Cathédrale d'Erfurt - Définition

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Mobilier et décoration

Vitraux du chœur

Les baies du chœur, à ajourages, d’une hauteur de 18,6 m et d’une largeur jusqu’à 2,60 m, divisées par trois meneaux en quatre compartiments verticaux d’égale largeur, comportent un cycle de vitraux en style gothique tardif, créé entre 1370 et 1420 environ, et comptant parmi les plus vastes de ce type en Allemagne. Treize des quinze verrières ont été conservées presque intégralement dans leur état médiéval ancien, 895 des quelque 1100 pièces de verre remontant au Moyen Âge ; y font seules exception : la fenêtre orientale, représentant des scènes de la vie de Marie, qui n’a été conservée que de manière fragmentaire, quelques améliorations peu importantes effectuées entre 1897 et 1911, et les deux verrières occidentales du flanc sud, qui sont des créations modernes, exécutées par le peintre et verrier allemand Charles Crodel (1894-1973), mais qui, suivant un conception nouvelle de la restauration, puisent dans l’imagerie médiévale.

À droite de la baie centrale sont figurés la création et les temps primitifs jusqu’à la construction de la tour de Babel, et à gauche de cette même baie la Passion du Christ jusqu’à la résurrection. Les baies du flanc sud du choeur mettent en scène l’histoire du patriarche Abraham, du patriarche Jacob et du patriarche Joseph, et la dernière fenêtre un groupe de vierges en gothique tardif (fenêtre dite Tiefgrubenfenster) ; les verrières du flanc nord montrent les apôtres et leurs martyres, ainsi que des légendes de saints, notamment de sainte Catherine, saint Eustache, Boniface de Mayence et sainte Hélène.

Les verrières furent créées une à une après l’édification du chœur et peuvent être subdivisées en trois groupes : les huit plus anciennes appartiennent au groupe dit aux petites figures (fenêtre de saint Eustache, de sainte Catherine, des apôtres et de la Passion sur la face nord, fenêtres de la Genèse, d’Abraham, de Jakob et de Joseph sur la face sud). Ces verrières se distinguent par des figures majoritairement trapues aux grosses têtes et aux grandes mains, remplissant les champs en rangs serrés. Elles sont nées sous l’influence d’exemples de Bohême et d’Allemagne méridionale et datent entre 1370, date d’achèvement du chœur, et 1380. Le deuxième groupe, désigné par groupe aux figures isolées, comprend la fenêtre aux apôtres sur la face nord de l’abside polygonale ainsi que la fenêtre centrale de la face orientale, consacrée à Notre-Dame, qui probablement fut enlevée lors de la mise en place du maître-autel et depuis lors en grande partie introuvable. Ce groupe se caractérise par des représentations de saints disposées chacune sur un seul morceau de verre, saints aux vêtements flottants et à la corporalité peu élaborée, et dont les traits au-dedans des morceaux de verre sont tracés vigoureusement. Elles ont été créées environ entre 1390 et 1400. De ce groupe dit aux grandes figures font partie la fenêtre de saint Boniface et de sainte Hélène (les deux fenêtres les plus à l’ouest de la face nord) et la Tiefengrubenfenster, fenêtre représentant des vierges, ainsi nommée d’après le vicaire de la cathédrale qui fut à l’origine de cette fenêtre et qui s’y trouve représenté agenouillé. Elle est attestée sur une charte de 1403, ce qui permet de situer la dernière fenêtre également aux environs de cette même date. En ce qui concerne les deux premières fenêtres, il y a lieu de tenir compte de la possibilité qu’elles aient été dans une large mesure renouvelées après l’incendie de 1416 et n’aient été définitivement achevées qu’en 1420 environ. L’influence se fait ici clairement sentir du style mou (« Weicher Stil »), parvenu jusqu’à Erfurt par l’intermédiaire de la Bohême.

Stalles

Stalles dans le chœur de la cathédrale d’Erfurt.

Le chœur possède outre les vitraux une décoration et un mobilier en grande partie d’origine. Les 89 sièges juxtaposés des stalles se répartissent en deux rangées doubles, parallèles à l’axe du chœur, d’une longueur de 17,5 mètres, se prolongeant chacune, à l’équerre, d’une rangée placée contre les parois occidentales du chœur, parois sur lesquelles s’appuient les clochers et qui séparent le chœur de la nef. Les stalles d’Erfurt sont parmi les plus vastes et les mieux préservées des stalles médiévales allemandes. Le bois de chêne utilisé fut coupé en 1329 (et non dans la décennie 1360-1370 comme il avait été admis jusqu’ici) et probablement mis en œuvre peu après. En 1829/30 et en 1900 furent accomplis des travaux visant à compléter l’ensemble, en particulier au niveau des dais, de sorte que leur aspect d’origine ne peut plus être reconstitué. De plus, 36 des 50 figurines féminines des accoudoirs furent remplacées, ainsi qu’un certain nombre d’autres éléments.

Comme dans toutes les autres collégiales, chaque chanoine avait sa place fixe dans les stalles (stallus in choro), en conformité rigoureuse avec le rang qu’il occupait dans la hiérarchie. Dans les stalles de la rangée de derrière, situées plus haut et à l’ornementation beaucoup plus riche, prenaient place les maiores praebendati, les chanoines au rang le plus élevé. Les stalles en contrebas étaient destinées aux minores praebendati, cléricaux de moindre rang tels que chanoines élus en disponibilité, vicaires et élèves de l’école cathédrale. Ces derniers y ont souvent gravé leur nom, ce qui fut cause, dans la littérature plus ancienne, de confusion concernant la datation. La rangée de stalles la plus somptueusement et richement décorée est celle du côté ouest du chœur. De chaque côté se dressent trois sièges précédés de pupitres, qui cependant sont plus modernes quant à leur forme, seules les jouées étant originelles. Ici s’asseyaient les dignitaires du chapitre et les prélats : l’archidiacre, le doyen, le grand chantre, le vicaire général, le recteur de l’école cathédrale, et sur le sixième siège probablement un évêque auxiliaire.

Le thème des décorations est une opposition typologique entre l’Ancien et le Nouveau Testament. On trouve par ailleurs, sculptées sur les prie-dieu et les accoudoirs, des scènes de genre et des figures grotesques. Les stalles sont dépourvues de miséricordes ou patiences, c’est-à-dire de ces petites consoles servant à s’y appuyer, et qu’on retrouve habituellement ailleurs. Les deux grandes jouées situées à l’est ont une ornementation particulièrement riche. Celle au sud montre, s’élevant au-dessus d’une tête de Christ entre deux poissons, un pampre de vigne formant des circonvolutions dont les creux sont occupés par des scènes de vignoble et de vendanges. Plus haut, à côté d’une petite figure en ronde bosse de Marie avec l’enfant, la chute d’Adam et Ève est représentée dans deux arcades trilobées. La vigne est à interpréter comme un symbole du Christ, attendu que le vin symbolise le sang du Christ. Ces médaillons composent ainsi une allégorie de la rémission du péché originel par le sacrifice du Christ. La jouée nord montre la victoire du christianisme sur le judaïsme dans la lutte entre Ecclesia et Synagogue. Un chevalier rayonnant affronte un personnage monté sur une truie (voir article Judensau). Probablement cette représentation est-elle à mettre en rapport avec les pogroms qui sévirent en 1349/50. Les quatre anges musiciens qui surmontent la scène, jouant sur des instruments de musique de l’époque, et l’effigie du roi David, muni d’une harpe, ainsi que trois musiciens qui l’accompagnent, célèbrent manifestement la victoire de l’église chrétienne. Sur les jouées occidentales, ce sont, au sud, une représentation de saint Christophe en jeune homme, et, au nord, un Judas Iscariote se donnant la mort par pendaison et un diablotin sardonique dans les ramures d’un arbre.

Une différence de qualité est nettement perceptible, deux équipes d’artisans au moins ayant eu la main dans cet ouvrage ; c’est bien entendu à la meilleure de ces équipes que fut confiée la confection des stalles des dignitaires et des membres du haut clergé.

Maître autel

Autel de la cathédrale d’Erfurt.

Le maître autel baroque, haut de 16,5 m et large de 13 m, fut construit entre 1697 et 1707 puis disposé en lieu et place de ce qui devait être auparavant un grand autel gothique avec retable. Restauré avec bonheur au début du XXIe siècle, débarrassé de la poussière et de la suie qui le recouvrait, il resplendit aujourd’hui d’un éclat nouveau. Le tabernacle, sur lequel une inscription porte la date de 1697, y fut disposé, selon les chroniques, en 1706. Le maître ayant exécuté l’autel n'a pas été identifié. L'installation de cet autel eut lieu dans le cadre de la Contre-Réforme et doit s’entendre comme un signe visible de l’autorité dont se prévalait à Erfurt l’archevêque de Mayence.

Il consiste en un haut bâti à deux étages, dans lequel des passages latéraux ont été ménagés, et dont les différents coudes qu’il présente déterminent la disposition générale polygonale. Sur le large premier étage, qui forme soubassement, se dressent, en paires, des colonnes torsadées sur lesquelles s’enroulent des pampres. Elles supportent une imposante charpente au riche décor plastique, dont l’allure générale reprend celle du premier étage. Le soubassement porte, outre les effigies des princes des apôtres, celle de saint Pierre à gauche, celle de saint Paul à droite, ensuite celle de saint Boniface à gauche et, à droite, celle de saint Martin de Tours, patron de l’archevêché de Mayence, et, en position privilégiée, flanquant le panneau inférieur de l’autel, les statues des évêques Adolar et Eoban. Sur le châssis du premier étage se tiennent les quatre évangélistes. Seule la partie centrale est rehaussée d’un étage supplémentaire ; celui-ci est couronné d’un fronton brisé, dont le centre est occupé par un médaillon ovale. Sur les rampants découpés du fronton se tiennent saint Joseph et saint Jean Baptiste. Le médaillon lui-même est flanqué des archanges Michel et Raphaël.

Le panneau peint inférieur montre l’adoration des trois mages, inspiré d’une œuvre de même titre de Pierre Paul Rubens. Il est dû au peintre Jakob Samuel Beck, dont la présence à Erfurt entre 1736 et 1776 est documentée, et vint remplacer, peut-on supposer, une peinture plus ancienne. De sa main était également la peinture La Sainte Trinité qui ornait à l’origine le panneau supérieur ; à sa place se trouve actuellement une image baroquisante de 1950, représentant une madone protégeant de son manteau un groupe de paroissiens, contemporains du peintre, qui purent ainsi pérenniser leur image. Le médaillon au fin haut de l’autel contient une représentation de l’Annonciation. Les deux panneaux de l’autel pouvaient être changés au gré des grandes fêtes religieuses. À la paroi sud du chœur sont accrochées une Crucifixion et une Assomption (début XVIIe) et une autre peinture de Beck, l’Adoration des bergers, de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. L’autel, en dépit de sa monumentalité, reste subordonné au chœur gothique et n’empêche pas le regard d’embrasser les verrières du chœur, y compris celle du pan axial du chevet.

Vitraux de la nef

Ce sont, à l’ouest : verrière de sainte Cécile, au nord : Adoration de la croix, et au sud : les cinq joies de Marie (appelé aussi verrière de Wolfram), toutes réalisées en 1961 par Charles Crodel, créateur également des verrières 14 (de sainte Élisabeth) et 15 (de l’Apocalypse) dans le haut-chœur.

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