Elle date de 1274 et a été relevée par Adolphe Berty. Il s'agit du nom d'une maison de la rue de la Boucherie : la « Maison des trois Estaulx et du Beuf violé ». C'est-à-dire où se trouvent représentés sur son enseigne trois étaux et le bœuf défilant au son de la viole :
Dans les archives de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, il en est question pour la première fois, à l'occasion de la création, par l'abbé Gérard, en 1274, de seize étaux qui étaient destinés à être tenus par des individus natifs du bourg et qui furent chargés de redevances autres que celles dont était grevée la maison des Trois Étaux. Il est présumable, au surplus, que ces trois étaux n'étaient pas les seuls avant 1274; les expressions in carnificiari et in macello istius ville, employées en 1259, le donnent du moins à penser. Le 29 mars 1373, eut lieu un nouveau bail de seize étaux, qui furent expressément maintenus dans leur emplacement antérieur, à l'orient de la rue des Mauvais Garçons et de la maison de la Croix-de-Fer. De ces seize étaux, les titres n'en font connaître que douze, parce que le nombre primitif ne se maintint pas longtemps. Il était tombé à dix, quand, le 31 janvier 1553, les bouchers Pierre Moufle et Pierre Mathias rachetèrent, au prix de 500 livres, la rente foncière de l'abbaye sur les seize étaux, « au lieu desquels seize étaux, » est-il dit dans l'acte de rachat, sont de « présent bâtis sept étaux, dont trois du costé de la rivière de Seine..., en ce non compris la maison des Trois Estaux, qui est du costé de l'Écu de France. »
Cette maison figure également sur la feuille 9 du plan archéologique de Paris, dit couramment plan de Berty. Dans le livre, la rue où se trouve la maison figure sous le nom de Rue des Boucheries, et sur le plan sous le nom de Rue de la Boucherie. Son emplacement est actuellement occupé par la partie occidentale de la rue de l'École de Médecine.
En 1900, évènement à Paris : le Concours Général Agricole est pour la première fois organisé à la Villette. À cette occasion a lieu aux Halles une Fête de l'Alimentation, et est organisé un cortège du Bœuf Gras.
Puis il sortira à nouveau plusieurs fois durant les premières années du XXe siècle.
La sortie de 1905 commémore avec faste le centenaire du rétablissement de la fête en 1805 après l'interruption de la période 1790-1804.
Influence du bœuf parisien, en 1909 commence à défiler au Carnaval de la Nouvelle Orléans un monumental char du Bœuf Gras. Cent années plus tard c'est toujours une vedette de cette fête. Ce char est lui-même l'héritier du cortège du Bœuf Gras du Carnaval de la Nouvelle Orléans directement inspiré de Paris. Une gravure de 1875 le montre, il porte un nom français et comprend un sacrificateur armé d'une massue repris du cérémonial parisien.
En 1914, défile à la Mi-Carême à Paris un grand Bœuf Gras en carton. Avec son escorte de deux sacrificateurs également en carton il représente d'Artagnan, un fameux Bœuf Gras sorti soixante ans plus tôt en 1854.
Après la Grande Guerre le Carnaval de Paris redémarre dès mars 1919 à l'occasion de la Mi-Carême.
Le Bœuf Gras lui ne sort pas. Chaque année les bouchers parisiens continuent à élire un Bœuf Gras, mais il arrive directement dans les assiettes sans avoir connu un ultime triomphe dans Paris .
En 1924 le Bœuf Gras reparaît. Il défile en camion avec une génisse et des moutons.
Douze ans plus tard le jeudi de la Mi-Carême 19 mars 1936 ce sera la dernière sortie à grande échelle du Bœuf Gras au XXe siècle.
Quinze années passeront ensuite sans aucun cortège du Bœuf Gras. Le 27 mai 1951 le Comité du bi-millénaire de Paris le fait reparaître dans le quartier des abattoirs de la Villette. Il est escorté par les élèves de l'École de la Boucherie en tenue de boucherie portant leur enseigne.
Le Comité des fêtes du 19e arrondissement organise le 20 avril 1952 la sortie du Bœuf Gras. Parmi les jeunes futurs bouchers qui l'accompagnent, se trouve le futur secrétaire général de la Boucherie française.
Puis la fête tombe dans l'oubli.
Des cortèges d'enfants costumés défilent à l'occasion de la Mi-Carême sur les Champs-Élysées durant les années 1950. Des masques isolés déambulent dans Paris le jour du Mardi Gras.
Après 1960 et jusqu'en 1998 c'est le vide.
Mis à part dans des publications spécialisées personne ne parle plus du Carnaval de Paris et de son Bœuf Gras durant très longtemps.
À Paris dans les années 1950-1960, on connait le Mardi Gras, la Mi-Carême. Quand on parle de Carnaval, la plupart des Parisiens pensent à Nice.
Le 25 juin 1977, le secrétariat d'État au Tourisme, l'Office du Tourisme de Paris et la chaîne de radio périphérique Europe 1 organisent La Fête de l'été dite « Carnaval des Carnavals ». À cette occasion, un million de Parisiens assiste au défilé de seize péniches sur la Seine. Dessus sont installés des groupes évoquant en principe le Carnaval de différentes contrées. « Le plus applaudi fut, bien entendu, celui qui représentait Paris avec son bal musette où se côtoyaient le légionnaire et le marin. » Les organisateurs n'ont pas pensé à évoquer la Promenade du Bœuf Gras durant les jours gras, ou les cortèges parisiens des reines de blanchisseuses ou de la Reine des Reines de Paris à la Mi-Carême. Le programme mentionne cependant le Bœuf Gras : « Il y a plus de quarante ans que le cortège du Carnaval de Paris traversait les rues de la Capitale. C'était l'époque où le char de Mimi Pinson évoquant les toits de Paris, défilait entre le Bœuf Gras traditionnel et le Moulin de la Galette, c'était aussi la Java et la Valse Musette... au Bal de la Marine. »
En ces années-là et jusque vers la fin des années 1990, pour savoir que le confetti a été lancé mondialement au Carnaval de Paris et que le serpentin y a été inventé, il faut se plonger dans la lecture du gros Manuel du folklore français contemporain d'Arnold van Gennep, ou dépouiller la presse quotidienne parisienne des années 1891-1892…
Le Carnaval de Paris est devenu de l'archéologie. Il s'est complètement évaporé de la scène parisienne. Il apparaît juste brièvement dans un film, en 1945 et un autre en 1978.
En 1981, au hasard de ses lectures, Basile Pachkoff, un artiste parisien, tombe sur un passage qui l'interpelle. Il y est question d'un bœuf gras défilant à Paris.
Douze ans plus tard, en septembre 1993, il va prendre l'initiative de faire renaître le cortège du Bœuf Gras et fonde en juin 1994 l'Association pour la Promotion du Carnaval de Paris-APCP.
La sortie du cortège de renaissance est organisée pour le 25 février 1995 sur un très long parcours dans Paris touchant huit arrondissements. Faute d'autorisation de la police elle doit être annulée.
Une nouvelle tentative de renaissance est programmée pour le 8 avril 1995. A nouveau suite à un refus d'autorisation il faut renoncer à la fête.
Découragé le petit groupe rassemblé dans et autour de l'Association pour la Promotion du Carnaval de Paris-APCP se défait. Il n'y a plus avec Basile que trois personnes qui y croient encore.
Le 13 février 1996, l'association reçoit une lettre officielle lui refusant l'autorisation d'organiser « du 17 au 25 février 1996, une fête des marchés de Paris, un carnaval ainsi qu'une “promenade du bœuf gras”. » Cette lettre répond à un courrier qu'elle n'a pas envoyé.
Le Carnaval de Paris n'étant pas autorisé, l'initiateur de sa renaissance remonte et descend les Champs-Élysées le 23 février 1996 avec un minibœuf gras en bois monté sur des roulettes et accusant 32 centimètres à l'encolure. Il a été fabriqué spécialement pour l'occasion par un artiste et ami du Carnaval de Paris : Rafael Esteve.
Durant l'été 1997, le minibœuf gras en bois est promené sur la piazza Castello, à Turin, là où le 12 mai de la même année, les étudiants turinois ont manifesté pour que le Bœuf Gras soit autorisé à défiler à Paris.
La situation reste bloquée jusqu'à ce que fin 1997 s'implique dans le projet le Conseiller de Paris Alain Riou, président de l'association Droit à la Culture.
Alain obtient l'autorisation de défiler qui est refusée au cortège depuis 1995.
La première sortie du Bœuf Gras depuis 1952 a lieu le 27 septembre 1998 sous une pluie battante. Un film de Bernard Gazet tourné pour la télévision immortalise l'évènement. Il fait un clin d'œil au minibœuf gras en bois de Rafael Esteve, ressorti spécialement à cette occasion, qui est filmé défilant rue des Thermopyles. Son rôle est terminé, il passe le relais en 1998 à une vraie vache limousine de 800 kilos.
Une vache et pas un bœuf, car il n'y a pratiquement plus de bœufs en France, depuis l'apparition massive du tracteur dans les campagnes. La viande de bœuf vendue en boucherie est en fait de la viande de vache de réforme de quatre ans.
C'est pourquoi ce n'est pas un bœuf mais une vache qui défile cette année-là. Elle incarne le Bœuf Gras traditionnel parisien. Elle est nommée pour la fête Impatiente-Saint-Fargeau.
Innovation propre à satisfaire les amis des animaux, il est décidé que la vache festive sera graciée, ne connaîtra jamais l'abattoir et reviendra à Paris chaque année pour le défilé.
Le suivante Promenade du Bœuf Gras est programmée pour le 26 septembre 1999.
En février 1999, Basile Pachkoff est invité en qualité de restaurateur de la Promenade du Bœuf Gras de Paris à la fête des Bœufs Gras de Bazas en Gironde et intronisé Commandeur de la Confrérie bazadaise du bœuf. Le journal Sud Ouest du 13 février 1999 en parle ainsi :
A la fin du mois d'août 1999 la nouvelle arrive à Paris que l'éleveur propriétaire de la vache a abattu celle-ci.
Le Carnaval de Paris privé de sa vedette et mascotte est dans l'impasse.
Peu de jours avant le défilé, qui doit avoir lieu le 26 septembre, le docteur Jean-Philippe Dirson vétérinaire à Bugeat en Corrèze téléphone à Basile Pachkoff, pour lui annoncer qu'il vient au Carnaval.
Il apprend le problème posé et va le résoudre.
D'emblée il parle d'un taureau « très gentil » d'une tonne... et d'une très jeune vache limousine presque une velle, née en juin 1999. Son nom ? À la question posée, le vétérinaire répond en lui donnant un nom (jusqu'alors elle n'en avait pas) : Pimprenelle.
Le 26 septembre 1999, la Promenade du Bœuf Gras a lieu avec en vedette la petite Pimprenelle, une orpheline nourrie au biberon et pesant 120 kilos.