Strontiodressérite - Définition

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Introduction

La strontiodressérite est un carbonate complexe de strontium et d’aluminium monohydraté. Son nom dérive de la dresserite, qui honore le géologue canadien J.A. Dresser (1866-1954), auquel on a ajouté le préfixe strontio rappelant par là la prédominance du strontium dans la strontiodressérite.

Jusqu’à ce jour, ce minéral exceptionnel n’avait été découvert que dans deux gisements. Cette étude révèle et décrit, pour la première fois, la présence de stontiodressérite dans le département de la Drôme (France). Il s’agit donc d’une nouvelle découverte pour l’Europe centrale.

Découverte minéralogique fortuite dans le sud de la France

Actuellement, à l’échelle mondiale, la strontiodressérite n’est connue que dans trois gîtes :

  • néoformée dans une silico-carbonatite de Ville-Saint-Michel dans l’île de Montréal (Québec, Canada), qui est la localité type de l’espèce ;
  • dans la carrière de marbre de Nord-Salten (Nordland, Norvège) où elle a été découverte par le collectionneur Tomas Andersen en 1995 ;
  • en placages cristallins dans les marnes du Jurassique moyen qui sont percées d’une écaille de Trias à Condorcet (Drôme, France).

Comme on peut le constater, la présence de roche carbonatée est systématique dans les trois sites. En revanche, ce qui est remarquable, c’est que l’origine des roches recelant la strontiodressérite est très différente dans chacun des cas : magmatique au Québec, métamorphique en Norvège et sédimentaire en France.

La strontiodressérite appartient au groupe structural et chimique de la dundasite, qui comprend actuellement quatre espèces cristallisant toutes dans le système orthorhombique, de formule générale M2+M3+2(CO3)2(OH)4, H2O avec M2+ = Pb2+, Ba2+ ou Sr2+ et M3+ = Al3+ ou Cr3+. Ce sont les minéraux suivants :

dundasite PbAl2(CO3)2(OH)4, H2O
petterdite PbCr2(CO3)2(OH)4, H2O
dresserite BaAl2(CO3)2(OH)4, H2O
strontiodressérite SrAl2(CO3)2(OH)4, H2O

De ces espèces, seule la dundasite se rencontre fréquemment en tant que produit d’altération des minéraux de plomb comme la galène, ou la cérusite.

Conditions de la découverte

En 1978, alors que je poursuivais l'étude du gisement de tunisite de Condorcet, j’entrepris de prospecter également les marnes des alentours en espérant y découvrir un deuxième site contenant ce minéral très rare. Le 17 juillet, je m’engageai dans un petit vallon encaissé bordé d'épineux presque impénétrables et ramassai, selon mon habitude, un fragment de roche dont l'une des faces était couverte de cristaux blancs très abîmés. En l'observant de plus près, je constatai que ce n'était ni de la calcite ni de la célestine, mais bien de la tunisite ! Je me mis à fouiller fébrilement les environs marneux et la partie amont du ravin dans l’espoir de trouver son origine. Hélas, ce secteur ne semblait contenir que des cristaux de calcite et de célestine, la plupart du temps altérés. Déçu, je rejetai ce débris et quittai le ravin en me jurant de ne plus jamais y mettre les pieds.
Le 29 avril 1999, soit vingt et un ans après cette décevante journée, je revins cependant sur ma décision et décidai de faire, en compagnie de mon ami Denis Beaudet, de Rémuzat, un pèlerinage dans ce site qui m'avait laissé un si mauvais souvenir. « Qui sait ? La chance pouvait tourner... » car Denis, ce « roi du septaria », a un flair incroyable ! Je repérai assez rapidement le petit plateau en contrebas duquel j'avais ramassé l'échantillon de tunisite altérée en 1978. Nous contrôlâmes les pentes marneuses des alentours et découvrîmes, parmi la caillasse, un fragment de calcaire marneux traversé en oblique par deux petits filons. L'un, jaunâtre et opaque, contenait de la calcite, l'autre une masse cristalline incolore, d’aspect vitreux, que j'estimai être de la tunisite. Cette trouvaille nous incita à nous occuper du banc rocheux situé plus haut. Après une demi-heure d'efforts, nous avions déjà récolté suffisamment d'échantillons similaires pour interrompre nos recherches. Afin d’éviter toute erreur de diagnostic, je décidai de faire analyser cette substance. Quelques échantillons furent donc remis à Nicolas Meisser, conservateur du Musée de géologie de Lausanne. En juin 1999, l'analyse aux rayons X confirma mon hypothèse : j'avais effectivement découvert un deuxième gisement abritant de la tunisite !
Nicolas Meisser fut cependant intrigué par un discret encroûtement, composé de petits sphéroïdes jointifs beiges, qui recouvrait partiellement l’une des faces d'un échantillon. Une fracture dans ce dépôt insignifiant, observée au microscope, dévoilait une cristallisation fibro-radiée translucide, blanche et brillante. Était-ce de la strontianite, voire de la dawsonite ? Cet encroûtement fut soumis aux rayons X en septembre 1999 et, pour plus de sûreté, analysé chimiquement. À notre grande surprise, ces deux analyses avaient déterminé de la strontiodressérite. Quelques jours plus tard, Denis Beaudet m'accompagnait dans ce discret ravin afin de délimiter l’étendue de ce nouveau gisement et d’entreprendre les recherches.
En premier lieu, nous récoltâmes dans les éboulis des fragments de roche encroûtés ou parsemés de sphéroïdes de strontiodressérite beige. En « égratignant » le banc calcaire marneux situé plus haut, nous pûmes enfin prélever du matériel de meilleure qualité, voire de première fraîcheur. Dans ce niveau, les fragments de roche étaient, par places, couverts de sphéroïdes blancs. Cette différence de teinte nous permit de déduire que les échantillons précédents avaient été exposés de façon prolongée aux rigueurs climatiques.
Au vu de la rareté de la strontiodressérite, les docteurs Nicolas Meisser et Pierre-Jacques Chiappero, conservateur à la galerie de minéralogie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, sont venus sur place en juillet 2000 afin d'étudier ce nouveau gisement si particulier.
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