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L'acétate de cellulose est une matière plastique inventée en 1865. C'est l'ester acétate de la cellulose. Sous forme de fibres (fil textile, autrefois appelée acétol), ce produit a été vendu sous le nom de rayonne, soie artificielle, viscose, etc.
L'acétate de cellulose a connu de nombreux usages, comme base de films en photographie, vernis (dont pour l'aéronautique lors de la Première guerre mondiale, comme faux-émail ou encore comme composant de certains adhésifs ou explosifs ; on l'utilise encore comme matière plastique, par exemple dans les montures de lunettes ou les poignées de tournevis. Plus récemment, il est utilisé pour la confection de cartes à jouer (notamment la marque Kem).
Histoire
Paul Schützenberger prépare, dès 1865, un acétate de cellulose, mais il est difficile à dissoudre et donc à utiliser.
Cross et Bewan (1901) procèdent à la « rétrogradation » partielle du produit, permettant sa solubilisation dans l'acétone.
L'Acétol (ou acétate de cellulose industriel) été inventé et breveté en Suisse par les frères Dreyfus. Au début des années 1900, ces deux frères suisses, les docteurs Camille et Henri Dreyfus expérimentaient la chimie de l'acétate dans un hangar construit dans le jardin de leur père à Bâle. En 1905, ils développent un procédé commercial pour la fabrication de l'acétate de cellulose. Ils produisent d'abord du film d'acétate de cellulose (qui sera bientôt largement utilisé sous forme de celluloïd plastiques pour le cinéma). En 1913, Camille et Henri produisent aussi d'excellents échantillons de filaments continu d'acétate ; sa première application textile donnera dès 1924, un filament d'acétate commercialisé aux États-Unis sous la marque Celanese.
Divers brevets sont très tôt déposés, surtout pour de vernis (Au début du XXème siècle on parle de vernis quand le produit contient moins de 4% d'acétate, et d'enduit au delà. Le mot anglais correspondant est dope). Des brevets concerne aussi un usage décoratif, ou d'enduit ou vernis pour tissus, le traitement de fils textiles, l'enrobageisolant de fils électriques. La Première guerre mondiale va doper la production des avions, alors entoilés. Peu avant, les brevets de la société Leduc et Heitz, en 1911 et 1912 avaient débouché sur un vernis dit Émaillite, qui - côté allemand - aurait été pour la première fois testé sur un avion (Albatros Flugzeugwerke) en 1910)
Dès les années 1910, on montre que les vernis d'acétate peuvent être améliorés, posés en couche différentiées, colorés, métallisés.
La France sera leader côté alliés pour la fabricants de vernis pour avion à base d'acétate solubilisé dans de l'acétone (l'acétone remplace le tétrachoréthaneidéal comme solvant, mais très toxique). Les producteurs sont d'abord Leduc, suivis de Clément et Rivière (avec leur vernis Avialine, produit à Pantin), les établissements « Nauton frères et de Marsac » (qui vendent le vernis Acellos, produit à Saint-Ouen), puis Adastra (établi à Boulogne-sur-Seine) et Novavia (à Malakoff). Les solvants et additifs alors utilisés sont l'acétone, l'alcool méthylique, de l'acétate de méthyle (jusqu'à 70 % du mélange) ou de l'acétate d'éthyle, du formiate d'éthyle ou des plastifiants tels que la triacétine ou l'eugénol. On y ajoute parfois des solvants à point d'ébullition élevée de manière à éviter la condensation d'eau sur la surface refroidie par l'évaporation du solvant (Clément et Rivière proposent l'isophorone et l'oxyde de mésityle). Ces vernis (appliqués en plusieurs couches) permettent d'enduire des toiles de lin, coton ou soie, et de produire des avions très légers (60 à 80 gr / m2 de vernis, avec 3 couches de composition différente, soit 120 à 150 kg par appareil). 600t environ d'acétate de cellulose ont été utilisées comme vernis pour avion durant les 4 ans de guerre, pour les 52 000 avions construits en France dont 25 000 rien qu'en 1918. Quand la guerre éclate, en 1914, seule la Société chimique des usines du Rhône (SCUR à Saint-Fons) qui bien plus tard deviendra Rhône-Poulenc) produisait de l'acétate. Ni l'Italie, ni le Royaume-uni n'en fabriquaient. Via leurs brevets sur l'acétylation de la cellulose et les application du polymère (plastiques, textiles), les frères Dreyfus aident les anglais et les français à développer la production d'acétate. Ils créent aussi un société (suisse) ; Cellonite. A la demande du Gouvernement français, Giros et loucheur, deux financiers fondent le 30 mars 1915 la Compagnie générale des produits chimiques de Normandie qui exploitera les procédés de frères Dreyfus et Clavel. L'usine sera créée à Grand-Quevilly où sont rassemblés d'autres usines chimiques. L'usine est mise en route fin 1917. Le procédé sera également exploité par les frères Dreyfus dans d'autre pays :
à Bâle en Suisse,
en Angleterre via la British Cellulose and Manufacturing Company, créée en 1916 avec une usine construite à Spondon, près de Derby, qui produira 2t d'acétate/mois en 1918,
en Italie, via une filiale des Dreyfus fondée en 1917 à Milan).
En Europe, la mise en œuvre de l'acétate de cellulose pour une fabrication industrielle de fibres a principalement été le fait de la Rhodiacéta (ancienne filiale de Rhône-Poulenc) avant la Première Guerre mondiale.