Un espace vectoriel topologique E est dit localement convexe s'il vérifie l'une des deux propriétés équivalentes suivantes :
Dans ce cas, la famille de semi-normes peut toujours être choisie filtrante.
Soient deux espaces localement convexes, dont les topologies sont respectivement définies par des familles de semi-normes (supposée filtrante) et (quelconque), et f une application du premier espace dans le second. La proposition suivante résulte des définitions.
Par exemple (en prenant et ), toutes les semi-normes appartenant à sont uniformément continues sur E (car 1-lipschitziennes). Une semi-norme q sur E est en fait uniformément continue ssi elle est continue en 0, ce qui équivaut à l'existence d'une semi-norme et d'une constante C>0 telles que . On en déduit un analogue pour les applications linéaires :
Proposition — Une application linéaire
est uniformément continue ssi elle est continue en 0, ce qui se traduit par :
.
Théorème — Pour qu'un espace localement convexe E défini par une famille de semi-normes soit séparé, il faut et il suffit que pour tout vecteur non nul il existe une semi-norme telle que .
En effet, un espace vectoriel topologique est séparé ssi l'intersection des voisinages de 0 est réduite au singleton {0}, autrement dit ssi pour tout vecteur v non nul, il existe un voisinage de 0 ne contenant pas v.
Un espace de Fréchet est un espace localement convexe qui est à la fois métrisable et complet au sens des espaces uniformes, ou plus simplement : un espace localement convexe complètement métrisable (c'est-à-dire dont la topologie est induite par une distance complète).
Théorème — Soit E un espace localement convexe séparé, dont la topologie est définie par une famille de semi-normes. Les conditions suivantes sont équivalentes :
On a clairement .
Soit une base de voisinages de 0. Chaque Vn contient une boule de la forme , où rn > 0 et pour une certaine partie finie . La topologie définie par la sous-famille dénombrable est évidemment moins fine que celle de E, mais également plus fine, par construction.
Soit une suite de semi-normes définissant la topologie de E. En posant on obtient une suite filtrante de semi-normes définissant la même topologie.
Soit une suite filtrante de semi-normes définissant la topologie de E ; posons pour tous
(C'est bien un max : le sup est atteint car la suite est positive et tend vers 0.) Les premier et troisième axiomes d'une distance (symétrie et inégalité triangulaire) sont clairement vérifiés, autrement dit d est un écart. Le deuxième (séparation) résultera du fait que d définit la topologie de E, qui est supposée séparée.
L'invariance par translation de cet écart est également immédiat ( ).
Il reste à montrer que la topologie définie par cet écart est identique à celle définie par la suite de semi-normes. Comme d est invariant par translation, il suffit de montrer que toute d-boule (ouverte) de centre 0 et de rayon positif contient une pn-boule de centre 0 et de rayon positif, et réciproquement. Autrement dit :
Pour que il suffit que . La suite de semi-normes étant filtrante, on peut trouver une semi-norme majorant toutes les semi-normes de cette famille finie Il suffit alors de poser .
Pour que il suffit que et On peut donc choisir
Remarquons qu'un espace vectoriel normé est un espace localement convexe métrisable (topologie définie par une seule semi-norme : la norme). Cependant la réciproque n'est pas vraie car si d est la distance définie ci-dessus, d(0,v) n'est en général pas une norme sur E.