Sismothérapie - Définition

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Introduction

La sismothérapie, ou électrochoc (du gr. êlektron "ambre jaune" et du néerl. schokken "heurter"), ou électronarcose ou électroconvulsivothérapie (ECT) est une technique médicale consistant à délivrer un choc électrique au niveau du crâne, ce qui engendre une crise convulsive généralisée accompagnée d'une perte de conscience.

Ses indications actuelles sont les états dépressifs sévères, pour l'essentiel (les troubles de l'humeur en général, certaines formes de schizophrénie accompagnée de manifestations thymiques éventuellement). Ce geste est maintenant réalisé sous anesthésie générale, avec curarisation profonde, ce qui évite les complications qui, entre autres, ont donné sa mauvaise réputation à ce geste thérapeutique : fractures vertébrales, luxations. Des séries de plusieurs chocs (une dizaine le plus souvent, mais parfois plus selon les individus) sont en général nécessaires pour obtenir un résultat.

Même si la technique a beaucoup évolué, ce traitement reste encore très discuté et nombre de psychiatres refusent de l'effectuer.

Historique

Précurseurs

L'histoire des thérapies de choc, de l'électrochoc est antérieure au début du XXe siècle, période durant laquelle cette pratique a connu son essor. Les médecins psychiatres ne possédant que très peu de médicaments pour soigner les pathologies mentales, les seules chimiothérapies à disposition étaient l'opium ou l'un de ses dérivés, le chloral, les barbituriques, le bromure, etc. et se révélaient très toxiques et inefficaces. Ce n'est qu'en 1952 que furent mis en circulation les premiers neuroleptiques, Largactil, le Serpasil puis quelques années plus tard l'Halopéridol qui par leur action sédative puissante créaient une vague de pacification dans ces services encombrés où l'agressivité et l'agitation étaient la règle et où les rapports de force étaient au fondement des relations entre le personnel soignant et les patients. Ainsi, on découvrait aussi leur action spécifique sur les psychoses.

La paralysie générale, cette complication tardive et inexorable de la syphilis, dont souffraient jusqu'à un tiers des malades hospitalisés, bénéficia réellement de la malariathérapie, cette création d'accès de paludisme par injection de sang de paludéen. Les chocs thermiques ou les accès de fièvre artificielle dans les schizophrénies étaient obtenus notamment avec de l'huile de soufrée.

Ce fut en grande partie des traitements de choc dont on a fait usage comme le choc au cardiozol (molécule provoquant une crise épileptique chez le patient) par Von Meduna en 1932 et avec d'autres produits. Les résultats étaient bien prometteurs, mais la toxicité avérée du produit était trop grande pour pouvoir continuer sans conséquences mortelles ces chocs "chimiques".

Ce n'est qu'à Vienne, en 1933, que Manfred Sakel se rendit compte que les diabétiques, après un coma insulinique, se réveillaient brutalement confus et agités, avec un changement de comportement associé à leur état (Cure de Sakel). Il eut alors l'idée de provoquer des comas insuliniques afin de choquer des patients atteints de trouble psychotique. Les résultats furent immédiats et intéressants mais non-durables. En effet, les patients psychotiques, renfermés sur eux-mêmes, déconnectés de toute réalité, se retrouvaient, lors des coma, en position centrale de soignés face à une équipe soignante soucieuse d'un réveil correct et d'une évolution de l'état initial. Le maternage provoqué par ces cures envers des patients confus permettait à l'équipe de rentrer en contact avec le patient, et briser ainsi la séparation « psychotique » du malade. Le traitement allait jusqu'à 30 à 40 comas par cure, à raison d'un par jour. Ces séances furent par la suite abandonnées à cause de la confusion intense et persistante et ainsi que d'angoisse majeure provoquée.

Au début des années 30, un psychiatre hongrois, Ladislas Joseph von Méduna (1896-1964), était convaincu de l’existence d’un antagonisme clinique entre schizophrénie et épilepsie. Ainsi pensait-il avoir observé qu’un épileptique ne pouvait être schizophrène, et inversement, il eut donc l'idée d'engendrer artificiellement ces crises par l'injection de pentetrazol (Cardiazol ™) (1937).

Essor de la méthode du choc électrique

En 1938, Ugo Cerletti et Lucio Bini, aidés des expériences de leurs prédécesseurs, observèrent l'attitude des porcs qui, avant d'être tués, sont électrisés afin d'être plus calmes durant la séance. Ugo Cerletti et Lucio Bini décident alors d'expérimenter cette nouvelle technique sur des chiens (entre 1930 et 1938), puis des hommes… Il reprirent l'idée du choc au cardiozole en le remplaçant par le choc électrique. C'est en 1938 que l'équipe italienne appliqua le premier électrochoc à un malade schizophrène sans son avis (ça ne se faisait d'ailleurs guère pour aucun traitement) et dans un contexte de désaccords dans l'équipe psychiatrique. Après le premier, le malade dit : « Pas de second essai. C'est mortel ! ». La série lui a quand-même été administrée. Finalement, les résultats sont peu concluants et même incertains dans le traitement des psychoses, mais très positifs dans le traitement des mélancolies, avec, entre autres, une baisse singulière des suicides.

Controverses

Cet ensemble de méthodes donna des résultats appréciables. Malgré ses côtés brutaux, désagréables, la thérapeutique biologique donnait des résultats croissants et pouvait donner l'impression que la psychiatrie sortait de son sentiment de fatalité quant à l'efficacité de ses traitements. « Merveilleux et terribles électrochocs qui révolutionnèrent le traitement de la mélancolie avant de devenir, 20 ans plus tard, une cible privilégiée des antipsychiatres ». Il est évident que la technique a donné lieu à des abus, on réprimait parfois bien plus qu'on ne soignait et ceci quelquefois de manière explicite. Dans les années 1950, 60 et 70, beaucoup de médecins ou d'infirmiers ont connu ou pratiqué des pseudo-indications pour des patients réfractaires qu'on souhaitait plus punir qu'autre chose. La citation suivante résume bien le paradoxe de ce traitement : « Curieux destin d'une méthode dont les bases théoriques se sont révélées fausses, dont le mode d'action reste mal connu, dont l'indication primitive dans le traitement de la schizophrénie n'est pas bonne, mais qui depuis plus de quarante ans, et en dépit des chimiothérapies modernes, demeure actuellement encore le traitement le plus rapidement efficace de la mélancolie, à laquelle il n'était primitivement pas destiné. »

À l'heure actuelle, sans parler des approches psychothérapeutiques, les différents antidépresseurs et autres médicaments psychotropes ont remplacé progressivement les électrochocs. En effet, malgré de bons résultats statistiques, cette thérapeutique de choc garde une image brutale, entretenue par la non connaissance précise de ses effets réels et de ses mécanismes d'action. Ce n'est que dans quelques indications bien précises qu'est prescrit l'électrochoc, selon des techniques plus modernes. Dans son Manuel de psychiatrie, le Professeur A. Porot soulignait le rôle capital de la psychothérapie si l'on veut obtenir des résultats durables.

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