Robert Grossetête | |
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Biographie | |
Naissance | vers 1175 Stowe (Suffolk) |
Décès | 1253 |
Ordination sacerdotale | avant 1224 |
Dernier titre | évêque de Lincoln |
Évêque de l'Église catholique | |
évêque de Lincoln | |
Début de l'épiscopat | 1235 |
Fin de l'épiscopat | 1253 |
Prédécesseur | Hugues de Wells |
Successeur | Henri de Lexington |
Autres fonctions | |
Fonction religieuse | |
chancelier de l'université d'Oxford (1224) | |
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Robert Grossetête ou Grosseteste, dit aussi Robert de Lincoln, est un érudit anglais, séculier proche de l'Ordre franciscain, évêque de Lincoln, né vers 1175 et mort en 1253.
Une première Renaissance de l'Europe, assez timide, eut lieu aux XIe et XIIe siècles, peu de temps après l'impulsion donnée par Gerbert d'Aurillac (Sylvestre II) qui y ramena d'Espagne les chiffres arabes, l'abaque et l'astrolabe. Si cette Première Renaissance commence avec Pierre Abélard, un autre de ses représentants est Robert Grossetête.
Les centres intellectuels de l'Europe à l'époque semblent avoir été l'École de Chartres, Paris et Oxford, cette dernière ville donnant à l'Europe Roger Bacon. Mais celui-ci ne se reconnaissait en dehors du monde antique qu'un maître, qui était Grossetête – bien que les deux hommes ne se soient pas rencontrés.
Dans son ouvrage De luce, Robert Grossetête présente la lumière (lux) comme à l'origine de toute chose: la lumière visible (lumen), la chaleur, la matière. Il développe la théorie selon laquelle tout le monde physique peut se décrire par de la géométrie. S'appuyant sur les traités d'optique d’Ibn al-Haytham, il étudie les rayons directs, les rayons réfléchis, les rayons déviés. Il s'intéresse à la formation de l'arc-en-ciel (De iride) et travaille sur les lentilles et les miroirs. Il découvre ainsi que les lentilles, non seulement ont la propriété de pouvoir mettre le feu, mais aussi peuvent servir plus simplement de loupe. Il étudie la réfraction de la lumière à travers un récipient sphérique rempli d'eau (De natura locorum). Il est à l'origine d'une règle (imparfaite) sur la notion de réfraction : "l'angle de réfraction est égal à la moitié de l'angle d'incidence".
Concernant les couleurs, dans son ouvrage De colore, il est un des premiers à faire une distinction entre :
À chaque couleur, il affecte une autre propriété : la luminosité, permettant ainsi de faire la différence entre en bleu lumineux et un bleu terne.
À la suite d'Alhazen, il défend l'idée que la science se bâtit par l'expérience.
Conscient que la mathématique est l'outil privilégié des autres sciences, il s'intéresse principalement à la géométrie (De lineis, angulis et figuris) et à l'astronomie (theorica planetarum, De accessione et recessione maris). Il développe une conception de l'infini et a l'intuition que certains infinis sont plus grands que d'autres. Bien que son argumentation soit fausse - il affirme que l'infinité des nombres pairs est inférieure à l'infinité des entiers - on ne peut lui dénier l'idée révolutionnaire de considérer l'infini comme une quantité mesurable. Il faudra attendre Georg Cantor pour avoir le premier exemple d'un infini plus grand qu'un autre- l'infini des nombres réels (aleph1) plus grand que celui des entiers (aleph0).
Philosophe et théologien, il traduit et commente un grand nombre d'ouvrages tant religieux que classiques. On lui doit par exemple des commentaires des psaumes, des épîtres de Paul, des lois de l'Ancien Testament. Ses commentaires sur Aristote marqueront pendant longtemps le système de pensée occidental.
Sa théorie sur la lumière (origine de toute chose) est autant scientifique que philosophique et théologique où il défend l'idée de l'illumination dans l'accession à la foi. Il place la volonté (affectus) comme supérieure à l'intellect (aspectus), thèse qui sera reprise par le courant franciscain.
On lui doit également un long poème allégorique sur la création du monde et la rédemption intitulé Le chastel d'amors ainsi que plusieurs poèmes ou textes sur l’étiquette courtoise et la gestion domestique. Il est aussi l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages théologiques dont un Hexameron.