Les larves vivent en symbiose avec des bactéries et champignons qui les aident à dégrader le bois pour le rendre plus digeste. Certaines espèces synthétise des acides puissants.
Tyler Cobb, spécialiste des interactions entre incendies de forêt, exploitation de la forêt boréale et insectes forestiers, notamment pyrophiles (attirés par le bois brûlé, et spécialisés dans sa consommation), épigés (du sol forestier), des bois dépérissants (xylophages ou saproxylophages). a travaillé sur une vaste forêt pour partie incendiée en 2001 à 250 km au nord-ouest d'Edmonton (Canada), sur et autour (120 000 ha environ) de forêts qui ont au printemps 2001. Il a montré que les excréments de certains coléoptères pyrophytes (dont le longicorne noir, coléoptère de 12-30mm long (25 mm au maximum pour sa larve) jouaient un rôle vital en augmentant la vie bactérienne du sol, ce qui contribue à une régénération forestière naturelle, plus rapide et efficace, alors que ces insectes ont souvent été considérés comme « nuisibles » ces dernières décennies note T. Cobb.. Il a aussi montré que l’exploitation du bois-morts (pour le chauffage), de bois tombés lors des tempêtes ou de bois brûlés cause la mort des œufs ou larves de ces insectes utiles lors que le bois est scié ou traité en usine (papeterie..). T. Cobb estime qu’il faudrait retarder la réexploitation forestière après les incendies, pour autoriser ces coléoptères à finir leur cycle de vie. Ces travaux devraient déboucher sur des orientations et guides modifiant la gestion de ces forêts écologiquement sensibles.
En zone tropicale, ces espèces sont d'abord menacées par les coupes rases, les incendies de forêts, et la déforestation.
En Europe et dans l'hémisphère Nord, les communautés saproxylophages (invertébrés, champignons...) comptent parmi les espèces les plus menacées, en raison de la raréfaction et du bois mort, suite à la généralisation de l'exploitation de plus en plus intensive des forêts, facilitée par leur fragmentation par un réseau de plus en plus dense et minéral de routes et pistes forestières. Elles régressent tant en termes de biomasse (nombre d'individus) que de diversité en espèces. Il est probable que leur diversité génétique ait également beaucoup chuté, mais aucune étude n'a porté sur ces aspects, pour lesquels on ne dispose par ailleurs pas de données anciennes).
Pour ces raisons, le bois mort et sénescent a souvent fortement régressé dans les forêts cultivées, et même dans de nombreuses réserves naturelles. Les forêts européennes ont en moyenne moins de 5% du bois mort qui serait présent s'il s'agissait de forêts naturelles. Autrement dit 95 % de la nourriture des espèces saproxylophage y a disparu, tout particulièrement les « très gros bois » morts qui abritaient des espèces spécifiques.
Dans une forêt primaire tempérée moyenne, environ 1/3 du bois présent est mort et en cours de décomposition. Dans la plupart des forêts exploitées, hormis localement après le passage des tempêtes, il ne reste plus assez de gros, très gros et vieux bois mort (qui ne gèle pas à cœur), dur, tendre et moyen, debout ou couché, sec à immergé... et il est rare de trouver plus de 1 à 3 arbres morts par ha de diamètre supérieur à 40 cm. Divers rapports scientifiques, et de grandes ONG (dont WWF) ont alerté sur le fait que le nettoiement du bois mort en forêt menaçait la survie « de près de 30% des espèces vivant dans des forêts naturelles et est une raison directe de la longue liste rouge des espèces menacées en Europe ». Ces espèces très discrètes et la plupart du temps cachées à l'intérieur du bois en décomposition, ne volant qu'une brève partie de leur vie et souvent de nuit à l'aube ou au crépuscule ont été très mal étudiées : « Nous ne nous préoccupons pas de ce que l’on ne voit pas – ceci est particulièrement vrai pour ces formes de vies dépendant du bois mort », a déclaré Daniel Vallauri, spécialiste forestier du WWF-France. « Peu de forestiers sont conscients que les insectes, champignons ou lichens forment près de 75% de la biodiversité d’une forêt naturelle »
Pour obtenir un écolabel forestier tel que le FSC, le syliviculteur doit prouver qu'il conserve une quantité significative et suffisante de bois mort, pour préserver les communautés saproxylophages et leurs fonctions écologiques.
Outre sa forte raréfaction, la discontinuité de la ressource en bois mort semble être une des premières causes de régression des invertébrés saproxylophages.
A titre d'exemple : Karin Schiegg a - durant deux ans - échantillonné les diptères et coléoptères de plus de 2000 pièces de bois mort, dans 14 parcelles d'une réserve forestière suisse. Le taux de bois mort de ces parcelles variait de 48,6 m3 par parcelle à 157,9 m3 par parcelle. Le taux moyen rapporté à l'hectare pour l'ensemble des parcelles étant de 6,3 m3/ha, soit plus élevé que dans les forêts exploitées). Cette étude a montré que la diversité en diptères saproxylophages) était d'abord corrélée à la connectivité spatiale des pièces de bois mort (gros bois ou débris ligneux grossiers) plus qu'au volume de bois mort disponible. Pour les coléoptères saproxylophages, c'était même le seul critère. La diversité des espèces n'étant pas corrélée au volume de bois mort mais uniquement à sa connectivité. Cette étude a surtout porté sur les troncs de hêtre et résineux morts, les résultats auraient pu être légèrement différents en incluant plus d'essences, sur un territoires plus large, comme ils l'auraient été en forêt de plaine et plus encore en zone tropicale ou sub-tropicale.
Il est probable que les champignons du bois mort et d’autres espèces saproxylophages (dont communautés bactériennes) soient aussi en jeu dans la capacité d'une pièce de bois mort à "attirer" et accueillir les invertébrés saproxylophages.
Cette étude a mis en évidence seuil de 150 m au delà duquel le nombre d'espèces colonisatrices du bois mort chute (dans cette réserve naturelle, la distance moyenne entre deux bois mort était de 14 m). Les parcelles où les morceaux de bois mort était dispersés, mais bien "connectés" entre eux (c'est-à-dire en contact physique ou proches les uns des autres) étaient plus riches en saproxylophages que celles dont le bois était regroupé, avec des populations différentes selon ces deux cas.
L'auteur note aussi que les taux de bois mort les plus élevés sont trouvés à proximité des petits cours d'eau, ce qui renforce leur caractère de corridor biologique intraforestier.