L'urbanisme de dalle est la séparation totale des cheminements piétons et de la circulation automobile, par un éclatement de la rue en plusieurs niveaux selon sa fonction utile : soit liaison dynamique entre parties à rejoindre, soit espace de flânerie quasi statique. On crée un sol « artificiel » en continuation historique avec l'esprit de génie civil qui préside aux travaux d'assèchement, de remblaiement, d'arasement portant sur les lieux habitables.
On établit l'usage de deux ou trois niveaux distincts. En général, le(s) niveau(x) souterrain(s) pour les transports en commun, chemin de fer métropolitains traditionnellement enterrés auxquels on peut adjoindre bus et taxis, et les approvisionnements des magasins. Le niveau 0 (sol naturel) est donné aux voitures particulières qui ont la liberté d'évoluer la plus moderne. La dalle est pour les habitants-piétons, ils se déplacent sur des passerelles de jonction entre les pôles d'intérêt eux-mêmes distincts:
Toutes les zones sont sur des dalles devenues paysagées avec leurs illustrations de végétation en reprenant l'idée du parvis ou du mail voire de l'esplanade. Elles bénéficient a priori de points de vue ordonnés, d'un grand ensoleillement, d'une meilleure pureté d'air et d'un confort acoustique dus à l'éloignement des nuisances. Elles respectent les normes d'accès sécurité (incendie, ambulance…). Elles sont équipées de mobilier urbain dans une combinatoire plus ou moins riche permettant un repère, la circulation des éléments mobiles étant basée sur des droites rompues ou des arcs de cercle aboutés. Les surfaces sont considérées comme une peau amovible (architectonique du bardage et de la dallette) et non pas comme faisant partie de la structure porteuse, ceci pour permettre l'accès aux canalisations des fluides desservant les unités d'habitation, depuis les unités de service (chauffage, froid, studio local de télévision câblée…).
L'image, l’empreinte donnée par les dalles dans le paysage urbain fut au départ positive puis négative pour les constructeurs. Et l'image fut fortement négative quasiment dès le début pour les concepteurs urbanistes-architectes : leur rôle fut considéré comme mineur par la population les désignant comme des spécialistes utilisant un langage architectural rudimentaire, utilisant une facilité conceptuelle accessible à n'importe qui. Ce fut un « art » ou une capacité d' « enjolivement » jugé accessoire en regard de certaines faisant l'objet d'une communication très efficace de la part des entreprises coulant le béton. Ce qui fit que, sauf cas d'exception, il ne fut pas trouvé à retenir les noms de concepteurs en mémoire de « coup de patte » à leur actif. Le résultat fut aussi jugé inconsistant dans la qualité de vie conséquente, et l'admiration pour les constructeurs disparut.
La notion de quartier sur dalle est devenue rapidement inconsistante dans le ressenti des citadins parfois au profit de la notion de mini-ville moderne embryon de mégapole futuriste comportant souvent une circulation interne en labyrinthe à la fois pour l'automobiliste et pour le piéton.
Le sujet deviendra politique pour la sécurité des personnes pour les lieux concernés par la conception de l'idée : « HLM-ville nouvelle ». Apparaît l'idée de ville désarticulée coupée en morceaux par les voies de circulation saturées qui ont le même effet dans ce cas que les anciens remparts supprimés au XIXe siècle et XXe siècle. On parle d'urbanisme de technocrate. Le problème architectural et urbanistique sur dalle ou non est un épiphénomène du problème économique et du problème social de repérage.
Ce phénomène est accentué dès 1970 par l’environnement global d’automatisation sans présence humaine (guichets automatiques). Le caractère très minéral de ces réalisations est jugé brutal, la verticalité de l'habitat est vécue comme un entassement nuisant à l'intimité plutôt qu'ayant un effet de rassemblement positif.
En France, la tendance mono-fonctionnelle de ces quartier sur dalle, introduisant une rupture avec la ville traditionnelle, a pu engendrer une déstabilisation de la société de proximité et constituer un facteur de regroupement identitaire.
À plus long terme, la gestion technique et le maintien en état des zones aménagées sur dalle et de leurs éléments n’est pas sans poser problème. En effet certains programmes sont restés incomplètement réalisés, par exemple des passerelles jamais raccordées, des bétons en mauvais état. Face à la fragmentation des espaces donnant lieu à des raccourcis dangereux utilisés par les piétons, à une accessibilité des personnes à difficulté de mobilité parfois problématique, le retour des accueils en rez-de-chaussée au sens de "au niveau de la rue de l'îlot" apparaît souvent comme une solution.