Ce processus se manifeste donc par une perméabilité des parois, voire une disparition des parois étanches qui existaient entre des techniques ou des disciplines, des secteurs d’activité autrefois étrangers les uns aux autres.
La manifestation la plus ancienne de ce phénomène de convergence, non dénommée à ce moment-là, est celle du transfert de stockage d’information sur papier (information écrite manuellement ou dactylographiée) vers un stockage sur support numérique informatisé. Dans ce cas, la convergence numérique se confond avec un des phénomènes à la base de l’informatique. Un exemple marquant plus récent est celui de la disparition de la paroi existant entre le réseau informatique (familièrement appelé le monde IP) et le réseau de la voix (téléphonie filaire ou radio GSM). Dans ce domaine, la « Voix sur IP » ou VoIP, met en œuvre des protocoles (principalement le Protocole Internet, l’IP, comme le nom l’indique) permettant le transport de la voix numérisée sur tous types de réseaux informatiques, alors que ce transport était l’apanage exclusif des opérateurs téléphoniques sur des réseaux privés. Cette disparition de paroi est la conséquence parfois d’une stratégie industrielle délibérée, par exemple dans le cas du passage de la cassette vidéo au format propriétaire pour l’enregistrement des films au format banalisé du CD-Rom/DVD-Rom/Fichier AVI ou équivalent. Ce phénomène a été largement initié par les teneurs du marché (Sony, Philips), désireux de vendre des lecteurs de CD-Rom après avoir vendu des magnétoscopes.
Dans d’autres cas, les acteurs industriels en place ont freiné le mouvement autant que faire se peut, comme dans le cas de la photographie numérique, parce que les profits du marché reposaient plus sur les consommables (les pellicules argentiques) que sur les matériels vendus comme les boîtiers d’appareils photos. Aujourd’hui, alors que le mouvement fait ressentir la pleine puissance de ses impacts, les acteurs historiques comme Kodak sont en grande difficulté, tandis que d’autres ont carrément fait faillite (Fuji, principalement actif dans les tirages papier de photographies argentiques). Et pour une part les opérateurs téléphoniques se retrouvent à véhiculer de l’image photographique, captée au moyen de téléphones portables, hybrides d’appareils photos. De plus en 2007, on assiste à la convergence des réseaux fixes et mobiles, permis par l'avènement du numérique; en effet on peut désormais utiliser un téléphone portable wi-fi connecté a un point d'accès wi-fi pour y effetuer ces appels au tarif internet, souvent gratuit.
La convergence numérique a bénéficié à l'usager :
Un exemple de cette augmentation d’utilité peut être pris dans le domaine des photos de vacances. Avant la convergence numérique, faire des photos de vacances était une opération lourde :
Après la convergence numérique, une photo de vacances c’est un déclic sur un téléphone hybride doté d’un appareil photo, un envoi sur un site de conservation des épreuves, ou en local sur mon ordinateur portable, la mise en ligne des photos sur mon blog. Le coût de cette opération est faible (au plus le coût du transfert de la photo via mon opérateur téléphonique), voire nul si j’ai emporté mon ordinateur portable en vacances, et que le transfert se fait via un protocole type Bluetooth, ou un lecteur de carte mémoire.
La convergence numérique s’accompagne d’une transformation tarifaire des services regroupés. Ces coûts évoluent vers des coûts fixes, et non plus des coûts variables : on passe d’une logique de « consommables » à une logique de « forfaits de consommation ».
Un effet de cette nouvelle structure de coût est une sous-utilisation des capacités à disposition, comme la vitesse du processeur, de la quantité de mémoire ou de la bande passante internet.
Que l’on ne s’y trompe pas : c’est un phénomène totalement nouveau que d’acheter un objet informatique, et que celui-ci soit 10 ou 100 fois surdimensionné pour l’usage qu'on compte en faire. Quand un tourneur achète un tour, ou une autre machine outil, celle-ci ne fait certainement pas tout ce dont il a besoin, et très certainement très peu de choses dont il n’a pas le besoin ou l’usage.
Une autre conséquence de ces surcapacités est la disparition des segments de marchés différentiés traditionnels entre marché industriel, marché professionnel et marché privé. cela rend la tâche des services marketing très complexe (ou terriblement simple, c’est selon) : le même produit va pour tout le monde, it fits them all comme disent les Américains.
Aujourd’hui une entreprise de 10 personnes utilise exactement les mêmes ressources informatiques qu’un particulier un peu averti : on connaît des sites web privés beaucoup plus élaborés que certains sites informatifs d’entreprise, une entreprise peut aisément héberger ses propres serveurs (web et courriel principalement), créer son VPN avec le même système d’exploitation que Monsieur Tout Le Monde (issu du monde libre ou de Microsoft). Elle utilisera pour ce faire un ou plusieurs ordinateurs qu’elle peut acheter dans la grande distribution, et relier ces informations au monde extérieur via la même connexion ADSL que monsieur tout le monde.