Lin cultivé - Définition

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Traitement des fibres

Rouissage

À maturité le lin est arraché, et non pas fauché, puis couché dans le champ en andains. Commence alors la période du rouissage.

Le rouissage est la dissociation des parties fibreuses de la plante par élimination de la pectose qui soude les fibres (filasse) à la partie ligneuse, par l'action combinée du soleil et de la pluie.
Le rouissage nécessite suffisamment d'eau pour que la sève et les résines qui collent les fibres entre elles disparaissent, mais pas trop pour que les fibres demeurent intactes.

Le rouissage est une opération très importante de la production de lin. C'est lui qui détermine en grande partie la qualité du lin. Il existe plusieurs techniques de rouissage. Traditionnellement, en Belgique et en France, le rouissage s'effectuait en rivière, où l'on faisait tremper les bottes, ce qui donnait à l'eau une couleur rousse et une odeur nauséabonde, provoquées par la décomposition bactérienne ; cette technique a été interdite par l'Union Européenne pour des raisons environnementales. Le rouissage à l'eau en cuve, quant à lui, a quasiment disparu depuis les années 1980. Le rouissage à l'eau donnait une toile plus blanche et un résultat moins aléatoire que le rouissage à l'air (sur le champ).

Pour l'anecdote, dans l'Oise, on rouissait le lin dans des bassins creusés dans le sol, qui s'appelaient en patois "Poc à Lin" (Poche à lin). Ce nom est à l'origine de celui de Poclain, célèbre constructeur aujourd'hui disparu, de pelleteuses hydrauliques au Plessis-Belleville.

On est alors revenu à la technique la plus simple, le rouissage sur le champ, où le lin est étendu sur le sol pendant plusieurs semaines. Mais, elle est tributaire du temps qu'il fait. Si le lin est trop roui, il doit ête obligatoirement brûlé dans le champ, car les fibres pourrissent difficilement et lentement, et favorisent ainsi l'éclosion de maladies pour la culture suivante. Si le lin n'est pas assez roui, il n' est pas teillable, et donc invendable.

Le vent est également un ennemi du lin lors du rouissage. Quand il souffle trop fort, le lin est emporté vers l'extrémité du champ.

Toutes ces difficultés font que la production de lin est limitée à certaines régions, et est très hétérogène d'une parcelle à l'autre (un orage localisé suffit pour altérer la qualité). Comme pour le vin, on parle souvent de cru et de terroir pour le lin.

La forte probabilité d'une mauvaise récolte, on parle en effet d'une bonne récolte tous les dix ans, voire la possibilité de tout perdre font du lin une culture peu intéressante d'un point de vue purement économique. Par contre, le lin est une tête de culture qui procure une terre de meilleure qualité pour les récoltes de plantes plus faciles.

Teillage

Teillage du lin en Russie, en 1910.

L'étape suivante est le teillage. Le teillage est la séparation des fibres du bois de la plante. Le mot vient de tilleul, le teil, instrument manuel à levier utilisé pour briser le bois et extraire les fibres.

Lors du teillage, les graines de lin sont récupérées, puis la tige est battue pour enlever le bois. Les morceaux de bois récupérés sont appelés les « anas ». Les fibres ainsi récupérée sont séparées en fibres longues et en fibres courtes (les « étoupes »).

PROCÉDÉ DU TEILLAGE :

Après la récolte les pailles de lin sont travaillées tout au long de l’année dans les usines de teillage. Cette première transformation de la paille a pour but d’extraire les fibres des tiges rouies.

Arrivées à l’usine, les pailles sont déroulées et étalées sous forme d’une nappe. Le travail de l’opérateur est très important pour obtenir une nappe bien régulière, dont la densité est d’environ 2 kg par mètre linéaire.

Les tiges passent dans un égaliseur pour être organisées en parallèles.

Lors de l’étirage, l’épaisseur de la nappe diminue progressivement par le passage entre des disques dentés. et sa vitesse de progression est multipliée par huit.

Les pailles sont ensuite broyées par des cylindres cannelés, à grosses dentures au début puis à fines dentures par la suite. Elles passent sous les cannelures des rouleaux avec un angle proche de 90°, pour rendre le broyage plus efficace. Cette opération se fait alternativement du côté pied, le bas de la tige, et du côté tête, le haut de la tige. Les fragments de pailles, appelés anas, sont récupérés par aspiration.

Lors de l’écangage, les fibres sont nettoyées par des tambours, munis de lames de faible épaisseur. Elles frottent les tiges à une vitesse proche de 200 tours/min. Cette vitesse est adaptée en fonction des caractéristiques de chaque lot de paille. L’opération est effectuée successivement du côté pied et du côté tête.

Les fibres courtes, ou étoupes, moins résistantes, sont récupérées par aspiration sous la teilleuse. Le restant des anas est décollé en même temps.

En bout de ligne, les opérateurs font un tri afin d’homogénéiser les lots. Le lin teillé, ou à fibres longues, est conditionné en balles ou en rouleaux d’environ 100 kg.

Ces fibres longues représentent 20 à 25 % de la plante. Un hectare de lin produit en moyenne entre 1 200 et 1 400 kg de lin teillé.

Les anas et les étoupes sont ensuite séparés par un secoueur.

Peignage

Le peignage est la seconde transformation du lin. C’est la préparation du lin teillé pour pouvoir être filé. Les faisceaux de fibres vont être divisés et mis en parallèle.

L’opérateur forme une nappe à partir du lin teillé. Celle-ci doit être la plus régulière possible pour que le peignage soit réalisé dans de bonnes conditions.

Les peignes sont garnis d’aiguilles de plus en plus fines, et sont supportés par des tabliers rotatifs.

Les fibres vont être divisées de plus en plus finement au cours de leur progression.

Le peignage des pieds est réalisé en premier, puis dans un deuxième temps, celui des têtes.

À la sortie de la peigneuse, les fibres sont présentées en poignées par l’action du séparateur, qui intervient entre le travail des pieds et celui des têtes.

Une pince les saisit et les dépose de manière à ce qu’elles se chevauchent sur une étaleuse.

Des barres munies de pointes appelées gills permettent de maintenir les fibres parallèles, et de contrôler leur masse pendant qu’elles sont étirées par un rouleau en bois.

Un ruban de lin peigné est ainsi formé.

Les pots de ruban pressé, aussi appelés bumps, d’une longueur de six cents mètres à un kilomètre, selon les spécifications des clients, sont identifiés et conditionnés pour être expédiés vers les filatures.

Utilisations

Les fibres peuvent être ensuite cardées, peignées et mises en ruban. Les caractéristiques techniques de la fibre de lin sont assez exceptionnelles. Le lin peut absorber beaucoup d'eau. C'est une fibre très résistante et très fine. Elle a l'avantage, par rapport à ses concurrentes synthétiques, de ne pas souffrir des rayons UV du soleil.

Les fibres longues, la partie la plus noble, deviennent la toile de lin, utilisée pour la confection de luxe. Mais le lin est défavorisé car sa filature nécessite des machines pour fibres longues, plus rares, et plus coûteuses, que les machines pour fibres courtes, comme celles du coton et de la laine. Il existe néanmoins des procédés pour couper les fibres en morceaux de quelques centimètres pour les traiter sur les métiers à tisser le coton.

Les fibres courtes, ou « étoupes », étaient valorisées en papier ou en ficelle. De nouveaux débouchés techniques sont apparus, tirant parti des qualités du lin. Ainsi on trouve, selon leur qualité, des étoupes de lin dans le rembourrage de sièges (le lin absorbe la transpiration), ou comme charge dans les moulages du plastique, pour améliorer sa solidité, en remplacement de la fibre de verre (dans les pare-chocs d'automobiles, par exemple). Des applications nouvelles, en non-tissé, apparaissent dans la fabrication de membranes respirantes pour les bâtiments, des écrans de sous-toiture, ou des "house-wrapping".

Les "anas", ou "paillettes de lin", qui représentent 50 % de la plante seront valorisés dans la fabrication de panneaux en aggloméré, ou en litière pour chevaux et animaux domestiques (toujours pour les capacités d'absorption du lin), ainsi qu'en tant que couvre-sol en horticulture, ou comme matière isolante.

Le lin est riche en acide linoléique (ALC), et constitue la plus importante source végétale d'oméga-3. L'huile, ou les graines de lin peuvent intervenir dans l'alimentation humaine. Les graines servent également pour l'alimentation animale, et enrichissent ainsi la viande, le lait ou les œufs en oméga-3.

Elles contiennent aussi des lignanes, composés phénoliques, dont certains comme le lignane principal du lin, le SDG, sont des phytoestrogènes "faibles" qui font que le lin (graines ou téguments de la graine) est vendu comme alicament.

Son huile est également utilisée dans la fabrication des peintures.

L'huile de lin est également utilisée pour fabriquer le linoléum, revêtement de sol très répandu, isolant, et facile à entretenir.

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