En physique classique, l'influence d'un corps sur un autre se transmet instantanément ; avec l'arrivée de l'électromagnétisme de Maxwell et plus encore avec celle de la relativité restreinte, l'influence se transmet au maximum à la vitesse de la lumière (dans le vide).
Ainsi, entre le corps influent et le corps influencé, il se balade quelque chose dans l'espace, en général à la vitesse de la lumière, qui se répand dans l'espace et dont l'effet est un changement de trajectoire du corps influencé.
Suivant quelles propriétés ce champ (appelé ainsi car il a tendance à occuper l'espace) est-il créé, se déplace-t'il, est-il influencé par son environnement, etc ?
Densité lagrangienne et équations d'Euler-Lagrange associées
Un champ est caractérisé par une étendue importante dans l'espace, on ne peut donc pas le repérer par les coordonnées
, mais on peut le repérer (ou plutôt le quantifier) par ses projections
sur les axes (x0,x1,x2,x3) et par les variations
de ses projections (en supposant par avance que nous pourrons en déduire les dérivées secondes, comme dans le cas d'un corps localisé).
Nous utiliserons donc
et
, avec i,j ∈{0,1,2,3} pour un champ de la même manière que les quadri-coordonnées et la quadri-vitesse pour un corps localisé, les coordonnées (x0,x1,x2,x3) jouant le rôle de paramètres, comme seul le temps le faisait avant.
L'action d'un champ est donc de la forme :
Où V est le quadri-volume dans lequel on va appliquer la méthode variationnelle,
est appelé la « densité lagrangienne » et
Par une démonstration semblable à celle déjà vue dans le cas d'un corps localisable, et en utilisant la convention de sommation d'Einstein, on obtient les équations d'Euler-Lagrange pour la densité lagrangienne :
On a :
puis en utilisant les équations d'Euler-Lagrange,
le lemme de Schwarz et enfin l'égalité
,
on obtient :
en posant
tenseur « impulsion-énergie », on a :
ce qui exprime sa conservation.
En posant :
la densité d'énergie et
pour k∈{1;2;3} les composantes du vecteur
.
Nous avons alors les deux équations équivalentes
qui est l' « équation de conservation de l'énergie » : localement, la variation dans le temps de la densité d'énergie
est égale à l'opposée de la variation de densité d'impulsion par les composantes spatiales
.
La densité lagrangienne du champ électromagnétique est :
On cherche la densité lagrangienne du champ électromagnétique qui est composé du ou des nombres construits à partir du potentiel électromagnétique
i=0;1;2;3 qui sont invariants par changement de référentiel dans l'espace de Minkowski.
La manifestation de ce potentiel est le champ électrique =
et le champ magnétique =
.
On cherche donc les nombres invariants construits à partir de la matrice 4×4 associée :
Les coefficients du polynôme caractéristique sont invariants par la transformation d'endomorphismes
, où
est la matrice de Lorentz du changement de base dans l'espace de Minkowski, c'est-à-dire de référentiel galiléen en relativité restreinte.
Les invariants de cette matrice par les changements de base sont les coefficients de son polynôme caractéristique
On sait, par la définition de ses coefficients, que cette matrice est anti-symétrique :
, où
est la transposition de la matrice. On en déduit que
est un polynôme pair. Soit :
.
Par quelques calculs, on montre que
et que
.
Il y a donc deux nombres à examiner :
et
.
Pour une raison de dimension , le nombre ne convient pas (la densité lagrangienne doit avoir la dimension d'une densité d'énergie), il faut essayer avec
.
Mais on peut montrer que
est la différentielle d'une fonction, donc son ajout à la densité lagrangienne ne changerait en rien les équations d'Euler-Lagrange. Le nombre
peut donc être écarté.
De ce fait,
est l'unique candidat à être la densité lagrangienne.
En choisissant un coefficient multiplicateur qui détermine les unités de mesure du champ électromagnétique, on prend :
le signe
se justifiant par des considérations liées à la minimisation de l'action.
Les équations du champ électromagnétique
L'hypothèse de ce paragraphe est qu'il y a un courant de particules (voire d'une seule particule) non influencé par le champ électromagnétique. Avec cette condition, on étudie les modifications du champ.
On sait (par hypothèse) que l'interaction entre une particule et le champ se modélise, sous forme lagrangienne, par
.
L'action est donc :
On a :
Ce que l'on peut écrire :
Avec
la densité de charge et
le quadri-vecteur courant.
On obtient :
La densité lagrangienne à utiliser est :
Les équations d'Euler-Lagrange donnent :
Pour k = 0 , on obtient
l'équation de Maxwell-Gauss ou équation de conservation de la charge.
Pour k∈{1;2;3} on obtient
l'équation de Maxwell-Ampère.
De plus, à partir de
, et en utilisant l'anti-symétrie de
et le théorème de Schwarz (
), on obtient :
D'où les deux présentations de « l'équation de conservation de la charge » :
Tenseur impulsion-énergie du champ électromagnétique