L’architecture chrétienne se constitue à partir du IIIe siècle, en continuité historique et culturelle des architectures d’édifices des cultes religieux la précédant.
L’architecture chrétienne du Moyen Âge du Ve au XVe siècle comporte un élément fondamental : l’église-bâtiment qui abrite l’Église, le groupe de fidèles qui pratiquent la messe issue de la formalisation universelle des rites au début du Moyen Âge. La taille des bâtiments d’église est en général liée à l’importance symbolique et hiérarchique dans l’organisation en communauté.
Les constructions qui ne sont pas destinées à la messe, sont associées au corps de bâtiment principal, corps accolés ou isolés, les dépendances ou les annexes, leur taille n’est pas forcément significative de leur importance religieuse.
Historiquement, l'architecture religieuse se développe en même temps que les autres constructions monumentales. Non seulement au milieu des civilisations naissantes, le monument religieux répond au besoin moral le plus puissant, mais encore il est un lieu d'asile, de refuge, une protection contre la violence. Ce sentiment que l'on retrouve chez tous les peuples, se montre très prononcé dans la société chrétienne.
Le temple païen n'est qu'un sanctuaire où ne pénètrent que les ministres du culte et les initiés, le peuple reste en dehors de ses murs, aussi les monuments de l'antiquité, en Italie, sur le sol des Gaules, ne pouvaient convenir aux chrétiens. La basilique antique, avec ses larges dimensions, sa tribune, ses ailes ou bas-côtés, son portique antérieur, se prêtait toutefois au culte de la nouvelle foi, étant le lieu de tous les échanges. Il est même probable que les dispositions de l'édifice romain eurent une certaine influence sur les usages adoptés par les premiers chrétiens. Contrairement aux idées reçues dans les premiers temps du christianisme les chrétiens ne se sont pas cachés dans les catacombes pour célébrer leurs offices. Pour cette pratique admise officiellement mais effectuée dans la discrétion, le choix du lieu était dû à la difficulté économique de la population concernée par le christianisme. Cette pratique dans les catacombes poursuit les pratiques rituelles communes dans l'hypogée antique.
Lorsque le christianisme devient la religion officielle sous l’empereur Constantin, l’église au sens de groupement de fidèles qui possèdent la Foi se constitue un espace de pratique qui se dissocie des autres espaces. Ces espaces sont premièrement les églises, des baptistères, des tombes.
Au Moyen Âge, l’architecture pagano-chrétienne du monde romain prend en Europe une dimension délaissée en Orient qui de son côté évolue massivement dans l’Islam et ses mosquées après avoir créé le culte chrétien.
Dans la première période sont édifiés de nombreux monastères qui sont des sociétés parallèlement organisées dans la Société en trouble général (les constructions ne sont accessibles que sous la règle monastique.) D'encore plus nombreux sanctuaires sont bâtis pour les reliques des martyrs (ou même des reliques du Christ Martyr pour le sanctuaire du Roi), en attente de l'Apocalypse attendue par périodes depuis le Ie siècle et que l'An mil réaliserait enfin. Des cryptes sont réalisées dans l'église. Les dissensions populaires apparaissent sur l'appropriation de l'espace sacré des églises comme nécropole « pré-paradis » au profit de l'élite aristocratique (ou même de l'élite religieuse). En sont issues le pèlerinage à portée locale (et indirectement les croisades). Les processions sont au départ une liturgie (une théatralisation) possible sur un espace non construit qui symbolise localement l'espace terrestre ayant contenu la vie du Christ y compris le Golgotha et son calvaire. C'est devenu une demande d'intercession avec le Saint dont on possède la relique. La procession dans l'espace construit de l'église-édifice abritant le reliquaire en fait adapter la forme avec les chapelles et le déambulatoire recevant la foule.
La fondation de Cluny et son architecture extrêmement fonctionnelle d'église-halle sans décoration constitue un modèle de stabilité dans cette instabilité de la société qui comprend l'instabilité du clergé et de sa hiérarchie.
L’architecture chrétienne au Moyen Âge est une continuité de l'architecture préromane avec l'architecture carolingienne et l'architecture ottonienne puis se constitue dans l’architecture romane qui poursuit les principes et canons antiques romains d’origine (cercle représentant la vie et le corps humain), architecture la plus présente dans la partie Sud du monde romain. Elle se constitue aussi dans l’architecture gothique du monde d’origine celte en partie Nord en pleine évolution économique que le roman n'avait pas atteint, architecture qui associe des principes d’architecture orientaux venus par l'Espagne et éléments romains (arc brisé et colonne) en les intégrant à la modernité technique qui se répand.
Les édifices sont des lieux de culte où s'effectue le cérémonial liturgique construits avec une architecture spécifique continuée : le Mystère de l’Incarnation y est présent, la réunion en Communion est organisée, la Lumière du Christ descend du Ciel, l’Eau bénite est purificatrice, la Terre reçoit la dépouille mortelle de l'homme créé par Dieu. Ces notions sont symbolisées par les organisations d’espace et leur formes suivant une modélisation qui tient à l’appartenance à une des églises composant le monde chrétien. Elles suivent la conception du développement de l'espace en des dépendances et annexes, très disparate dans ce regroupement social d'Églises et Communautés pouvant par exemple être des communautés militaires. L'ensemble des groupes fut ensuite encadré et régulé par le IVe concile du Latran.
Les notions de base de l'architecture chrétienne sont parfois une symbolisation par les matières employées (pierre essentiellement pour l'église, bois, terre pour l'homme). Elles reprennent la géométrie classique de la construction (rotonde, basilique) et y ajoutent des membres d'architecture (cathèdre, croisée d'ogive, jour haut à vitrail, gloire du Christ, arc boutant et triforium-matroneum, tribune d'ostention, tierceron...). L'art paîen est récupéré dans ses éléments détournés ou non de sens initial (autel, chaire, labyrinthe...). L'art utilisé est un art figuratif, comportant peinture, mosaïque, sculpture en haut et bas relief. Les figures représentées sont Dieu, le Christ et l'Univers, la chrétienté et son l'histoire.
Dans la société le réseau des laïques est dissocié du réseau des membres du clergé y compris dans les « métiers » de la commande de la construction et de la réalisation de la construction. Ils aboutissent aussi à un vocabulaire différent du vocabulaire commun (par exemple Portail et porte).
La plupart des constructions sont crées par vœux des constructeurs et ils les réalisaient personnellement. Elles suivent au niveau des détails en fait assez peu dans la première période les directives et règles des instances religieuses à qui l'ouvrage est attribué. L'ornementation de cette architecture est une partie constituante fonctionnelle de la construction, elle n'est donc pas un simple décor. Il est difficile dans ce cas de ne pas retrouver la marque de la tradition païenne d'inscrire la personnalité de l'officiant-exécutant dans la matière de sa contribution ce qui donne un Art vernaculaire, mais l'ensemble est bien une communion du groupe social et exprime sa technicité. L'émerveillement provient de l'aspect aussi bien de l'intérieur que de la façade-spectacle (qui en fait une entité particulière autonome). La construction a un caractère didactique et pédagogique : le bonheur du Ciel passe par sa « porte » sur terre.
Les faits notables et donc mémorisés sont des constructions très longues à réaliser, elles restent en attente de solutions parfois des décennies. Elles sont aussi le cadre d'essais où on constate après réalisation la solidité de l'ouvrage qui ne fait pas l'objet de calculs pour sa conception mais d'une transposition intuitive des éléments visibles du Monde et de ses règles.
Dans l'habitat ordinaire de la population, la symbiose existe avec les édifices religieux par l'emploi de membres classiques d'expression de l'immatériel, les niches « habitées » par la Vierge, St Pierre ou autre Saint protecteur. Mais il n'y a pas une architecture religieuse par la géométrie des formes de la construction ou par une disposition particulière des locaux ou des objets meublants (en différence par exemple dans la religion juive de la disposition et de l'usage d'éviers). Cependant le gothique a caractère profane prend place pour les édifices monumentaux bourgeois (halles, hôtel de ville...). Pour les agglomérations, l'église est immanquablement le signal du centre, ce que n'est pas le château.
L’architecture chrétienne du Moyen Âge cède sa place à une nouvelle architecture par la christianisation des références Antiques associée au calcul fait par des spécialistes après le XIV siècle. Cependant dans cette période longue de mille ans s'est constituée la structure d'activité professionnelle des bâtisseurs avec les corporations débutant l'actuel schéma économique de la production du bâti avec des maîtres d'œuvre. Elle accompagne la renaissance de la Cité en groupement social urbain ponctué avec l'Ordonnance de Villers-Cotterêts qui se passe en même temps que le ralentissement de la production de la construction religieuse (l'église n'est plus la seule forteresse, l'école chrétienne n'est plus le seul établissement d'enseignement). Partant des édifices religieux, l'ornementation des édifices non religieux prend à nouveau place, les châteaux pour une part sont devenus des bâtiments plus civils que des bâtiments de casernement militaire, les demeures utilisent les arts décoratifs. La toiture visible dans le ciel est devenue importante, et l'estime porté à la vue de ses parties avec ses matériaux en font un élément élaboré dans la construction, de même que le corps d'entrée qui par sa conformation permet de tenir son rang. La fenêtre (à meneau) des édifices civils architecturaux non religieux poursuit l'ordonnance des jours hauts à vitrail des églises. Le jardin espace terrestre dans l'esprit de l'éden créé dans les abbayes est recopié en jardin espace terrestre laïc de l'architecture laïque.
La structure administrative locale avait été donnée par les autorités religieuses de la paroisse dès le Ve siècle jusqu'à la formulation nouvelle des États avec leur pouvoirs temporels et militaires (imposant ensuite la religion d'état) distincts des pouvoirs spirituels (culturels). De là vient le découpage de la ville en « un quartier, une église ». De cette organisation sociale vient entre autres la prise en compte de la santé de la population qui partant de l'hospice aboutit à l'hôpital religieux ou laïc...