Sa position géographique en fait un lieu fortifié depuis la haute Antiquité qui résista, tout au long de l’Histoire, aux invasions et aux guerres qui ensanglantèrent la Provence.
Gourdon et sa forteresse furent jusqu’en 1235 possessions des comtes de Provence, avant de passer à la famille de Grasse-Bar, puis par mariage aux Villeneuve-Flayosc, pour aboutir en 1550 aux Borriglione d’Aspremont qui vendront la seigneurie le 24 mars 1597 à Louis de Lombard, un opulent avocat de Grasse. Les Lombard héritent du titre de marquis de Montauroux, suite à un mariage en 1672.
Du temps des Sarrasins à celui de la reine Jeanne et des bandes de Raimond de Turenne, les habitants de Gourdon, à chaque épreuve, résisteront et dompteront les assauts de leurs adversaires : les Sardes, l'armée de Charles Quint viendront buter sur leur résistance opiniâtre.
Longtemps désertique, ce ne fut que le « site de Gordo », qui deviendra « Gordon » et enfin Gourdon. Un œil d’aigle surveillant les gorges du Loup, la terre jusqu’à la mer.
Les Barbares s’y installent puis viennent les rois francs. Le « Nid d’aigle » devient un refuge pour les paysans de la vallée. L’abri naturel se fait place forte. Nous ne sommes qu’au IXe siècle. Mais déjà trois siècles avant que Paris ne pose la première pierre du Louvre, le château de Gourdon existe. Certes différent de ce qu’il est aujourd’hui mais les fondations sont toujours là, scellées dans le roc, témoins d’un passé vieux de mille ans.
À partir de là le destin de Gourdon est d’être sentinelle en armes, surveillant l’horizon de la mer, contrôlant les troupes en convoi. Place avancée de la France face à la maison de Vintimille, futur Comté de Nice mais terre alors étrangère et hostile.
Et cela au point qu’au XIIe siècle, les comtes de Provence, pour muscler leur frontière, dessinent là les plans d’une vraie forteresse.
Au rez-de-chaussée, de grandes salles ainsi que des cheminées en marbre. Toutes ces salles sont voûtées.
XIIe siècle. Avec son plafond voûté et sa cheminée de pierre monumentale, cette pièce est à l’origine la salle d’armes avant de devenir, pavée de larges et somptueuses dalles d’ardoises, la salle à manger des maîtres de Gourdon. Le mobilier et les armes datent des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Face à la cheminée datant du XIVe ou du XVe siècle, un seigneur de Gourdon veille toujours sur les lieux depuis son cadre où Mathieu le nain l’immortalisa en 1640. Vis-à-vis de cette même cheminée, une cotte de maille complète, y compris une paire de gantelets, chaque anneau rivé au grain d'orge. Dans la ferronnerie de la porte donnant sur la terrasse d’honneur, on peut retrouver la marque de Louis de Lombard .
Contre le mur donnant sur le parc, les ancêtres des pièces d'artillerie de forteresse, un casque de sapeur mineur pesant plusieurs kilos et une capeline de la cavalerie hongroise (1680). Dans le fond une porte donne accès à une petite pièce carrée.
Au centre une ouverture donne sur les sous-sols, ici sur la prison du château ; c'est la seule ouverture laissant passer le soleil dans la geôle.
On peut remarquer des niches au plafond. Ouvert au grand soleil du midi, ce salon permet d'observer une décoration de petits chapiteaux en trompe-l'œil des murs et de la voûte. Décoration qui, lors d'une restauration, fut retrouvée dissimulée sous plus de 10 couches successives de peinture. On voit là aussi, entre autres, des pièces de mobilier, dont le précieux secrétaire de Marie-Antoinette, une table à jeux marquetée avec son échiquier d'ivoire et d'ébène. Parmi les tableaux accrochés : un Louis XIV devant le siège de Douai (1667) peint par Van Der Meulen, un portrait de gentilhomme d'Antoine Rivalz (peintre français natif de Toulouse), un portrait du Roi Soleil côtoyant une tapisserie d'Aubusson du XVIe siècle. Au plafond, une paire d'anges Louis XIV en bois sculpté et un lustre hollandais à deux niveaux, en bronze argenté.
XIIe siècle. Même décor que celui qui abritait les hommes d’armes veillant sur le château dans la France troublée du Moyen Âge. Avec, entre autres, un dallage de pierres polies par les siècles. Sont exposées là des armes persanes : rondache, casque et haches d’armes du XVIIe siècle présentant des gravures diverses et, en damasquinage à l'argent, des personnages mythiques de la Perse. On y trouve également des armes de piétons utilisées par les paysans et à double vocation : la culture et la guerre. Aux râteliers, des armes afghanes, généralement négociées auprès des émissaires de l'Empire britannique par les tribus guerrières. Trônent enfin un "Savonarole" et un précieux coffre de mariage en noyer sculpté de l'époque Renaissance, originaire d'Auvergne. Sur la cheminée dans la salle des gardes, le blason aux deux clés, celui de la ville de Cluny. Le sol d’origine date du XIIe siècle.
Ancienne salle à manger des seigneurs de Gourdon (ce qui explique la présence d'une cheminée), cette pièce ne devint qu'ultérieurement le lieu de culte consacré du château, en place de la précédente chapelle qui, elle, se trouvait dans le vestibule d'armes du rez-de-chaussée. La chapelle se trouvait au premier étage jusqu’en 1793, époque où les Gourdonnais prennent d’assaut le château et ont démoli la chapelle du premier étage.
On observe, derrière l'autel, un Saint-Mathieu de l'École toscane du XVIe siècle. On remarque également une paire de pénitents porte-cierge et de chérubins de la fin du XVIIe siècle. À gauche, une Sainte-Cène de Louis Silvestre est une esquisse pour l'œuvre décorant la chapelle de Versailles. La chapelle est également décodée de peintures des Écoles flamande et italienne, de bois sculptés polychromes dont un Saint-Sébastien du Greco et aussi, Saint-Yves, Saint-Benoît, Saint-Joseph, Saint-Antoine. Le plafond est marqué de niches dont les contours sont renforcés par des trompe-l’œil.
Au sous sol, la cuisine avec un grand âtre.