La construction débute en 1927, pour s'achever en 1934.
La zone à construire comporte déjà un immeuble abri de la technique très moderne et reflet du progrès : le central de téléphone de 1926 qui délimite le futur boulevard Henri-Barbusse face au futur hôtel de Ville. Une cité HBM (de J.-M. Pin architecte disciple de Tony Garnier) borde rue Michel-Servet au nord-ouest en 1926 aussi.
C'est l'architecte Môrice Leroux architecte autodidacte parisien qui est chargé de l'aménagement de la zone de 5 hectares dite des gratte-ciel autour de ce qui deviendra l'avenue Henri-Barbusse de 300 mètres de long et 28 mètres de large. L'ensemble est composé des immeubles d'habitation en quatre groupes (initialement) d'immeubles à terrasses, de l'hôtel de ville qui ferme en définitive l'avenue, du palais du Travail ( hygiène et culture pour le peuple ), d'un central téléphonique, d'une centrale de chauffage urbain et industriel. La perspective de l'avenue donne finalement sur l'hôtel de ville et son perron. L'espace donné aux piétons équilibre celui donné à la circulation automobile sur l'avenue.
Le palais qui reprend l'esprit véhiculé par la maison du Peuple est le tout premier sujet de concours qui fait apparaître Môrice Leroux. Le palais comporte un dispensaire, des douches, une piscine, des salles de réunion, un théâtre. La première pierre avait été posée en 1928 par Albert Thomas. Il est terminé en 1930. Le palais se substitue aux bains-douches initialement prévus. Le dispensaire est la première partie construite de tout l'ensemble bâtiments publics et habitations, elle est utilisée avant le reste. C'est un corps indépendant formant une aile du bâtiment qui au départ est une construction associative. La loterie et la vente de timbres a permis de trouver une partie des fonds nécessaires. La structure pour le corps principal du Palais abritant le théâtre et la piscine qui est dessous est en béton armé.
L'ensemble des immeubles d'habitation est à structure constructive métallique et remplissage en briques alvéolaires (ce n'est en fait pas le premier système de ce type dans la grande agglomération). Les gradins permettent de respecter le règlement municipal concernant les hauteurs d'immeubles. Seulement trois des groupes sont réalisés en définitive :
Les habitations comprennent les deux tours de 19 étages dernieres construites et trois groupes d'immeubles d'habitation, des barres de 9 à 11 étages découpées en redans (gradins) leur donnant des formes de tours accolées. Les immeubles ne sont pas formulés comme des ilots, mais fournissent une façade continue. Les circulations intérieures sont très soignées et monumentales, les corps des escaliers sont mis en valeur par des verrières selon la tendance moderne affirmée à l'époque. Les cheminées, contrairement aux autres édifices de l'époque ne sont plus indispensables et leur élimination permet d'utiliser pleinement la structure (facilité identique au chauffage électrique dans les immeubles ultérieurs).
La centrale de chauffage rue Verlaine est une des premières de France à brûler des ordures, celles des habitations, elle est mise en service en 1932. Elle dispose de circuits distincts chauffage urbain et chauffage industriel. Elle produit du mâchefer qui est utilisé dans la construction.
L'hôtel de Ville prévu sur le plan général de Môrice Leroux est conçu par Robert Giroud lauréat du concours. À l’origine, le projet devait réaliser la transition entre la place et l’avenue Barbusse par un portique, mais celui-ci est modifié par la municipalité et remplacé par un escalier. L’édifice arbore un beffroi surmontant la façade nord de ses 65 mètres de hauteur. Ce signal ne manquera pas d’être critiqué par certains qui y voient une allusion ostensible au style monumental qui est prôné en Union soviétique à cette même période. Les deux façades longitudinales affirment la structure porteuse externe constituée de piliers cannelés. Robert Giroud semble faire siennes les vues architecturales de Môrice Leroux à travers cette colonnade monumentale qui rappelle la façade prévue pour le Stadium où les deux architectes étaient associés).
La façade arrière de l'hôtel de ville donne sur une place dont le Palais du Travail est le pendant. Les deux autres côtés de la place prolongent les avenues bordées d’immeubles d’habitation. Elle comporte deux vastes bassins dont l’un a initialement servi de piscine découverte ainsi qu’une pergola en béton dans le style qu’affectionnait Tony Garnier.
La zone est découpée par la rue Anatole-France, qui n'est pas perpendiculaire à l’axe de développement qu’est l’avenue Henri-Barbusse ; aussi les immeubles de configuration très semblable ne sont-ils pas strictement identiques, mais suivent une continuité homogène.
L’entrée nord de ce quartier est ornée d’une sculpture de Pendariès, le Répit de l’agriculteur connue sous le raccourci deRépit. Le maire Lazare Goujon avait remarqué une œuvre de cet artiste à Paris dont il souhaita installé une copie pour sa ville. La pièce, plus grande que l’originale, est installée en 1932, avant l’achèvement des travaux.
La construction a été particulièrement médiatisée.