Millepertuis perforé - Définition

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Utilisation en médecine

Histoire

L'usage médicinal du millepertuis (Hypericum perforatum) remonte à au moins 2400 ans, date où Dioscoride le préconisait dans ses ordonnances.

Réputé au Moyen Âge pour éloigner la mélancolie, le millepertuis avait aussi pour nom « herbe de Saint-Jean » (St John's wort en anglais) ou « chasse-diable ».

Inscrit à la pharmacopée française en 1818, il tomba dans l'oubli à la fin du XIXe siècle (où il fut relégué dans les "remèdes de grands- mères"). La pharmacologie moderne redécouvre seulement une à une, l'ensemble de ses propriétés thérapeutiques notamment antivirales (propriétés autrefois appelées "vertus"...).

Parties actives

Les sommités fleuries, cueillies au début de la floraison et séchées. Les fleurs doivent contenir 60 à 70 % de capsules immatures.

Propriétés

Le millepertuis est utilisé en médecine pour ses effets :

  • antidépresseur dû principalement à l'hyperforine (en usage interne et au long cours). Le millepertuis semble plus efficace que le placebo dans cette indication et pourrait être comparable aux médicaments antidépresseurs. Il est également assez communément utilisé dans les troubles déficitaires de l'attention de l'enfant, du moins aux États-Unis avec, cependant, un effet contesté.
  • vulnéraire, émollient et adoucissant cutané (en usage externe et immédiat).

La plante entière, les fleurs ou les feuilles sont également utilisées en traitement cutané pour leurs vertus apaisantes, mais elles peuvent provoquer des réactions de photosensibilisation.

Les fleurs de millepertuis servent, par macération dans l’huile, à la préparation de l’huile de millepertuis, une huile rouge, qui est renommée pour le traitement des brûlures et des contusions. Elle ne doit pas être employée pendant l'exposition solaire pour les raisons indiquées ci-dessus, mais comme après-soleil.

Il est aujourd'hui autorisé à la vente en tant que médicament, comme en Allemagne depuis 1984, car de nombreuses études cliniques ont prouvé son efficacité. La dernière étude publié en 2005, montre que le millepertuis est aussi efficace sur la durée que l'antidépresseur de référence (l’Imipramine ), mieux toléré et avec moins de risques de rechute.

Une étude plus récente a conclu que le millepertuis possédait aussi une efficacité légèrement supérieure à la Fluoxétine. Les résultats ne concernent que les dépressions légères. Il reste absolument impératif de consulter un médecin qui diagnostiquera le type de dépression et proposera le traitement adapté.

Habitat

Plante sauvage, héliophile et calcicole. Les bords des chemins, les lisières de forêt, prairies et talus secs, clairsemés et calcaires constituent ses habitats préférés. Le millepertuis craint l'ombre et l'humidité. On le trouve dans toute l’Europe, en Asie, en Afrique du Nord et en Amérique du Nord. Il est actuellement importé, en tant que remède, des pays d’Europe de l’Est et du Sud-Est (Bulgarie, Pologne, Roumanie, Ukraine…).

Effets secondaires et contre-indications

Le millepertuis est un inducteur du cytochrome p450, ce dernier étant un système enzymatique qui intervient dans le métabolisme de nombreux médicaments. Par ce biais, il peut diminuer l'efficacité de nombreux traitements.

La seule contre-indication sérieuse relève des problèmes cardiaques que la prise de millepertuis peut accentuer (palpitations, arythmie, etc.) et il convient donc d'être très prudent lors d'utilisations parallèles avec des anti-dépresseurs ou des neuroleptiques.

Pharmacologie

Caduceus.svg Millepertuis (extrait sec)
Noms commerciaux :
  • Arkogélules Millepertuis® (France),
  • Elusanes Millepertuis® (France),
  • Hyperiforce® (Suisse),
  • HyperiMed® (Suisse),
  • Hyperiplant® (Belgique, Suisse),
  • Hyperval® (Suisse),
  • Jarsin® (Suisse),
  • Libertin® (Suisse),
  • Lucilium® (Suisse),
  • Mildac® (France),
  • Milperinol® (Belgique),
  • Perika® (Belgique),
  • Procalmil® (France),
  • ReBalance® (Suisse),
  • Remotiv® (Suisse),
  • Solevita® (Suisse)
Classe :
Antidépresseur
Autres informations :

Le millepertuis agirait au niveau neuronal en inhibant la recapture de certains composants, comme la dopamine, la sérotonine et la norépinéphrine, ce qui expliquerait son action dans la dépression.

Le millepertuis comporte un très grand nombre de composés actifs. Parmi les très nombreuses molécules actives identifiées (en fait des pigments), l'on retrouve principalement les groupes suivants :

  • L’hypéricine et ses analogues typiques du genre Hypericum, ce sont des naphthodianthrones proches de l’hypéricine (de radical hydrogéné, R = H) : protohypéricine (R = H), ou de radical hydroxylé : pseudohypéricine (R = OH), cyclopseudohypéricine, pseudoprotohypéricine (R = OH), etc.

Attention, ces composés d'un rouge intense ont des propriétés phototoxiques. Des bovins en ayant consommé jusqu’à 7 g (dose estimée) ont présenté des symptômes phototoxiques à type de bulles ou de brûlures, pouvant aller jusqu'à la mort. Mais les doses utilisées en médecine humaine sont 50 fois plus faibles, ce qui élimine, de principe, les complications phototoxiques. Cependant les patients absorbant plus de 100 mg de principe actif par jour, doivent éviter toute exposition solaire intense et/ou prolongée.

  • les dérivés du phloroglucinol avec l’hyperforine ;
  • les flavonoïdes, mais aussi les biflavones avec l’amentoflavone ;
  • les caroténoïdes : responsables de la coloration jaune des fleurs de millepertuis, ce sont des xanthophylles liposolubles souvent combinés à l’acide myristique. Ces xantophylles hydroxylés de type lutéine peuvent aussi être : monoépoxydés avec la trollixanthine et le trollichrome ou diépoxydés comme la violaxanthine et la lutéoxanthine,

Le groupe des xantophylles époxydés représente 95 % des pigments liposolubles.

  • les procyanidines ;
  • et certainement encore d'autres substances encore à identifier.

La recherche et l'analyse concernant l'ensemble de ces composés est actuellement en plein essor notamment en Europe et en Amérique du Nord. Mais trouver une nouvelle molécule en laboratoire, ne signifie pas trouver une nouvelle molécule active. Pour ce faire, des études cliniques portant sur de larges groupes de patients sont nécessaires. Le but final étant évidemment pour l'ensemble des laboratoires, la recherche et la découverte d'une molécule originale, brevetable et donc exploitable commercialement. En fait, il semble qu'en 2005, nous en sommes face au millepertuis au stade où en était Bayer face à l'écorce de saule en 1865. Mais il est vrai que le produit apparaît beaucoup plus complexe, ceci malgré l'emploi de techniques innovantes et hautement performantes, comme la Chromatographie Liquide Haute Performance (CLHP), la BSM (Biologie supra- moléculaire), etc.

De nombreuses interactions médicamenteuses sont répertoriées pour le millepertuis. Déconseillé avec d'autres antidépresseurs (risque d'apparition d'un syndrome sérotoninergique), la plante est contre-indiquée pour certains médicaments métabolisés par l'une des principales isoenzymes des cytochromes P450 (CYP3A4). Ainsi, la plante est à proscrire en cas de traitements par :

Et elle est déconseillée en cas de traitements par : Digoxine, théophylline, phénytoïne, contraceptifs oraux (risque de grossesse).

Le millepertuis peut, chez certaines personnes, exacerber les émotions. Il peut également inhiber l'effet de médicaments comme la digoxine, la théophylline, les anticoagulants à base d'anti-vitamine K, des contraceptifs oraux et certains antidépresseurs, ou d'autres moins utilisés comme la ciclosporine, des traitements contre l'infection à VIH (sida) comme l'amprénavir ou l'indinavir, ou certains anticancéreux.

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