Suxaméthonium | |
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Général | |
Nom IUPAC | |
Synonymes | Succinylcholine |
No CAS | (2Cl-) |
No EINECS | (Cl) |
Code ATC | M03 |
PubChem | |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule brute | C14H30N2O42+ |
Masse molaire | 290,399 ± 0,0149 g·mol-1 |
Classe thérapeutique | |
Curare dépolarisant | |
Données pharmacocinétiques | |
Biodisponibilité | 100 % |
Métabolisme | Hydrolyse par les pseudocholinestérases plasmatiques |
Demi-vie d’élim. | 2 à 4 minutes |
Excrétion | rénale (10 %) |
Considérations thérapeutiques | |
Voie d’administration | Intraveineuse |
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Le suxaméthonium (ou succinylcholine) est le seul curare dépolarisant utilisé en médecine, sous forme de chlorure ou de iodure de suxaméthonium (Anectine ®, Célocurine ®). Sa puissance et son délai d'action très court permettent de réaliser rapidement et dans d'excellentes conditions l'intubation oro-trachéale, ce qui en fait un médicament de choix dans le cadre de la médecine d'urgence. La briéveté de son action permet une reprise rapide de la respiration, ce qui en fait également un agent utile en cas d'intubation difficile. Toutefois ses effets adverses, rares mais redoutables, en limitent les indications.
Le suxaméthonium est un dimère d'acétylcholine. Il agit en se fixant de façon non compétitive sur les récepteurs nicotiniques au sein de la plaque motrice, entraînant une dépolarisation prolongée de la membrane musculaire et la rendant ainsi inexcitable ; la particularité du suxaméthonium est de résister à l'action de l'acétylcholinestérase, qui de façon physiologique dégrade l'acétylcholine et annule son effet en quelques millisecondes. À l'inverse, le suxaméthonium reste fixé sur le récepteur, n'étant inactivé par les pseudocholinestérases du plasma qu'après plusieurs minutes.
Le suxaméthonium induit une paralysie totale de la musculature volontaire dans un délai de 30 à 60 secondes et pour une durée brève, n'excédant pas 10 minutes. En raison de son activité dépolarisante, son premier signe clinique d'action est l'apparition de fasciculations musculaires.
Depuis des années la recherche se focalise sur la mise au point d'un curare non-dépolarisant qui présenterait les avantages du suxaméthonium (délai d'action rapide, durée d'action courte, très bonnes conditions d'intubation) sans en avoir les effets indésirables. À ce jour aucune molécule ne réunit tous ces critères. En cas de contre-indication au suxaméthonium, le rocuronium (qui agit en 90 secondes) semble actuellement le meilleur choix pour intuber en cas d'estomac plein, au prix d'une curarisation de plus de 40 minutes.
En raison de son délai d'action exceptionnellement court et de sa faible durée d'action, le suxaméthonium est le curare de choix pour l'intubation en séquence rapide chez un patient préalablement endormi, en l'absence de contre-indication et dans certaines situations bien codifiées (notamment patient à l'estomac plein ou à risque d'inhalation de liquide gastrique, en particulier au cours de césariennes en urgence). Le suxaméthonium est indiqué pour la curarisation des patients traités par sismothérapie. Il est également possible de l'utiliser pour intuber dans les interventions chirurgicales programmées de courte durée. En contrepartie, il faut lui préférer ou lui adjoindre un curare non-dépolarisant pour les interventions nécessitant une curarisation de plus de dix minutes.
Le suxaméthonium ne peut être utilisé qu'en présence de matériel d'anesthésie permettant l'intubation et l'assistance respiratoire. Il est formellement contre-indiqué en cas d'hyperkaliémie (risque d'aggravation aiguë avec conséquences cardiaques), d'allergie à ce produit ou à un curare non-dépolarisant (risque de choc anaphylactique), d'antécédent personnel ou familial de maladie de l'appareil neuro-musculaire (hyperthermie maligne, myopathie, paraplégie, ...), de déficit en pseudocholinestérases (risque de curarisation prolongée).
Les effets indésirables du suxaméthonium sont le principal obstacle à son utilisation routinière. Les plus fréquents sont aussi les moins graves : ils sont représentés par la bradycardie (prévenue par l'atropine), l'hypotension artérielle, le spasme des masséters, l'augmentation transitoire de la pression intra-oculaire, intra-abdominale et intracrânienne, et par des courbatures au réveil. Les autres sont bien plus rares, et certains peuvent être fatals : rhabdomyolyse aiguë avec hyperkaliémie massive en cas de fragilité musculaire, réaction allergique pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique, déclenchement d'une crise d'hyperthermie maligne chez les sujets prédisposés en cas d'association aux anesthésiques halogénés, curarisation prolongée chez les sujets présentant un déficit en pseudocholinestérases plasmatiques.