Teredinidae - Définition

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Sexualité et reproduction

La glande génitale, potentiellement hermaphrodite, fonctionne d’abord comme mâle (hermaphrodisme protandrique) chez plusieurs espèces comme Nototeredo norvagica, Teredo navalis, Bankia setacea, Lyrodus pedicellatus. Un hermaphrodisme fonctionnel peut s’observer temporairement chez les trois dernières espèces, il est suivi de la phase femelle. Mâles et femelles peuvent émettre leurs gamètes dans l’eau de mer ambiante où se produit alors la fécondation (Bankia setacea, Bankia indica, Nototeredo norvagica). Dans d’autres espèces, seuls les spermatozoïdes sont expulsés dans le siphon inhalant des femelles et parviennent ainsi dans la cavité épibranchiale où se produit la fécondation. Cette dernière modalité est de rigueur chez les espèces qui incubent plus ou moins longuement leurs œufs à la surface des branchies (Teredo norvegica, Lyrodus pedicellatus). L’introduction du siphon exhalant d’un mâle dans le siphon inhalant d’un autre individu femelle, ce qui permettrait l’introduction massive des spermatozoïdes dans sa cavité branchiale, a été observé chez Bankia gouldi Le nombre des œufs pondus est généralement extrêmement élevé : on cite le chiffre de 100 millions chez Psiloteredo megotara. Les larves (véligères) vivent librement dans le plancton pendant environ 2 à 4 semaines (20 jours chez Teredo navalis, durée toujours variable en fonction de la température, et de la nourriture disponible). Chez Lyrodus pedicellatus les larves sont émises à l’état de pédivéligères, elles sont aptes à se fixer sur le bois en 36 heures, voire de manière pratiquement immédiate.

Dégâts

En creusant de longues et nombreuses galeries, les tarets diminuent la résistance des pièces de bois qu’ils colonisent et finissent même par les détruire complètement. En conséquence, ils occasionnent des dégâts considérables aux constructions en bois, simples ou complexes, soumises au contact prolongé avec l’eau de mer.

Dès l’antiquité les hommes enduisent de goudron les coques de leurs navires ce qui améliore leur étanchéité mais limite aussi l’attaque du bois par des organismes divers dont les tarets.

La marine en bois des temps plus récents, notamment celle qui fréquentait les zones tropicales, eut beaucoup à souffrir des ravages de ces animaux. Citons Christophe Colomb « Le jour de l’Epiphanie, j’arrivai à Veragua hors d’haleine. Là, il plut à Notre Seigneur de m’accorder un fleuve et un port sûrs, bien qu’à l’entrée ils n’eussent pas plus de dix empans de fond… En janvier, l’embouchure du fleuve se trouva fermée. En avril, les navires étaient tout dévorés par les tarets et ils ne pouvaient plus se soutenir sur l’eau…Je partis, au nom de la Sainte Trinité, la nuit de Pâques, avec des navires pourris, rongés par les tarets et tout percés de trous….Au bout de six jours, le calme étant revenu, je repris mon chemin, mais déjà dépouillé de tout gréement , les navires plus percés par les tarets que ne le sont les rayons de miel, et les hommes au comble de l’abattement et du désespoir…Quant à ce mal des tarets, il ne connaît nul remède ».

Et Jean de Léry : « Pendant ce temps, les mariniers et le charpentier étaient sous le tillac et recherchaient les trous et les fentes par où cette eau entrait et nous assaillait si fort. Ils firent tant qu’avec du lard, du plomb, des draps et autres choses qu’on n’était pas chiche de leur bailler, ils étoupèrent les plus dangereux. Si bien que, quand le besoin s’en fit sentir, car nous n’en pouvions plus, nous avons pu nous relâcher un peu de notre travail. Toutefois, après que le charpentier eut bien visité ce vaisseau, il dit qu’il était trop vieux et tout rongé de vers et ne valait rien pour faire le voyage que nous entreprenions. »

En 1519, Hernan Cortes «  persuada les pilotes de faire un rapport, où ils déclareraient que les navires ancrés à Vera-Cruz avaient subi de fortes avaries par suite de violents coups de vent, et que les vers avaient tellement rongé leurs flancs et leurs carènes, que la plupart étaient hors d’état de soutenir la mer, quelques uns même de rester à flot » ceci afin d’en tirer prétexte pour les désarmer et échouer, et éviter ainsi la désertion de certains de ses hommes.

En détruisant le bois incorporé aux digues de terre protégeant la Hollande contre la mer, les tarets ont provoqué leur rupture en 1731 ce qui provoqua de terribles inondations

Protégés contre les prédateurs, la dessication et les variations de salinité par le bois qui entoure leurs galeries et grâce à la possibilité qu’ils ont de fermer l’orifice de leur tube, les tarets sont difficiles à éliminer soit par la mise au sec des bateaux soit par leur mouillage en eau douce, traitements auxquels ils résistent plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

C’est donc aux mesures préventives qu’il convient de recourir pour éviter les dégâts qu’ils sont susceptibles de provoquer

Les grands navires en bois furent protégés grâce au revêtement de leur carène par des clous à large tête ou par des plaques en cuivre. A l’heure actuelle, les peintures antisalissure, à condition d’être parfaitement continues suffisent généralement à interdire l’entrée des tarets.

De nos jours les principaux dégâts des tarets concernent les structures portuaires (pilotis et constructions diverses en bois immergées),, ainsi que les supports (bouchots), clôtures et éléments de balisage des concessions conchylicoles. Dans ces domaines il est possible de recourir à des bois exotiques comme l’azobé (Lophira alata) en provenance du Cameroun principalement, mais, outre que cette essence est en fait assez facilement attaquée par les tarets elle est menacée par la surexploitation et son usage doit donc être limité, voire banni. Les bois peuvent être imprégnés de biocides comme le coaltar (créosote) ou le chrome arsénate de cuivre qui sont dangereuses pour l’environnement et incompatibles avec les cultures marine. Il semble qu’aux U.S.A. on ait beaucoup recours à l’enrobage des éléments en bois dans un film de polyvinyle ou par du polyester armé de fibres de verre, techniques qui sont beaucoup plus respectueuses de l’environnement. On a également suggéré de combattre les tarets en s’attaquant aux bactéries symbiotiques qu’ils hébergent.

La progression de Teredo navalis en Baltique constitue une préoccupation concernant la protection des très nombreuses épaves en bois qu’elle contient. Les deux remèdes auxquels on peut avoir recours sont leur enfouissement dans le sédiment ou leur enveloppement dans des nappes de géotextile.

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