Située à quelques kilomètres à l'ouest de la ville de Coulommiers, l’abbaye Notre-Dame de Faremoutiers est fondée à l'époque mérovingienne vers 620 par sainte Fare. Le symbole héraldique de la double crosse, figurant encore sur le blason de la commune de Faremouriers, rappelle que Notre-dame de Faremoutiers a eu le rang d'abbaye royale. Cette abbaye était un monastère double, le premier du genre en France, accueillant moines et moniales. Deux fois détruit, il a connu plusieurs états architecturaux successifs, dont on peut voir aujourd'hui, à côté des bâtiments contemporains, des pans de fondation médiévales.
Les fouilles archéologiques de 1989 sur les bâtiments de l'ancien couvent ont montré l'existence d'un habitat gallo-romain, donc antérieur à l'époque de la venue de Sainte Fare. Fara (ou Burgundofara) était fille du comte de Meaux Hagnéric et sœur du futur Saint-Faron ; elle rencontre dans la villa familiale de Pipimisium (Poincy) vers 610 saint Colomban, venu d'Irlande ré-évangéliser le nord de la France, naissance de sa vocation.
D'abord en conflit avec son père qui veut la marier, elle devient devient malade puis atteinte de cécité ; Fare est guérie par un miracle de Saint Eutache de Luxeuil, et peut entrer dans la vie monastique sous l’évêque de Meaux Gondoald, à Champeaux. Son père lui cédera ensuite des terres habitées d'Evoriacum près de la rivière l'Aubetin où elle fonde en 620 (sous le règne de Clotaire II) sa propre abbaye ; en l’honneur de Sainte-Fare, le village d'Evoriac sera renommé plus tard Fare-moutiers, c'est-à-dire étymologiquement "le monastère de Fare".
Par son testament d'octobre 627, sainte Fare lègue ses biens à l'abbaye de Faremoutiers, qu’elle place sous l’invocation de la Vierge Marie (d'où son nom officiel de "Notre-Dame de Faremoutiers") et de saint Pierre (seule la première invocation a subsisté). Dès le début, l’abbaye connaît un rayonnement certain au VIIe siècle. Sainte Sédride (ou Sithred), fille de la reine d'Est-Anglie Héreswide, succède à Fare (décédée en 655) et restera abbesse jusqu’en 660 ; lui succèderont plus tard sainte Aubierge (ou Edelburge) et sainte Earcongothe, de la famille royale du Kent.
Cette abbaye de la première vague colombaniste (fondations à Jouarre, Reuil-en-Brie, Rebais) constitue alors un lien important entre le royaume franc des Mérovingiens et les royaumes anglo-saxons de Kent et d’Est-Anglie, dans le sud de l’Angleterre. Cette abbaye est placée sous la stricte règle de saint Colomban (Regula cujusdam patris ad monachos, et Regula cujusdam patris ad virgines). La règle interdit la viande (mais autorise volaille, œufs et poisson), les moines vont prier six fois par jour, et doivent pratiquer activités manuelles et intellectuelles, mais surtout avec le minimum de sommeil et des règles de mortification très strictes.
À l'époque Carolingienne, l'abbaye de Faremoutiers a conservé son prestige, dirigée par Rothilde (fille de Charlemagne), et de Madelgarde, puis par Berthe, une fille de Lothaire Ier et par Rothilde II, toutes donc de la dynastie royale des Carolingiens. Les reliques de Sainte-Fare et de Sainte Agnès attirent aussi des pèlerins à l'hostellerie de l'abbaye, qui fortifie encore ses positions.
C'est aussi le moment où elle commence à suivre, au IXe siècle, la règle Bénédictine (ordre de l'empereur Louis Le Pieux à toutes les abbayes) avec sa division de la journée en base de huit heures (de complies à matines). Les bénédictins n'ont jamais constitué un Ordre monastique, au sens strict organisation unifiée et centralisée (une simple "Confédération bénédictine" ne verra le jour qu'en 1893) ; pour les noniales, les religieuses bénédictines portaient la robe noire avec un scapulaire de même couleur.
Des Xe au XIe, comme dans l'ensemble du royaume la crise sociétale atteint le clergé régulier, atteint par une crise économique, morale, et surtout impliqué politiquement dans les relations féodo-vassaliques (abbaye tenant rôle de seigneurie) ; il faut attendre le XIIe siècle pour voir les effets de la réforme Grégorienne, et la discipline se rétablir à l'abbaye. C'est justement à cette époque-là (1140, sous le règne de Louis VII le Jeune) qu'un incendie détruit complètement l'abbaye dans son premier état : il faudra cinq années pour le reconstruire, et surtout lever des fonds en faisant pérégriner dans le pays ses précieuses reliques.
À la fin de la Guerre de Cent Ans, il est signalé que l'abbaye a fait l'objet d'un pillage par la soldatesque, en 1445.