Champ (mathématiques) - Définition

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Champ scalaire

Il n'y a guère de difficulté à concevoir un champ scalaire, à partir d'un exemple physique : la température dans une cuisine. Il fait chaud à côté des radiateurs en hiver, et à côté des appareils de cuisson, quand ils fonctionnent. Il fait chaud aussi près d'une casserole chaude, ou d'une cafetière qui vient d'être remplie. Mais il fait froid dans les assiettes où on vient de poser deux boules de glace. En revanche, il fait chaud derrière le frigo. N'oublions pas que s'il y a des gens, l'air chauffe au contact de leur peau, et de leur vêtement, sauf par un jour de canicule.

La température est bien un nombre qui varie en fonction du lieu et du temps.

Champ de tenseurs sur une surface

Maintenant qu'on a compris ce qu'est un champ de vecteurs et un champ de covecteurs sur une surface S, on peut définir un champ de tenseurs sur cette même surface, en considérant plusieurs exemples.

On commence par un cas très utile : un champ de tenseurs qui permet de décrire l'élément d'aire. On définit en chaque point de S une forme bilinéaire alternée L(u,v) par son action sur les paires de vecteurs tangents. Il suffit pour cela de connaître l'action de L sur les deux vecteurs \partial r/\partial u et \partial r/\partial v  :

L(\partial r/\partial u, \partial r/\partial v)=\ell ,

\ell étant une fonction de u et v. A ce moment-là, si Xj désigne un champ de vecteurs tangent, pour j=1,\,2 avec pour coordonnées aj et bj, on aura

(L(X_1,X_2))(u,v)=\bigl((a_1b_2-a_2b_1)\ell\bigr)(u,v).

La formule de changement de carte se déduit au moyen du raisonnement du paragraphe précédent : si en coordonnées grecques, la même forme bilinéaire est définie par

\Lambda(\partial\rho/\partial\sigma,\partial\rho/\partial\tau)=\lambda,

alors

\lambda=(\det\phi) \ell,

la vérification étant immédiate.

On peut alors définir une mesure signée sur S en posant, pour A une partie mesurable de S que la mesure de A est donnée par

 \int_A \ell(u,v)\,\mathrm du\,\mathrm dv,

pourvu que A soit entièrement contenu dans un ouvert admettant la paramétrisation par r(u,v). Si ce n'est pas le cas, on découpe A en une réunion disjointe d'ensembles mesurables, chacun d'eux étant contenu dans l'image d'une représentation paramétrique. Les détails de ce découpage importent peu, en vertu des formules de changement de variable.

On remarque que si tous les changements de carte, c'est-à-dire les φ ont des matrices de déterminant positif, et si les \ell sont tous positifs, la mesure ainsi définie est positive.

On passe maintenant à un autre cas pratique : des tenseurs symétriques contravariants et des tenseurs symétriques covariants.

Un tenseur symétrique covariant g est connu par son action sur les vecteurs de base :

\begin{align} g(\partial r/\partial u,\partial r/\partial u)&=g_{11},\\ g(\partial r/\partial u,\partial r/\partial v)&=g_{12}=g_{21},\\ g(\partial r/\partial v,\partial r/\partial v)&=g_{22}, \end{align}

les gij étant des fonctions de u et v.

Le changement de carte respecte les principes précédents : si le même tenseur covariant a des coordonnées γij dans les coordonnées latines, et on trouve

\begin{pmatrix}\gamma_{11}&\gamma_{12}\\\gamma_{21}&\gamma_{22}\end{pmatrix}= D\phi\begin{pmatrix}g_{11}&g_{12}\\g_{21}&g_{22}\end{pmatrix} D\phi^{\mathsf{T}}.

Ici le signe \mathsf{T} en exposant désigne la transposition.

En particulier, si la matrice des coefficients de g est définie positive, il en est de même de la matrice des coefficients de γ.

Prenons comme tenseur covariant celui qu'induit la topologie euclidienne, c'est-à-dire :

g_{11}=\left|\frac{\partial r}{\partial u}\right|^2, \quad g_{12}=g_{21}=\frac{\partial r}{\partial u}\cdot\frac{\partial r}{\partial v}, \quad g_{22}=\left|\frac{\partial r}{\partial v}\right|^2.

Dans ce cas, la longueur d'un vecteur tangent, dont on connaît les coordonnées locales a et b est donnée par g11a2 + 2g12ab + g22b2.

On peut aussi définir un tenseur symétrique contravariant, qui servira à mesurer la longueur des vecteurs cotangents. On remarque qu'il est possible de transformer un vecteur tangent en vecteur cotangent à l'aide du tenseur métrique covariant. Il suffit de poser (l\,\,m)=(a\,\,b)g , et on vérifie facilement que les changements de variable se font dans le sens covariant.

Il serait commode dans ce cas que la longueur de (l\,\,m) mesurée à l'aide du tenseur métrique contravariant soit égale à la mesure de (a\,\,b) par le tenseur métrique covariant, et cela revient à écrire

(l\,\,m)G\begin{pmatrix}l\\m\end{pmatrix}=(a\,\,b)g\begin{pmatrix}a\\b\end{pmatrix},

et comme cette relation doit avoir lieu pour tout choix de vecteur tangent de coordonnées a,b, cela revient à demander l'identité matricielle gGg = g, qui revient à imposer que la matrice du tenseur G soit l'inverse de la matrice du tenseur g.

Une fois G ainsi défini, on vérifie immédiatement que le changement de carte est donné par

G=D\phi^{\mathsf{T}}\Gamma D\phi.

L'élément de volume peut être, lui aussi, déduit du contexte euclidien. Il suffit de poser

\ell=\left|\frac{\partial r}{\partial u}\times\frac{\partial r}{\partial v}\right|,

en notant \times le produit vectoriel ordinaire.

On peut définir un tenseur de n'importe quelle variance sur la surface S. Par exemple un tenseur deux fois covariant et une fois contravariant sur S sera en chaque point de S une application trilinéaire du produit de l'espace tangent par deux copies de l'espace cotangent dans \R . Notons la base de l'espace tangent r_1=\partial r/\partial u,\quad r_2=\partial r/\partial v et définissons une base de l'espace cotangent par ri(rj) = δij.

A ce moment-là, un tenseur T une fois contravariant et deux fois covariant est défini par son action sur tout triplet ri,rj,rk, donc par le tableau de nombres

T_k^{ij}=T(r_k,r^i,r^j)

et la formule du changement de cartes peut être écrite

\Theta_k^{ij}= T_l^{mn}\frac{\partial x_m}{\partial \xi_i}\frac{\partial x_n}{\partial \xi_j}\frac{\partial \xi_k}{\partial x_l},

en utilisant la convention de sommation des indices répétés, c'est-à-dire en sommant dans le deuxième membre par rapport à l,m et n.

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