La synagogue de Göppingen, inaugurée fin 1881, a été détruite en 1938 lors de la nuit de Cristal comme la plupart des autres lieux de culte juif en Allemagne.
Göppingen est une ville allemande de l'arrondissement de Göppingen, district de Stuttgart dans le Land de Bade-Wurtemberg, à environ quarante kilomètres à l'est de Stuttgart. Elle compte actuellement près de 58 000 habitants.
Dès le Moyen Âge, des Juifs se sont installés dans la ville de Göppingen de l'Altwürttemberg. On ignore s'ils ont formé une communauté avec leurs propres établissements. En 1349, lors de la peste noire, les Juifs de Göppingen sont massacrés. Ce n'est qu'en 1452, avec l'autorisation du comte Eberhardt le jeune, qu'une famille juive s'installe de nouveau à Göppingen, mais elle sera expulsée peu de temps plus tard. Jusqu'au XIXe siècle, dans tout le Duché de Wurtemberg, les Juifs ont alors l'interdiction de s'installer en ville.
A partir des années 1850, les Juifs du Wurtemberg peuvent de nouveau s'établir en ville et parmi eux plusieurs manufacturiers provenant de Jebenhausen, bourg situé dans les environs de Göppingen, qui vont implanter à Göppingen des entreprises importantes, principalement dans le textile, dont les plus grandes dépassent les mille ouvriers. Le nombre d'habitants juifs dans la ville va croître rapidement, de deux familles en 1849, à dix familles en 1857 et atteindre 174 habitants quand la communauté est créée en 1857. La majorité des familles viennent de Jebenhausen, les autres principalement de Ludwigsbourg, Laupheim, Lauchheim, Mühlbach in Baden, Neckarsulm et Nordstetten.
Dès les années 1860, le Wurtemberg et plus particulièrement la ville de Göppingen sont à la pointe dans le domaine de l'égalité politique pour les Juifs en Allemagne. Le journal Allgemeinen Zeitung des Judentums du 18 mars 1861, fait état d'une réunion importante tenue dans la ville le 4 mars 1861:
« Göppingen le 4 mars: le directeur du ministère de l'Éducation et de la Culture, le conseiller d'état von Rümelin, vient de présenter un projet de loi à la chambre, selon lequel, les droits civiques sont indépendants de la confession religieuse. Ce projet est envoyé à la Commission constitutionnelle…et a été soumis à la signature du gouvernement d'État royal après quelques corrections d'ordre rédactionnel.
Nous espérons qu'avec ce jour heureux, le combat pour l'égalité des droits a atteint son but à Göppingen. Nous serions cependant coupables de ne pas dire la vérité, qu'un petit nombre d'hommes remarquables à Stuttgart, silencieusement, ont contribué à la réalisation du cet heureux succès par leur action infatigable et nous nous permettons de citer: Dr Leopold Kaulla et Isidor Jordan son conseiller….
Même si ce projet de loi apporté par le gouvernement royal ne fait pas encore force de loi, le gouvernement royal a quand même reconnu le principe de l'égalité des droits de toutes les religions et cela doit entrer entièrement en vigueur. »
La communauté continue de grandir, et en 1881, année de l'inauguration de la nouvelle synagogue, le nombre d'habitants juifs à Göppingen est de 242, sur un total de 10 851 habitants, soit 2,2 pourcents de la population. Un Talmud Torah (école religieuse) est adjoint à la synagogue, et le professeur sert en même temps de hazzan (chantre de la synagogue) et de shoret (abatteur rituel). Un cimetière juif ouvre en 1904.
Depuis 1874, avec la délocalisation du rabbinat de Jebenhausen à Göppingen, la ville devient le siège du rabbinat régional. En 1890, il y a 271 Juifs, en 1900: 325 et en 1910: 311 sur une population totale de 22 373 habitants, soit 1,4 pourcent de la population. A la communauté de Göppingen, sont intégrés les habitants juifs des bourgs voisins, soit en 1924: 4 habitants à Jebenhausen après la dissolution de la communauté, 8 à Süßen, et 25 à Kirchheim unter Teck.
Lors de la Première Guerre mondiale, un total de 92 membres de la communauté juive de Göppingen prennent part à la guerre, dont neuf bénévoles et parmi eux le rabbin Tanzer et son fils Paul. Le plus grand nombre de Juifs est atteint en 1925 avec 351 personnes représentant 1,6 pourcent des 22 017 habitants de la ville. 54 enfants d'âge scolaire reçoivent des cours de religion du professeur Carl Bodenheimer et du rabbin Dr. Arnold Tänzer. La communauté est très active et de nombreuses associations caritatives et sociales voient le jour: l' Israelitische Wohlfahrtszentrale (Centrale israélite d'aide sociale), fondée en 1922, avec de 60 à 90 membres est chargée de la santé et de l'éducation de la jeunesse; l' Israelitische Wohltätigkeitsverein (Association israélite de bienfaisance) fondée en 1876, avec de 85 à 100 membres, chargée de l'aide aux pauvres; l' Israelitische Unterstützungsverein (Association israélite de soutien), fondée en 1901, avec 70 membres, offre des prêts dans des conditions très avantageuses. Ces trois associations sont dirigées par le rabbin Tanzer de 1924 à 1932. L' Israelitische Frauenverein (Association des femmes israélites), fondée en 1881, sous la direction d'Emilie Fleischer en 1924 avec 84 membres, puis de Mathilde Steiner en 1932 avec 95 membres se charge de l'aide aux malheureux; le Jüdische Jugendverein (Association de la jeunesse juive) sous la direction d'Heinrich Frankfurter, avec 40 membres, l' Israelitische Jungfrauenverein (Association des jeunes filles juives) et le Verein Merkuria (Club Mercuria), fondé en 1868 et dirigé à partir de 1924 par Siegmund Frankfurter avec 90 membres sont toutes les trois chargées de lasocialisation; En plus, il existe une section locale de la Central-Verein deutscher Staatsbürger jüdischen Glaubens (Association centrale des citoyens allemands de religion juive) sous la présidence de Max Ottenheimer et de la Reichsbund jüdischer Frontsoldaten (Ligue du Reich des soldats juifs du front) sous la direction du docteur Sallinger, représentant les anciens combattants juifs de la Première Guerre mondiale.
La population juive joue un rôle très important dans l'essor économique de Göppingen au cours de la seconde moitié du XIXe Siècle. Les Juifs créent et possèdent de nombreuses entreprises industrielles et commerciales. En 1933, à l'arrivée des nazis au pouvoir, de nombreux ateliers et usines textiles, de tissage, d'habillement, de pelleterie, de corsetterie, de chaussures, de linge, sont entre les mains de propriétaires juifs. Ils possèdent aussi une distillerie, une usine de produits chimiques, un atelier de reliure, un négoce de bestiaux, une société d'importation de thé et de café, l'hôtel de la gare etc..Plusieurs médecins sont juifs, de même un pharmacien, un dentiste, des avocats. En 1933, on compte 314 Juifs sur une population totale de 23 007 habitants, soit 1,4 pourcent de la population.
Au cours des années suivantes, ce nombre va décroitre, une partie de la population juive fuit l'Allemagne ou s'établit dans d'autres régions, en raison du boycott économique, de la privation des droits civiques et de la répression. Cependant la haine raciale nazie à Göppingen, n'atteint pas le niveau atteint dans d'autres villes, et en 1940, 189 Juifs vivent encore à Göppingen. Néanmoins, les Juifs sont de plus en plus isolés et forcés d'abandonner leurs usines et commerces. Les dernières entreprises appartenant encore à des Juifs sont confisquées en novembre et décembre 1938. En 1936, les enfants juifs ne sont plus admis à l'école publique, et une école élémentaire juive ouvre ses portes. En novembre 1938, lors de la nuit de cristal, la synagogue est détruite. Beaucoup d'hommes juifs sont arrêtés et internés pendant plusieurs mois au camp de concentration de Dachau.
Le 1er décembre 1941, après avoir été rassemblés dans le gymnase de l'école secondaire Schiller, 41 Juifs de Göppingen sont déportés à Riga en Lettonie. Le 26 avril 1942, sept autres personnes sont envoyées à Izbica près de Lublin en Pologne.Le 22 août 1942, ce sont 23 personnes qui sont déportées au camp de concentration de Theresienstadt. Seuls cinq Juifs de Göppingen survivront à la déportation.