Ce projet est typique du « socialisme municipal » avec une mise en application des principes de solidarité en société par un urbanisme opérationnel de cité ouvrière : le chauffage est collectif, les terrasses permettent de communiquer, les appartements petits sont aménagés avec le confort le plus moderne de l'époque (ascenseurs, eau chaude, cuisine électrique, gaine ménagère...). La construction est faite par des coopératives ouvrières (L'Avenir pour le gros œuvre et l'Union pour le second œuvre). Les locaux commerciaux font partie des immeubles, les abords constituent une zone de promenade et de chalandise aménagée d'arbres.
Dans ce secteur mité d'usines, de terrains vagues, de petites propriétés, le périmètre de l'opération est obtenu sans expropriations. Les parcelles qui ont été construites récemment sont maintenues. Les immeubles d'une dizaine d'étages sont donc édifiés à côté de petits pavillons.
Le choix a été posé d'une structure constructive de gratte-ciel inventée par les américains pour abriter une cité ouvrière d'environ 1500 logements et d'en faire le centre-ville. La commune de Villeurbanne n'a pas de problème de densité urbaine contrairement à Lyon pour certains de ses quartiers, toutefois Lyon refuse l'implantation d'édifices de très grande hauteur sur le modèle des États-Unis comme il en est question dans toute l'Europe urbaine dans la période d'entre-deux guerres. Cela permet à Villeurbanne de faire un choix qui la distingue en intégrant plusieurs fonctions, en n'oubliant pas que des cités H.B.M. sont aussi construites sur Lyon. (La cité des « États-Unis » de Tony Garnier est de même volume et de même population d'occupants mais elle est à édifices de 5 étages, elle est en zonage sélectif, elle est construite exactement à la même époque). C'est la première réalisation en Europe de bâtiments de cette hauteur, elle reste le point de mire de tous les spécialistes de l'époque car elle est construite en pleine crise économique, et les chantiers sont alors très rares. Villeurbanne est une cité industrielle, principalement peuplée par des ouvriers souvent originaires d'Italie ou d'Espagne. Le centre ville du Palais du Travail, de l'Hôtel de ville, de la nouvelle cité ouvrière pour familles donne la marque de la ville de Villeurbanne par rapport à Lyon.
Après avoir accueilli des migrants européens, Villeurbanne accueille des migrants immédiatement après les guerres d'indépendance d'Afrique du Nord et sur la durée sur le troisième tiers du XXe siècle, avec leur trois religions majeures. L'aspect mixité bien vécue des populations (selon leur religion, leur race, leur pays d'origine) est déclaré facteur des plus attrayants actuels de ce quartier.
L'intérêt de cette urbanisation particulière à ce quartier seul centre-ville constitué d'une cité se fait jour après l'urbanisme « tour-barre sur zone séparée» des années soixante qui l'avait étouffée. La réponse qu'avait apportée au même moment que les gratte-ciel de Villeurbanne la cité tour-barre de la Muette à Drancy (de Marcel Lods) a fait (apparemment) faillite. (La Muette a été détruite pour d'autres raisons que cet échec social, mais à cause de son symbole après la Seconde Guerre mondiale). Cette formulation des tours-barres existe à côté des centre-ville de Villeurbanne et de Lyon. Les bâtisseurs de symboles hauts concrétisés par des tours se sentent bridésdepuis des décennies en France par rapport au reste du monde. On retourne donc ausculter les prémices de cette forme de construction que ce soit les tenants des gratte-ciel modestes ou immenses, que ce soit les réticents de l'îlotage, en voyant là une architecture verticale réussie au moment où le logement est une exigence qui se traduit politiquement (tous les quartiers ne peuvent être un centre-ville).
Le quartier Gratte-ciel constitue le véritable centre-ville de Villeurbanne. De nombreux commerces se pressent sur l'axe central, constitué par l'avenue Henri Barbusse, et sur son extrémité Nord par le cours Emile Zola. Cette zone est recherchée actuellement et draine ses badauds acheteurs sur un grand périmètre d'immeubles collectifs alors que dans sa première période les pas de porte dans la cité des Gratte-Ciel ont peu été recherchés : L'hypermarché Carrefour situé à proximité a été un des premiers de cette génération de magasins à s'installer dans cette situation (et déclaré le plus rentable de France pour cette société période 1990, source L.S.A). Place Ch. Boursier à proximité un marché est disponible. Le commerce correspond à « l'achat d'impulsion » ordinaire dans des zones piétonnes. (Il faut citer, outre certaines marques nationales, la présence d'un des établissements du brasseur lyonnais, le Ninkasi).
« Est-ce là à proprement parler un effet de l'architecture, est-ce celui de l'urbanisme? » est la question que se posent semble-t-il les décideurs, au vu des nombreux travaux d'étude du quartier.