Marie-Fernand | |
Gréement : | voiles auriques |
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Débuts : | 7 juillet 1894 |
Longueur hors-tout : | 15,30 m |
Longueur de coque : | 13,80 m |
Maître-bau : | 4,25 m |
Tirant d’eau : | 2,50 m |
Voilure : | 213 m² (grand voile de 100 m²) |
Équipage : | 8 à 12 |
Tonnage : | 35 Tx |
Vitesse : | 10 nœuds |
Motorisation : | 50 cv (remotorisé à 115 cv) |
Chantier : | Abel Lemarchand (Le Havre) |
Armateur : | Association L'Hirondelle de la Manche France |
Port d’attache : | Le Havre |
Marie-Fernand est un voilier, cotre-pilote, de 1894 typique de la Manche, restauré en 1984 et 2004, basé au Havre. Il est l'un des plus vieux bateaux de travail naviguant encore en France. C'est aussi le dernier cotre pilote du Havre sur la quarantaine d'unité que comptait ce type de bateau.
Marie-Fernand fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 9 juin 1986.
Marie-Fernand est construit sur les chantiers Abel Le Marchand du Havre et lancé le 7 juillet 1894 avec l'immatriculation H 23 (H pour Le Havre). Une quinzaine de jours plus tard, il remporte la très convoitée coupe des bateaux pilotes aux grandes régates du Havre. Il fait 20 ans de pilotage avec son premier propriétaire Eugène Prentout et son successeur Gaston Maillard (à partir de 1909 ), du nord jusqu'au Cap Gris-Nez et dans l'Ouest passé les roches des Casquets jusqu'en 1914 où il est désarmé. Le nom du bateau vient des prénoms accolés des deux enfants de M. Prentout. Ce denier avait reçu la légion d'honneur pour avoir sauvé avec son bateau 7 marins de la goélette française "Marthe".
A partir de 1917, consécutivement à son remplacement par un bateau à vapeur, il entame une carrière de bateau de pêche, racheté par Louis Chégaray qui le revend à M. Maréchal, armateur. Les patrons pêcheurs sont MM. Avisse, Droguenbrat et Tribhou.
Marie-Fernand est ensuite cédé à un plaisancier britannique M. Steward en 1922 qui le fait croiser en Cornouailles et dans le canal Saint-Georges, puis il se retrouve en Écosse avec son nouveau propriétaire Archibald Cameron. Il est alors rebaptisé Marguerite 2 puis Léonora. Il fera un cours passage dans la Navy comme navire d'observation sous le commandement du fils de M. Cameron avant de retourner à la plaisance avec Ronald Barge. Le bateau se retrouve finalement en possession de Peter Gregson, un courtier maritime de Salcombe (South Hams).
En 1984, un groupe de havrais envisage de construire une réplique du Marie-Fernand, sans savoir que l'original existait toujours. Le propriétaire anglais se manifeste et le propose à la vente. Après d'âpres négociations, la transaction s'opère. Au total, Marie-Fernand aura donc passé plus de 60 ans en Grande-Bretagne avant d'être racheté par l'association L'Hirondelle de la Manche créée pour l'occasion. Le nom de l'association vient de ce que l'on surnommait justement ce type de cotres-pilotes « Hirondelles de la Manche » en raison de leur caractère véloce et élégant. L'ancien cotre-pilote entame ainsi une quatrième carrière en tant que voilier du patrimoine porteur des traditions havraises.
Classé monument historique en 1986, et rapidement restauré avec l'aide d'un lycée professionnel, Marie-Fernand participe à divers rassemblements : aux Voiles de la liberté en 1989 puis à l'Armada de Brest en 1992, 1996, 2000 et 2004, l'Armada de Rouen en 2003, Douarnenez en 1998 et 2002, Le Tréport, Dieppe, Caen, Honfleur, Gravelines, Saint-Valery-en-Caux, Boulogne-sur-Mer, Saint-Vaast-la-Hougue, Fécamp, Mer en Fête au Havre et toutes les manifestations à caractère nautique ou culturel organisées au Havre. Il embarque également des lycéens du Havre, des handicapés en fauteuils roulants, et de nombreux admirateurs de vieux gréements. Pour son centenaire en 1994 il régate dans la baie du Havre, barré par Éric Tabarly, président d'honneur de l'association. En 2001, il vient à son tour célébrer le centenaire du trois-mâts Duchesse Anne à Dunkerque.
A partir de 2004, le vieux bateau fait l'objet d'une refonte complète par le chantier du Guip à Brest, soutenue par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Haute Normandie, le Conseil Général de Seine-Maritime, la ville du Havre et de nombreux mécènes. La restauration a nécessité une reconstruction à l'identique de certaines parties (étrave, étambot, quille, couples, bordés) et un démontage du pont notamment. Elle a coûté 370 000 euros, résultant de financements publics et des fonds propres de l'association, complétés par le produit de souscriptions, l'une en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, l'autre encore en cours, spécialement pour financer la nouvelle motorisation. Les bénévoles ont réalisé beaucoup de travaux par eux-mêmes. Par exemple, le nouveau guindeau a été notamment reconstitué à partir d'un treuil de ferme acheté dans l'est de la France. Par ailleurs, la propulsion mécanique sera notablement améliorée : une nouvelle hélice à pas variable Max-Prop; un nouveau moteur, un Nanni Diesel de 115 cv, dont l'installation nécessite de prendre en compte le fait que le bateau n'est pas motorisé dans l'axe. Son moteur est ainsi déporté à tribord pour éviter un perçage qui fragiliserait la coque. Enfin le nouveau réservoir de gazole a été réalisé par la section chaudronnerie du Lycée Jean Guéhenno.
Marie-Fernand ainsi rénové est lancé le 13 juillet 2008 pour Brest 2008 en présence de la veuve d'Eric Tabarly mais les finitions s'opéreront à quai à Brest (remotorisation et installation du mât venu de Normandie), avant que le bateau ne rejoigne son "havre" en juillet 2009 pour terminer les aménagements intérieurs pour une fin de chantier estimée à l'été 2010. Pour ce faire, il est stationné dans le bassin de l'Eure à couple du bateau-phare Havre III. Cependant, en 2009, il participe déjà aux manifestations havraises : la coupe Virginie Heriot les 29/30 août, la Fête de la mer, la journées du patrimoine en septembre où il a reçu le prix du Yacht Club De France, la semaine dédiée à la Transat Jacques Vabre début novembre ainsi que la traditionnelle fête de la crevette à Honfleur.