Bataille de la mer des Philippines - Définition

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Contexte

Après la bataille des îles Santa Cruz qui avait conclu la campagne de Guadalcanal, en octobre 1942, la flotte japonaise se retira à Truk, puis Palaos et enfin Singapour, se réorganisant et remplaçant ses pertes.

Après la mort de l'amiral Yamamoto en avril 1943, l’amiral Mineichi Koga devint commandant en chef de la Marine impériale japonaise. La stratégie navale du Japon était alors la défense d'un périmètre englobant les îles Salomon, les îles Gilbert et les îles Mariannes jusqu'aux îles Aléoutiennes. Après les succès de MacArthur en Nouvelle-Guinée et les raids aériens américains sur la base de Rabaul en automne 1943 et les dégâts subis par la flotte japonaise dans ce port, il devint évident que ce périmètre de défense ne pouvait plus inclure ni les îles Salomon, ni les Gilbert, ni les Marshall.

Koga mourut lors d'un accident d'avion en mars 1944 et fut remplacé par l'amiral Soemu Toyoda qui dirigea la flotte depuis Tōkyō. La flotte combinée qui avait fait la fierté de Yamamoto s'était scindée en plusieurs groupes. La plus importante force à la disposition de Toyoda était la 3e Force, ou la Force mobile.

Depuis la fin de 1942, le commandant de la Force mobile était le vice-amiral Jisaburo Ozawa, un officier considéré comme agressif et talentueux.

Le 11 mai 1944, la Force mobile d'Ozawa quitta Singapour pour Tawitawi, une île des Sulu, dans les Philippines. Le plan principal de Toyoda était l'opération "A" (A-Go) : il s'agissait d'attirer la flotte américaine dans la zone délimitée par les îles Palaos, les îles Mariannes et les îles Carolines, où étaient situées bon nombre d'unités d'aviation terrestre. L'action conjuguée de l'aviation embarquée et basée à terre devait détruire la Task Force et ainsi supprimer toute possibilité de débarquement américain aux Mariannes.

Alors que la flotte japonaise attendait l'attaque américaine dès la mi-mai à Tawitawi, elle fut repérée par des sous-marins américains qui commencèrent à la harceler lors de ses sorties d'entraînement (le Yukikaze fut endommagé par une torpille), privant ainsi de précieuses heures de vol les pilotes japonais, pour la plupart jeunes et inexpérimentés. La flotte japonaise souffrant également d'une pénurie de carburant, il fut décidé de recourir au pétrole brut tiré de Bornéo en guise de produit de substitution. La décision d'utiliser ce carburant de faible qualité et hautement volatil fut particulièrement lourde de conséquences lors des combats.

Début juin 1944, la flotte japonaise détecta l'approche de la 5e Flotte et se porta à sa rencontre pour l'annihiler.

Mise en place

L'opération américaine avait pour nom Opération Forager. Son but était la prise de contrôle des îles Mariannes et plus particulièrement Saipan et Tinian, deux îles qui appartenaient au Japon depuis 1917, et Guam, une île américaine depuis 1899, la plus grande des Mariannes située au sud de l'archipel, que le Japon avait envahie trois jours après l'attaque sur Pearl Harbor.

La 5e Flotte était constituée principalement des forces de débarquement ("Forces expéditionnaires jointes") sous les ordres du vice-amiral R.K. Turner, et des porte-avions rapides et de leur escorte (Task Force 58 ou TF58) sous les ordres du vice-amiral Marc A. Mitscher.

Le 11 juin, la force d'invasion américaine fit précéder l'attaque principale par une série de frappes aériennes sur les Mariannes, faisant comprendre aux Japonais que l'objectif de l'attaque était les Mariannes. Ceci était une surprise pour eux puisqu'ils qui s'attendaient plutôt à une attaque plus au sud, soit dans les Carolines, éventuellement à Palaos.

La Force Mobile quitta Tawitawi le 13 juin en direction des Mariannes. Elle était repérée par les sous-marins américains et le code secret japonais étant décrypté, tous les mouvements de la Force étaient donc connus de la 5e Flotte et de la TF58.

Par ailleurs, les raids américains du 11 juin sur les aérodromes de Rota, Saipan, Tinian et Guam avaient mis à mal la capacité aérienne de ces bases, puisque selon les rapports américains, 150 (des 250) avions japonais furent détruits au sol ou en vol (contre 11 avions américains abattus).

Le 14 juin, Spruance reçut des informations relatives à de possibles renforts aériens japonais en provenance d'Iwo Jima et Chichi Jima dans les îles Bonin. Sachant que plusieurs jours se passeraient avant l'engagement avec la flotte japonaise, il envoya deux Task Groups, le TG 58.1 de Clark et le TG 58.4 de Harris vers ces îles, qu'ils atteignirent et attaquèrent le 16 juin, infligeant de graves dégâts aux capacités aériennes de leurs aérodromes.

Le 15 juin, l'invasion de Saipan commençait.

Le 17 juin vers 20 heures, la Flotte Mobile fit sa jonction avec l'escadre cuirassée de l'amiral Ugaki, et se dirigea tout droit sur les îles Mariannes. Malgré leur infériorité numérique, les Japonais étaient confiants, car leurs avions avaient d'une part un plus grand rayon d'action, et pouvaient d'autre part faire la navette entre les porte-avions et les bases terrestres, ce qui augmentait de façon significative le rendement de l'aviation embarquée.

Le plan japonais A-GO reposait sur l'action conjuguée de l'aviation embarquée et des avions basés à terre. Ces derniers devaient avoir détruit au préalable au moins un tiers du potentiel américain. Or les bombardements américains avaient causé de lourdes pertes à l'aviation basée à terre et rendu les aérodromes quasiment inutilisables. L'action de l'aviation terrestre fut négligeable dans la bataille qui allait suivre, ce qui allait avoir de lourdes conséquences pour les attaques aériennes de la Flotte Mobile.

Le 18 juin, l'amiral Mitscher avait rassemblé la TF 58 près de Saipan et se préparait à la bataille. Peu avant minuit ce jour là, l'amiral Chester Nimitz envoya à Spruance un message l'informant que la force japonaise se trouvait à environ 560 km à l'ouest-sud-ouest de la TF 58 et Mitscher demanda l'autorisation de se porter à l'ouest pendant la nuit, afin de se trouver dans une bonne position d'attaque à l'aube.

Spruance refusa de donner cet ordre. Il craignait en effet que les Japonais tentent d'éloigner sa Task Force de la zone d'invasion avec une force de diversion et attaquent ensuite sa flotte par le flanc en mettant en danger l'invasion de Saipan. Il ordonna donc à la TF de rester sur place, laissant aux Japonais l'initiative, et donna l'ordre aux deux Task Groups envoyés dans les Bonin de rejoindre la Task Force le 17 juin.

La position attentiste de Spruance fut critiquée à l'époque et encore maintenant, quoiqu'il soit intéressant de comparer la prudence de Spruance à l'époque avec l'impétueuse poursuite d'une force de diversion par l'amiral William Halsey pendant la bataille du golfe de Leyte.

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