En France cet urbanisme opérationnel appelé l’urbanisme de dalle ou urbanisme sur dalle est une continuation de l'urbanisme de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, une composante de grands projets avec économie d'échelle en réponse à la pénurie de logements en ville et le besoin de bureaux.
L’on peut considérer cette forme de conception de l’espace urbain en reprenant l'histoire des idées concernant la forme de la ville depuis Léonard de Vinci et sa Città ideale (1487-1490) (ségrégation spatiale et appartenance de l'individu à un des trois ordres), et Tony Garnier (ségrégation fonctionnelle), et Eugène Hénard auteur du Rapport sur l’avenir des grandes villes , 1910 ou Ludwig Hilberseimer (Hochhausstadt, 1924) qui aborde en premier la question de la ville comme une gestion des flux.
On prend en compte l'évolution des techniques et matériaux de construction donnant la modernité de l'habitat, en même temps que les besoins induits de la nouvelle société de consommation, complétée avec la (nouvelle) accession à la propriété en France.
Cette formulation de la ville, « l’espace ouvert contenant des fluides canalisés » a pu être mise en œuvre suite à une réflexion simultanée d’architectes et d’ingénieurs face aux transformations de l'espace composant la ville dans la société moderne : ces transformations sont en rapport avec la mécanisation ambiante. La notion de « machinisme » avancée par Le Corbusier ou celle de « machine-à-habiter » par Jean Prouvé ont marqué les esprits. Sur le plan international, les CIAM théorisent et jettent les bases pour l'après guerre de ce qui sera la distribution en « zones horizontales » dans le tissu urbain.
Dans l’esprit des années 1960 — Ve République, traité de Rome, nouveau franc, accès à l’éducation pour tous, télévision et transistor, passage à 220 V du réseau électrique avec fin des délestages, gaz de ville, généralisation du tout-à-l'égout, etc. —, la séparation des éléments circulants selon différents besoins, (« de l'utile à l'agréable »), et la séparation par fonction attribuée à chaque entité d'espace correspondent au fordisme dans l'industrie.
Cette partition est vue comme une réponse rationnelle aux problèmes de mixité posés initialement par l’essor de la ville et de l’industrie au XIXe siècle. Ces principes sont applicables à des zones multifonctionnelles, en un découpage d'espaces connexes bien délimités ou d'espaces superposés (cas de l' urbanisme de dalle ) et desservis qui au total respectent plusieurs fonctions sans ségrégation géographique : l'activité productive (travail), le repos , l'activité nécessaire (achats), l'activité de culture et de méditation et de loisir (épanouissement). Ces principes partitifs dans la morphologie urbaine qui opposent une particularité localisée au « tout » pour simplifier les problèmes rencontrés, sont appliqués à ce qui se réalise dans les nouvelles extensions de la ville, ou par le biais d’opération de curetage urbain. Ils ont été imposés de façon explicite dans les programmes des bâtiments et domaines publics qui relèvent de l’aménagement du territoire par l’État.
Ainsi la séparation des hommes et des machines, touche-t-elle tous les pans de l’urbanisme de l'activité humaine productive et de l'architecture conséquente : La formulation architecturale et l'insertion urbaine des centres spécialisés nouvellement construits dans une activité moderne suit ce modèle, par exemple un hôpital, un aéroport, un campus universitaire. Dans ces cas la définition des espaces dédiés au personnel soignant, naviguant, de sécurité, les patients et les internes constitue une mise en parties de l'espace global, une dissociation en des zones par l'activité exclusive contenue. L’accessibilité entre zones est en principe assurée par des liaisons entre elles - voies d'accès, accueils spécialisés sur l'extérieur et portes d'accès, sas, rampes, ascenseurs à l'intérieur d'un édifice. Cette formulation architecturale poursuit la formulation spécifique des corps de bâtiment dans la bâtisse et de l'îlot urbain dédié à une activité - activité militaire, activité de santé, approvisionnement de la ville, activité d'enseignement, activité religieuse, activité de loisir.