Modèle christallérien - Définition

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Les impasses générées par l’utilisation historique des schémas

À l’inverse, une étude réalisée pour les « bourgs » de la Suisse occidentale du Xe au XVe siècle en acceptant dans leur intégralité la théorie des lieux centraux et les schémas de fonctionnement triangulo-hexagonaux proposés pas Walter Christaller a montré qu’elle ne peut être utilisée de manière scientifiquement valable.

En effet, les résultats sont les suivants : 1) Il est impossible de déduire la répartition « centrale » des bourgs considérés comme potentiellement « centraux » en dépit de la formulation de cinq hypothèses « empiriques » valables uniquement pour l’espace de Suisse occidentale à l’époque étudiée et de deux hypothèses ad hoc valables seulement pour la théorie des lieux centraux. 2) Le pourcentage des lieux complètement excentrés qui ne sont pas au niveau où la théorie prévoit qu’ils devraient être est de 30 % au niveau 1, 28 % au niveau 2 et 42 % au niveau 3. Seulement 28 % des lieux les plus importants sont situés au niveau 4 là où la théorie les prévoit en vertu de l’évolution chronologique séculaire. En plus, il n’y pas concordance entre les effectifs de population, les superficies cultivées des hexagones dans lesquelles se trouvent ces populations, les niveaux spatiaux et les degrés hiérarchiques des bourgs.

Aucune théorie à prétention scientifique ne peut résister à une telle accumulation d’erreurs. Le système des lieux centraux est invalidé.

Walter Christaller n’a pas vérifié la validité de ses schémas en Allemagne du Sud

Walter Christaller n’a pas réussi à valider cette représentation dans ses recherches et retrouver dans le sud de l’Allemagne au XXe siècle la répartition géométrique triangulo-hexagonale prévue par sa théorie. Exposée de manière triangulo-hexagonale, la « théorie des lieux centraux » a donc été invalidée pour l’époque contemporaine par Walter Christaller. Il a certes affirmé le caractère « anormal » du résultat de ses observations en Allemagne du Sud et il a donc contribué à « normaliser » les espaces conquis à l’Est par le Troisième Reich. Dans le Warthegau partie annexée de la Pologne occidentale il a participé à la planification spatiale des exterminations-déportations des habitants dans les villages « à ramener (abwerten) à la dimension typique » afin de pouvoir créer (Neugründung), et « développer (entwickeln) jusqu'à la taille typique » des villages principaux de 600 habitants en y installant des « Allemands de souche ». Il a également proposé en Haute Silésie annexée de « rétrograder à leur juste taille » des villes existantes et de créer une ville de 450 000 habitants « centre culturel [...] servant de lien entre Breslau et Vienne ». Peu importait que la théorie sous-tendant ces plans criminels soit scientifiquement erronée : la force militaire, la violence policière, la déportation et l’extermination permettaient de créer une table rase sur laquelle les schémas théoriques pouvaient être réalisés.

Après Walter Christaller, aucun géographe n’a pu trouver dans le monde un réseau de lieux centraux disposés en hexagones réguliers et obéissant aux trois « principes de fonctionnement » déduits grâce à leurs positions sur les schémas théoriques triangulo-hexagonaux. Pratiquement, les schémas ne sont plus utilisés que pour suggérer (non sans difficultés) une « image idéale » baptisée « modèle » de la concentration des activités dans certains lieux habités qualifiés de « centraux ».

Cependant, si cette pseudo théorie scientifique n’est pas valable pour le XXe siècle et encore moins pour le XXIe siècle, pourquoi ne le serait-elle pas dans les périodes historiques antérieures, à l’époque moderne et au Moyen Âge, périodes pendant lesquelles, en Europe, les lieux habités ont des chiffres de populations moins contrastés ? Beaucoup d’historiens se sont essayés à cette tâche en refusant d’utiliser la théorie dans son intégralité et en y choisissant ce qu’ils y estimaient comme valable. Pour ce faire, ils ont dissocié l’image théorique de ses principes de fonctionnement. Ceci étant, même les plus convaincus de la validité de ce qui restait de la théorie ont constaté trois choses : 1) il impossible de trouver des figures hexagonales régulières en tirant des lignes droites entre les lieux centraux ; 2) les figures irrégulières obtenues ont très rarement six côtés, mais plus généralement, quatre, cinq, sept côtés ou plus ; 3) ces figures forment des espaces cellulaires séparés par des espaces vides peu ou pas intégrés aux régions générées par les rapports entre lieux habités. Les schémas de Walter Christaller sont trop rigides pour rendre compte de l’armature des semis habités, ruraux ou urbains.

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