aussi avec Hélène Lubienska de Lenval et Françoise Derkenne sur une catéchèse plus liturgique et cela influença aussi le catéchisme progressif et son grand ouvrage en 3 volumes : Aux source du catéchisme.

Joseph Colomb s'inspirera des apports pédagogiques de l’œuvre de Marie Fargues auquel il se référera dans ses propres manuels demeurant cependant moins consensuel que cette dernière du point de vue doctrinal. Dans un livre intitulé Plaie ouverte au flanc de l’Église paru en 1954, il définit les contours de son catéchisme, qui couvre les âges de sept à quatorze ans. Il définit cinq lois pour un véritable « enseignement didactique éducatif » :

  1. - il doit tenir compte des possibilités de l’enfant et du jeune ;
  2. - il doit tenir compte de la nature propre du message transmis ;
  3. - il doit tenir compte du but poursuivi qui est la foi vive, capable d’agir par la charité
  4. - il suppose la conscience claire de ce qu’est ou doit être l’expérience religieuse de l’adulte ;
  5. - il estime comme secondaire la question des manuels, de mémoire et de contrôle.

Réception

Parce qu'il fait appel aussi à l'expérience religieuse en pensant que cela remettant en cause les dogmes, le catéchisme de Joseph Colomb sera condamné par la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1957, qui reproche l'omission de vérités surnaturelles fondamentales comme le péché originel, la divinité de Jésus ou sa mission de Rédemption, ce que Colomb réfuta toujours avec juste raison. Si le Catéchisme progressif fut la cible des intégristes français du Saint Office et des quelques évêques français, c’est qu’il rendait second le texte du Catéchisme national. Or, pour le Saint-Office, l’accès à la Révélation de Dieu passait par le texte du catéchisme compris comme quasi sacré.

Toutefois, Joseph Colomb sera défendu par plusieurs personnalités de l'épiscopat français tels l'archevêque d'Aix, Charles de Provenchères, le cardinal Achille Liénart de Lille ou encore l'archevêque de Paris Maurice Feltin, agacé de l'attitude des prélats romains envers la France dont ils méconnaissent, à ses yeux, les réalités. Le cardinal Pierre Gerlier de Lyon alla défendre l'ouvrage à Rome et en sauva en l'essentiel, tandis que Jean-Marie Villot, secrétaire de l'épiscopat, prend partie pour la méthode Colomb. Ses soutiens permirent un adoucissement des sanctions romaines. Ses positions catéchétiques seront ainsi vite réhabilitées par le directoire de pastorale catéchétique de 1963 (écrit par le cardinal Jean Honoré) qui reprendra à son compte les grandes idées catéchétiques de Joseph Colomb. De même les options théologiques de ce dernier sur la Bible et la liturgie se verront confortées par le Concile Vatican II (1962-1965) notamment dans la constitution sur la Parole de Dieu, Dei Verbum.

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