Transverse Universelle de Mercator - Définition

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Coordonnées : géographiques ou projection ?

L’utilisation des coordonnées en projection (ex : E et N UTM) plutôt que des coordonnées géographiques (Latitude /Longitude) est en général jugée avantageuse pour les raisons suivantes :

  • Les coordonnées sont basées sur un système décimal, plus facile à utiliser pour les calculs que le système sexagésimal. Cependant avec des longitudes et latitudes on peut toujours travailler en degrés "décimaux" sans avoir à utiliser des minutes et des secondes d’angles ;
  • Le système est "rectangulaire" et est mesuré en kilomètres. On peut donc directement calculer des distances approximatives à partir des coordonnées UTM. Un point de la zone UTM 13 qui a pour coordonnées (315,1 km, 3 925,1 km) est exactement à 1 kilomètre du point de la zone 13 (315,1 km, 3 924,1 km). Cependant cette correspondance n’est qu’approchée si les points ne sont pas sur le même méridien, et elle n’est plus du tout valable lorsque l’on change de zone.

Les récepteurs GPS fournissent de manière standard une position dans le système géodésique WGS84. Certaines cartes de randonnées récentes utilisent la projection UTM et se réfèrent au système géodésique WGS84. D’autres cartes utilisent une projection nationale ou locale, se référant à d'autres système géodésique (par exemple en France, les cartes de randonnée de l'IGN utilisent une projection Lambert, avec un carroyage UTM, et les coordonnées UTM sur les marges extérieures).

Formules de passage de latitude,longitude (φ,λ) aux coordonnées UTM (E,N)

Les formules avec une précision du centimètre

Les formules exactes sont compliquées et peu utilisables. Nous proposons des formules approchées avec une précision de l'ordre du centimètre.

Par convention, le géoïde WGS 84 décrit la terre par un ellipsoïde de révolution d'axe Nord-Sud, de rayon à l'équateur a=6378,137 km et d'excentricité e=0,0818192. On considère un point de latitude géodésique φ et longitude λ. Notons λ0 la longitude du méridien de référence.

Les angles sont exprimés en radian. Voici des valeurs intermédiaires à calculer:

 \nu(\varphi)=1/\sqrt{1-e^{2}\sin^{2}\varphi}

A=(\lambda-\lambda_{0})\,\cos\varphi


 s(\varphi)  =  (1-\frac{e^{2}}{4}-\frac{3e^{4}}{64}-\frac{5e^{6}}{256})\varphi-(\frac{3e^{2}}{8}+\frac{3e^{4}}{32}+ \frac{45e^{6}}{1024})\sin2\varphi   +  (\frac{15e^{4}}{256}+\frac{45e^{6}}{1024})\sin4\varphi-\frac{35e^{6}}{3072}\sin6\varphi


 T=\tan^{2}\varphi, \quad C=\frac{e^{2}}{1-e^{2}}\cos^{2}\varphi, \quad k_{0}=0,9996


Dans l'hémisphère Nord N0 = 0 et dans l'hémisphère Sud N0 = 10000km.

Voici les formules de passage donnant les coordonnées UTM E,N en kilomètres:

 E  =  500 +k_{0}a\nu(\varphi)\Big(A+(1-T+C)\frac{A^{3}}{6}+(5-18T+T^{2})\frac{A^{5}}{120}\Big)

 N  =N_{0}+k_{0}a\,\Big(s(\varphi)+ \nu(\varphi)\,\tan\varphi\Big(\frac{A^{2}}{2}+(5-T+9C+4C^{2})\frac{A^{4}}{24} +(61-58T+T^{2})\frac{A^{6}}{720}\Big)\Big)

Démonstration des formules

Faisons une remarque préalable: le terme de "projection de Mercator" pourrait laisser entendre qu'il y a une droite joignant un point du géoïde au point correspondant du cylindre qui l'enroule. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas non plus pour la plupart des projections cartographiques comme la "projection de Lambert" entre le géoïde et un cône tangent. C'est le cas cependant pour la projection stéréographique. Par conséquent nous n'allons pas démontrer les formules à l'aide d'une projection.

Nous allons démontrer les formules en deux étapes. La première étape généralise l'emploi des coordonnées conformes de Mercator de la sphère au cas d'un ellipsoïde de révolution. Nous les appellerons coordonnées de Mercator généralisées.

La deuxième étape est une transformation conforme des coordonnées de Mercator généralisées vers les coordonnées UTM, avec la convention que ces coordonnées coïncident le long du méridien de référence.

Une troisième étape reprend la même démarche pour retrouver de façon directe les coordonnées de Lambert.

Etape 1: les coordonnées de Mercator généralisées (x,y)

Comme pour la projection de Mercator nous posons x = λ. Cela va déterminer la fonction y(\varphi) .

Appelons \rho(\varphi) la distance entre le point considéré de l'ellipsoïde et l'axe nord-sud. Appelons R(\varphi) le rayon de courbure le long du méridien. Un petit déplacement d\varphi,d\lambda sur l'ellipsoïde correspond à une distance:

 ds^{2}=R^{2}(\varphi)d\varphi^{2}+\rho^{2}(\varphi)d\lambda^{2}

appelée tenseur métrique de l'ellipsoïde.

L'exigence que x,y soient des coordonnées conformes impose au tenseur métrique de s'écrire:

  ds^{2}=R^{2}(\varphi)d\varphi^{2}+\rho^{2}(\varphi)d\lambda^{2}=k(\varphi,\lambda)(dx^{2}+dy^{2})

k(\varphi,\lambda) est une fonction. La convention x = λ implique que k(\varphi,\lambda)=\rho^{2}(\varphi) et

 \frac{d y(\varphi)}{d\varphi}=\frac{R(\varphi)}{\rho(\varphi)}

Bien que nous n'en ayons pas besoin dans la suite, cette équation différentielle s'intègre sans grande difficulté (voir déroulé, on trouve l'expression des coordonnées conformes de Mercator généralisées :

 x(\lambda)=\lambda,\qquad y(\varphi)=\ln\left(\tan\left(\frac{\varphi}{2} +\frac{\pi}{4}\right)\left(\frac{{1-e\sin\varphi}}{{1+e\sin\varphi}}\right)^{e/2}\right)

Etape 2: des coordonnées de Mercator généralisées (x,y) vers les coordonnées UTM (E,N)

La deuxième étape est une transformation conforme des coordonnées conformes de Mercator généralisées x,y vers les coordonnées UTM X,Y.

On utilise la propriété qu'une telle transformation conforme s'écrit à l'aide d'une fonction analytique en variables complexes   Z=f\left(z\right) avec Z = Y + iX et z = y + ix.

Sans perte de généralité on suppose que le méridien de référence est en x = λ = 0. Par convention, les coordonnées UTM sont telles que sur le méridien de référence est en X = 0 et le long de celui ci Y mesure la distance, c'est-à-dire que dY=ds=R(\varphi)d\varphi . On intègre cette dernière équation pour obtenir s(\varphi)=\int_{0}^{\varphi}R(\psi)d\psi qui est la distance entre le point de latitude \varphi et l'équateur (C'est intégrale elliptique de première espèce, mais nous ne l'utiliserons pas). Sur le méridien de référence on a donc:


Y(0,y)=s(\varphi(y))=\left(s\circ\varphi\right)\left(y\right)

et l'on déduit par prolongement analytique que

Y(x,y)+iX(x,y)=s\circ\varphi(y+ix)


Dans une carte de Mercator transverse, on s'éloigne peu du méridien de référence x = 0. On peut donc utiliser un développement limité par rapport à la variable x = λ, en x = 0:

Y+iX=\sum_{n=0}^{\infty}i^{n}\frac{\lambda^{n}}{n!}\frac{\partial^{n}\left(s\circ\varphi\right)}{\partial y^{n}}


en identifiant parties réelles et imaginaires on obtient:

 X=\sum_{n=1,3,5..}^{\infty}-1^{\frac{n-1}{2}}\frac{\lambda^{n}}{n!}\frac{\partial^{n}\left(s\circ\varphi\right)}{\partial y^{n}}\qquad Y=\sum_{n=0,2,4..}^{\infty}-1^{n/2}\frac{\lambda^{n}}{n!}\frac{\partial^{n}\left(s\circ\varphi\right)}{\partial y^{n}}

La première dérivée se calcule facilement en utilisant des relations précédentes:

 \frac{\partial s\circ\varphi}{\partial y}=\frac{\partial s(\varphi)}{\partial\varphi}\frac{\partial\varphi}{\partial y}=R(\varphi)\frac{\rho(\varphi)}{R(\varphi)}=\rho(\varphi)


La dérivée seconde s'obtient en dérivant la précédente de la même manière.

 \frac{\partial^{2}s\circ\varphi}{\partial y^{2}}=\frac{\partial\rho(\varphi)}{\partial\varphi}\frac{\rho(\varphi)}{R(\varphi)}=-\nu(\varphi)\sin\varphi\cos\varphi


En continuant ainsi jusqu'à l'ordre n = 6, en se limitant au premier ordre en e'2 = e2 / (1 − e2) et en utilisant les notations précédentes, on obtient finalement:

 X=a\nu\left(\varphi\right)\left(\ A+(1-T+C)\frac{A^{3}}{6}+(5-18T+T^{2}+72C-58e'^{2})\frac{A^{5}}{120}\right)+\ldots

 Y=as(\varphi)+a\nu\left(\varphi\right)\tan\varphi\left(\frac{A^{2}}{2}+(5-T+9C+4C^{2})\frac{A^{4}}{24}+(61-58T+T^{2}+600C-330e'^{2})\frac{A^{6}}{720}\right)+\ldots

Pour finir, les coordonnées UTM N,E ne sont pas exactement X,Y, mais par convention elles sont réduites et décalées:

 E=500+k_{0}X_{UTM}\quad N=N_{0}+k_{0}Y_{UTM}

avec le facteur de réduction k0 = 0.9996 et N0 a été donné plus haut.

Etape 3: Des coordonnées de Mercator généralisé aux coordonnées Lambert

Les projection de Lambert et de Mercator sont conformes, il y a donc une transformation conforme plan sur plan qui passe de Mercator à Lambert et une fonction analytique associée que nous allons justifier: Z_L=X_L+iY_L=Ke^{in\left(x(\lambda)+iy(\phi)\right)} ou K et n sont deux paramètres réels et ou x(λ) et y(φ) sont les coordonnées Mercator. En coordonnées polaires, c'est-à-dire en posant XL + iYL = ρ(φ)iθ(λ), cela donne \rho(\phi)=Ke^{-ny(\phi)}\qquad \theta(\lambda)=n\lambda

Ainsi les méridiens λ constant sont des rayons et les parallèles φ constant deviennent les arcs de cercles concentriques qui forment avec les rayons un réseau orthogonal. Cette carte est le développé d'un cône dont le sommet est l'image d'un pôle. Lambert est précisée par l'exigence que les longueurs soient respectées sur deux parallèles sécants dits automécoïques φ1 et φ2. Sur le terrain ces longueurs sont aν(φ1)cosφ1 et aν(φ2)cosφ2 qui doivent être égales à la longueur sur la carte Lambert nρ(φ1) et nρ(φ2) d'où les deux équations : 2\pi a\nu(\phi_1)\cos\phi_1=2\pi n Ke^{-ny(\phi_1)}\qquad 2\pi a\nu(\phi_2)\cos\phi_2=2\pi n Ke^{-ny(\phi_2)}


Ce qui donne n={{\ln(\nu(\phi_1)\cos\phi_1)-\ln(\nu(\phi_2)\cos\phi_2)}\over{y(\phi_2)-y(\phi_1)}} et K s'en déduit par substitution dans l'une ou l'autre des égalités précédentes.

A partir des expressions des coordonnées polaires et en prenant l'origine à l'intersection du méridien et du parallèle de référence on retrouve les coordonnées Lambert.

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