Le milieu du XIXe siècle marque une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer l'enseignement donné aux jeunes filles, du fait de l'appel d'air engendré par l'expansion générale de la société, liée au développement du machinisme et des colonies.
Une enquête menée et publiée par le Fraser's Magazine en juin 1845 analyse l'ensemble de ces éléments, anticipant le rôle croissant des femmes dans la vie du pays, en posant dès cette époque la question « Is their education suited to their extended responsibilities? » (« Leur éducation correspond-elle à l'élargissement de leurs responsabilités ? »).
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'éducation des jeunes filles est alors prise plus au sérieux, avec tout d'abord la création de collèges destinés à mieux former les futures enseignantes, et des écoles comme le Cheltenham Ladies College commencent à offrir aux jeunes filles une éducation moins orientée vers les accomplishments, et plus proche de celle offerte aux garçons, avec l'accent porté sur les matières académiques et les sports de plein air. Ainsi, au cours du XIXe siècle, trois professions médicales sont ouvertes aux femmes : le métier d'infirmière, celui de sage-femme, ainsi que, en théorie, celui de médecin.
Une règle généralement suivie pour obtenir une haute tenue morale dans les écoles pour jeunes filles est la lecture systématique du courrier, entrant et sortant, par les maîtresses d'école. Cette surveillance permanente engendre des réactions de méfiance, de duplicité (en cherchant à tourner la règle avec l'aide des domestiques), et créé par-dessus tout une forte sensation de violation de l'intimité.
Pour le corps enseignant, ceci présente un avantage en empêchant les jeunes filles de se plaindre à leurs parents, sauf lors des vacances. Ceci contribue puissamment à limiter la prise de conscience par les parents, non seulement des mauvais traitements, mais aussi des risques sanitaires qu'encourent leurs enfants.
Les pensionnats pour jeunes filles étaient bien souvent des établissements de petite taille, regroupant tout au plus quelques dizaines d'élèves, et établis dans des locaux d'habitation.
Le prix annuel à payer dans une école comme The Clergy Daughters' School de Cowan Bridge (destinée aux filles de pasteurs), où allèrent quatre des filles Brontë, était de 14 livres par an et par enfant, auxquelles il fallait ajouter 3 livres pour l'uniforme. Ce montant était d'ailleurs insuffisant pour couvrir autre chose que les dépenses de logement et de nourriture, et le coût de l'enseignement proprement dit était couvert par souscription.
La nourriture est de façon générale en quantité insuffisante, et de très médiocre qualité. Très révélateur est le fait que, de façon générale, le corps enseignant ne mange pas à la table des élèves, et, même lorsque cela est le cas, ne partage pas les mêmes plats. Rogner sur la nourriture des élèves est bien souvent considéré comme une mesure d'économie.
La situation sanitaire des pensionnats pour jeunes filles reflète la situation générale du pays à cette époque, encore aggravée par l'entassement des élèves, en particulier dans les chambres, la négligence des maîtres, et l'insuffisance des moyens sanitaires mis en œuvre en cas de problème.
La situation est aggravée par la dissimulation des difficultés par le corps enseignant. Les cas sont donc fréquents de jeunes filles qui retournent chez elles malades, et point n'est besoin d'aller bien loin pour trouver des exemples : ainsi, les deux sœurs aînées de Charlotte Brontë contractent la tuberculose à l'école de Cowan Bridge, et en meurent quelques semaines après que leur père les a ramenées chez elles.
Une source de l'époque affirme que, après un séjour de deux ou trois ans dans un pensionnat de jeunes filles, de la classe moyenne tout particulièrement, il est rare que les jeunes élèves en ressortent sans que leur santé en ait été altérée.
De façon générale, il n'y a ni infirmerie ni infirmière qui permettent d'isoler et de soigner les petites malades en cas de problème. Ainsi la contagion peut-elle se répandre rapidement.
De même, les locaux qui servent d'écoles sont très souvent des maisons, mal adaptées aux contraintes de l'enseignement, et mal pourvues en espaces récréatifs, qui permettraient un minimum d'activité physique. Celle-ci se limite pour l'essentiel à des promenades sur les routes, en rang par deux. Ce manque d'activité physique, ainsi que la position assise immobile exigée des élèves souvent pendant plusieurs heures tous les jours — en classe, en étude et au réfectoire — crée une sédentarité excessive, engendrant notamment des problèmes de dos chez de nombreuses élèves.