Centrale nucléaire de Dimona - Définition

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Introduction

La centrale de Dimona est une centrale nucléaire située à Dimona en Israël. Depuis sa création, elle est probablement essentielle au développement du programme nucléaire israélien.

Histoire du programme nucléaire israélien

De toutes les nations possédant l'arme nucléaire ou faisant l'objet de soupçons très importants à ce sujet, l'état d'Israël a toujours maintenu un flou stratégique sur sa capacité à utiliser l'atome à des fins militaires. Le bureau aux affaires technologiques du congrès américain ((en) OTA) a classé Israël comme un pays possédant un arsenal chimique et un programme d'armes biologiques non déclarés dans une étude des risques de prolifération. À l'inverse, cela n'a jamais vraiment été le cas considérant les activités civiles, à l'exemple des coopérations internationales mises en œuvre à la centrale nucléaire de Nahal Soreq.

Les révélations de l'ancien technicien Mordechai Vanunu sur l'arsenal stratégique militaire, en 1985, dans les colonnes du Sunday Times britannique, n'ont rien changé à la donne : ni confirmation, ni infirmation de l'information. Dès lors, la majorité des données disponibles émane de services de renseignement ou de groupes d'étude étrangers, sans pour autant prétendre à la certitude complète.

En 2009, le site nucléaire de Dimona est probablement la pièce maîtresse de la recherche militaire israélienne dans le domaine de l'atome.

L'axe franco-israélien

Pour revenir aux sources du programme atomique, il convient de citer le contexte de la coopération diplomatique et militaire très soutenue qui existait entre la France et l'État hébreu au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci entrant de le cadre des Protocoles de Sèvres. En sus des amitiés personnelles qui liaient les socialistes Guy Mollet et le général Kœnig aux travaillistes israéliens, Paris avait rapidement considéré l'État hébreu comme un allié au Proche-Orient. En effet, vu l'influence française déclinante avec la fin de la tutelle sur le Levant (Liban et Syrie), les ambitions panarabistes de l'Égypte de Nasser et la concurrence avec les États-Unis et le Royaume-Uni sur le contrôle des hydrocarbures, il lui fallait s'appuyer sur un État qui lui permettait de garder un pied dans la région.

Une alliance sacralisée dès 1956 avec la crise de Suez, durant laquelle Israël appuya son allié européen contre l'Égypte. En récompense de ces liens étroits, la France fournit très discrètement à Israël la technologie pour construire un réacteur dans la région de Dimona, qui entrera en fonction entre 1962 et 1964. Celui-ci est est considéré, par une grande partie des experts, comme un site de fabrication d'armes nucléaires. Le gouvernement israélien s'est toujours refusé à tout commentaire sur le sujet, s'en tenant à une politique d'ambigüité délibérée. Parallèlement à la construction du site de Dimona, à laquelle des ingénieurs français ont participé, des scientifiques israéliens sont soupçonnés d'avoir été conviés à participer aux essais nucléaires français dans le désert algérien.

Parmi les principaux artisans supposés de cette acquisition de l'atome par Israël, il convient de citer Shimon Peres. En 1953, il est nommé directeur général du ministère de la défense. Dans cette fonction, il s'implique particulièrement dans l'achat d'armes pour le jeune État d'Israël. Il se rend en France en 1954 et fait la rencontre d'Abel Thomas, directeur général du ministère de l'Intérieur, qui lui présente son ministre Maurice Bourgès-Maunoury. Ensemble, ils mettent en place une coopération entre les services de renseignements dans la lutte contre l'ennemi commun égyptien accusé par la France de soutenir les indépendantistes algériens. En 1956, Bourgès-Maunoury devient ministre de la Défense dans le gouvernement de Guy Mollet. Une étroite coopération franco-israélienne s'amorce. Les efforts de Peres sont efficaces et il réussit à acquérir, auprès de la France, outre le premier réacteur nucléaire de Dimona, le Mirage III, un avion de combat à réaction auprès de l'avionneur français Dassault.

Développement local

En 1958, des avions de reconnaissance américains de type U-2 survolent le site de Dimona et confirment les soupçons de l'existence d'un programme de recherche nucléaire. Cette nouvelle ne va pas alarmer les dirigeants israéliens qui prétendront tour à tour qu'il s'agit d'une usine textile ou encore d'une exploitation agricole, quant aux Français, ils adopteront un profil bas face aux autres superpuissances. Les États-Unis demandent alors qu'Israël accepte des inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Israël donne son accord aux conditions suivantes: des inspecteurs américains plutôt que ceux de l'AIEA et d'être informé à l'avance de toutes les dates d'inspections.

Toutefois, fournisseuse monopoliste de la technologie atomique, la France s'inquiète progressivement des intentions israéliennes et de la révélation potentielle du secret qui risquerait d'affaiblir sa position déjà difficile au sein du concert des nations (luttes indépendantistes dans ses colonies, à l'instar de Algérie). Le général De Gaulle demanda aux dirigeants israéliens de confirmer publiquement l'existence du site nucléaire en échange de la fourniture de matériaux et technologies complémentaires. Le premier ministre David Ben Gourion en 1960 s'exécuta en précisant que le réacteur serait utilisé à des fins exclusivement civiles. En réalité, c'était loin d'être le cas eu égard aux objectifs du programme. Enfin, cette annonce constitua également la fin de la coopération franco-israélienne dans ce domaine.

Selon certains, cette connaissance du planning des inspecteurs aurait permis à Israël de dissimuler la vraie nature des travaux du centre (la fabrication d'armes nucléaires). Par la suite, les inspecteurs ont informé le gouvernement américain de restrictions sur les zones auxquelles ils avaient accès. On ignore s'il y eu des complicités avec les scientifiques dépêchés en Israël ou si ces derniers furent bernés lors de leurs différents séjours, le programme militaire israélien continua dans l'ombre et aurait abouti à la production d'ogives dès l'année 1966. Deux ans plus tard, le pays refuse d'adhérer au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) tout en niant toujours posséder un arsenal stratégique. Les inspections prennent fin en 1969. Les États-Unis déclarent en conclusion que les Israéliens pourraient être dotés de la technologie nucléaire. Tsahal a du probablement disposer de la bombe lors de la guerre des six jours.

Des documents top secrets britanniques obtenus par BBC Newsnight ont montré que la Grande-Bretagne avait effectué des centaines de livraisons secrètes de matériaux contrôlés en direction d'Israël dans les années 1950 et 1960. Parmi les divers produits livrés, on peut citer des échantillons d'uranium 235 en 1959, du plutonium en 1966, ainsi que du lithium-6 hautement enrichi. Ce dernier est utilisé pour accélérer les réactions de fission et servir de carburant aux bombes à hydrogène. Les investigations ont aussi montré que les britanniques ont envoyé 20 tonnes d'eau lourde pour le démarrage de la centrale de Dimona. Les transactions ont été effectués par le biais d'une compagnie norvégienne du nom de Noratom, celle-ci prélevant au passage une commission de 2%. Questionné par l'AIEA, les officiels britanniques ont maintenu qu'ils ne connaissaient pas la destination finale des produits, se réfugiant derrière le contrat les liant à Noratom. Un officier du renseignement britannique qui avait enquêté sur le "deal", à l'époque, a confirmé qu'il s'agissait bien d'une vente à Israël et que la société norvégienne n'était qu'une couverture société-ecran. Le ministère des affaires étrangères britannique a reconnu en 2006 qu'il connaissait l'intention norvégienne de revendre l'eau lourde à l'État hébreu dès 1961 dans une déclaration publique.

En 1969, le président Richard Nixon, lors d'une rencontre avec le premier ministre Golda Meir, presse Israël de « ne pas faire d'introduction visible d'ogives nucléaires et de ne pas entreprendre d'essais nucléaires ». Cela afin de maintenir sa politique ambiguë sur la question nucléaire, et d'éviter une prolifération aux états voisins.

Il n'y a pas d'essais nucléaires reconnus comme liés directement à Israël. Cependant, les armes décrites par Mordechai Vanunu ont requis une phase de test. Il est possible que les Israéliens aient reçu les résultats d'essais français des années 1960. En juin 1976, le magazine militaire ouest-allemand Wehrtechnik a déclaré qu'un essai souterrain a eu lieu dans le désert du Néguev en 1963. D'autres rapports parlent d'essais non-nucléaires, le 2 novembre 1966 (test zero yield ou test d'implosion).

En septembre 1979, un satellite américain Vela a décelé un double flash qui pourrait être lié à une explosion nucléaire atmosphérique d'une puissance de 3 kilotonnes dans les eaux sud-africaines. Cela ferait suite à une coopération soutenue avec l'Afrique du Sud, dès le milieu des années 1970, qui cherchait également à se doter d'armes stratégiques. En échange de matériaux fissiles, l'État hébreu aurait partagé sa technologie avec les scientifiques militaires sud-africains. En 1994, lors de son arrivée au pouvoir, Nelson Mandela confirma l'existence de ce programme militaire, qui avait d'ailleurs été démantelé avant la fin de l'apartheid.

En 1998, l'ancien premier ministre Shimon Peres a déclaré qu'Israël construisait une option nucléaire, non pas pour avoir un « Hiroshima » mais un « Oslo ». Cette option nucléaire fait sûrement référence au réacteur de Dinoma dont Perès a été le directeur dans les années 1950.

Capacités nucléaires israéliennes

La première révélation publique des capacités nucléaires d'Israël (par opposition au nucléaire civil) a été faite dans le Sunday Times du 5 octobre 1986, divulguant des informations transmises par Mordechai Vanunu, ancien employé de la centrale nucléaire de Dimona. En raison de la publication de secrets d'État, il fut condamné à 18 ans de prison pour trahison et espionnage.

Aujourd'hui, on estime qu'Israël est une puissance nucléaire dont le programme est arrivé depuis longtemps à maturité. Tsahal dispose de nombreux vecteurs de frappe qui reposent à la fois sur les bombardiers, les missiles balistiques (modèles Shavit et Jéricho I) ainsi que sur les sous-marins récemment acquis en Allemagne. Ce pays continue à maintenir un flou sur ses activités pour deux raisons essentielles: ses ennemis potentiels ignorent précisément l'étendue de son pouvoir de destruction massive, de plus, ses alliés ne subissent pas la critique d'aider une nation qui refuse adhérer au TNP puisqu'elle nie posséder l'arme atomique.

Lors d'une interview du 11 décembre 2006, le premier ministre Ehud Olmert a cité Israël parmi une liste de pays possédant une arme de dissuasion massive. Un de ces porte-paroles a rapidement démenti ces propos en insistant sur la position d’ambiguïté stratégique israélienne ne changeait pas sur la question des armes nucléaires.

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